Corridors et logistique

Vallée de la Seine : un système logistique à valoriser

Le 7 février, une journée consacrée à la logistique en vallée de Seine a rassemblé politiques, élus et acteurs économiques autour de la logistique de ce système.

La vallée de la Seine a cet atout de réunir autour du fleuve l’ensemble des modes de transport et la région la plus peuplée de France, l’Ile de France. Du Havre à Montereau en passant par Rouen, Paris et une partie de l’Oise, c’es tout un sytsème logistique qui rassemble le maritime, le fluvial, le ferroviaire, le routier et l’aérien avec un des plus grands aéroports d’Europe, Charles de Gaulle. Un cluster maritimo-portuaire-terrestre qu’Haropa, le GIE regroupant les trois ports de la vallée, a su mettre en avant. En créant Haropa en 2012, le gouvernement de l’époque a doté le système logistique d’une marque. Le 15 novembre 2018, lors du Cimer, le premier Ministre, Édouard Philippe, a annoncé la fusion des trois établissements portuaires du Havre, Rouen et Paris dans un seul et même ensemble.

Catherine Rivoallon a été nommée préfiguratrice d’Haropa. ©PAP

Pour réaliser cette tâche, le Premier ministre a profité de cette journée pour nommer Catherine Rivoallon, actuelle présidente du conseil d’administration du Port autonome de Paris, au poste de préfiguratrice (voir notre article).

La journée du 7 février a vu nombre de personnalités politiques et économiques se succéder à la tribune. Tous ont appuyé de leur souhait de voir la vallée de la Seine devenir un système logistique de première importance. Du côté économique, Emmanuelle Saura, directrice régionale de Normandie de SNCF réseau, a montré que le ferroviaire avait toute son importance dans la logistique de cette vallée. « Nous avons réussi à mettre en place une logistique pour les déblais de chantiers entre Rouen et Dieppe », a expliqué la directrice régionale. C’est par l’anticipation et l’agilité de toutes les équipes que cette chaîne logistique s’est avérée une réussite.

Le conseiller institutionnel du groupe CMA CGM, Jacques Gérault, s’en est pris pour sa part, au terminal multimodal du Havre, géré par la LHTE (Le Havre Terminal Exploitation). Reprenant les dernières déclarations de Rodolphe Saadé, président du groupe maritime, en faveur du « chaînage entre maritime et terrestre », il a confirmé la volonté du troisième groupe mondial de la conteneurisation d’axer une partie de sa stratégie sur l’intermodalité. Pour le conseiller institutionnel du groupe CMA CGM, la LHTE ne fonctionne pas. « Nous sommes actionnaire de cette structure. Nous constatons un déficit annuel de 500 000 €. tous les terminaux maritimes ne sont pas reliés à cette plate-forme. Nous avons un an pour remettre les choses en ordre », s’est indigné Jacques Gérault. Il a appelé à une table ronde entre les autorités publiques et les acteurs locaux pour que soit posé sur la table les différents problèmes et trouver des solutions. « Il faut régler au mieux le coût de cet étranglement sous peine de voir disparaître la LHTE ». Un souci en vallée de Seine mais qui se décline aussi sur le Rhône avec Marseille.

Port 2000 un des poumons d ela logistique de la vallée de la Seine. © Le Havre Port

Pour Antoine Berbain, directeur général d’Haropa, la situation ‘nest pas aussi dramatique que le décrit le conseiller institutionnel du groupe CMA CGM. « Le passage par le terminal du Havre fonctionne bien même si le modèle économique est imparfait. Nous voulons intégrer le ferroviaire entre la plate-forme et les terminaux maritimes », a assuré Antoine Berbain. Le directeur général d’Haropa a confirmé que l’ensemble portuaire continue d’investir. Deux nouveaux postes à quai sont prévus sur les quais de Port 2000, le projet de chatière entre les bassins de Port 2000 et la Seine est en bonne voie, la fluidité du trafic s’améliore avec la mise en place d’un Cargo Community System sur l’ensemble de la chaîne logistique séquanienne.

Cluster logistique de la transition écologique

La logistique en vallée de Seine passe aussi par l’innovation. Alors que le groupe CMA CGM commande des navires qui utiliseront du GNL pour soutes. Ce sont neuf navires actuellement en commande et une option pour dix supplémentaires. Un investissement qui coûtera 2Md€. Demain les ports de la vallée de la Seine devront répondre à la demande de nouveaux carburants : le GNL pour les navires mais aussi l’hydrogène et le courant de quai pour les navires lors de leurs escales. Des besoins futurs sur lesquels Haropa travaille déjà. Il propose aux navires du courant de quai sur certains terminaux. « Nous travaillons avec EDF et le Syctom pour la production d’hydrogène verte », a continué Antoine Berbain. Pour le fluvial, l’hydrogène décarboné est une alternative du futur. Convertir des pousseurs à l’hydrogène est un projet qui devrait bientôt se concrétiser pour Michel Vanhaesbrouke d’EDF. « Cela permet d’aller au bout de l’intérêt du fluvial. Il nous faut construire des capacités de stockage d’hydrogène pour les opérateurs fluviaux mais aussi les autres modes de transport ». SNCF réseau s’implique aussi à donner au système logistique de la vallée de Seine une dimension écologique. Le groupe ferroviaire travaille actuellement à l’électrification du cercle Serqueux-Gisors qui permet d’éviter la région parisienne pour la desserte vers le sud de la France. Un projet qui sera dédié au fret. « Nous voulons rendre le fret ferroviaire plus performant et plus écologique », a soutenu Emmanuelle Saura. Le groupe a déjà investi 500M€ dans la régénération sur l’axe Seine.

Ainsi, au final de cette journée, la Vallée de Seine s’impose comme un véritable cluster logistique avec une dimension vers la transition écologique. La concrétisation de ces différents projets serait de voir le fleuve et le ferroviaire entrer pour 50% des pré et post acheminements. Au-delà de la volonté des acteurs économiques qui ne veulent pas mettre en péril la compétitivité de leurs entreprises, il appartient à l’État de prendre aussi ses responsabilités.