Corridors et logistique

Douanes : le laisser-passer du gouvernement

Le 20 mars, Gérald Darmanin, ministre de l’Action et des comptes publics, a demandé aux chefs de service d’éviter les contrôles inopinés. Pour les douaniers, ce nouvel ordre vient à l’encontre du rôle des douanes.

Dans un texte publié par le syndicat Unsa Douanes émanant de la direction générale des Douanes, « les contrôles de lutte contre la fraude (LCF) devront être réalisés par ciblage avec analyse de risque préalable, tout en assurant la fluidité du trafic. Les contrôles renforcés doivent être autorisés par le chef de service », indique la note aux directions régionales des douanes. Pour les différents syndicats de douaniers actuellement en mouvement par une grève du zéle, cette note de service équivaut à un laisser-passer général. Le syndicat s’inquiète, le 18 mars, de la volonté du gouvernement de voir le trafic s’écouler plutôt que de contrôler les allées et venues des personnes et des biens. Une première pierre jetée dans le jardin des douaniers. Une seconde a été dévoilée le 21 mars par l’Unsa Police. Les agents de police aurait reçu, « sur instruction du préfet de région, lorsqu’un équipage de fonctionnaires des douanes procède de sa propre initiative à un contrôle approfondi inopiné, il conviendra de prendre contact avec les agents afin de demander de procéder à la levée rapide de ce contrôle. Il conviendra également de relever les éléments d’identification de leur équipage ». Une note de service qui demande aux agents de police de mettre un terme à tous les contrôles inopinés des agents des douanes. Dans un tract daté du 21 mars, la CFDT Douanes s’inquiète de cette stratégie du gouvernement et de la direction des Douanes. « Au lieu d’écouter les revendications légitimes des agents, le ministre préfère mettre en danger les citoyens au nom de l’étouffement d’un mouvement social juste et historique en Douane. Ordonner aux douaniers de cesser tout contrôle est comparable à un ordre qui interdirait aux pompiers d’aller éteindre les incendies, aux policiers de pourchasser les criminels ou aux médecins du SAMU de secourir les personnes », indique le tract du syndicat.

Le 21 mars, l’intersyndicale des douaniers, regroupant la CFDT, l’Unsa, la CGT, la CFTC, Solidaires et FO, a écrit au directeur général des Douanes lui rappelant que le 17 mars les différentes fédérations syndicales ont proposé de nouvelles bases de négociation. Une contre-proposition après celle du gouvernement du 12 mars, qui est restée, selon l’intersyndicale, sans réponses. Elle dénonce l’arrivée sur les points de contrôle de forces de l’ordre, envenimant la situation. « Nous vous demandons très solennellement d’intervenir pour faire cesser ces pressions. Des traces indélébiles pourraient entacher les futures relations hiérarchiques si tel n’était pas le cas.Nous renouvelons par la présente notre volonté de pouvoir aller porter, dans une négociation,les revendications des douaniers et, dans l’attente, de revenir immédiatement à un climat plus serein, dans l’intérêt de la douane et des douaniers », demande l’intersyndicale.

Ni la direction générale des douanes ni le ministère n’a répondu au courrier des syndicats.