Politique

Logistique et ports : la politique fait le ménage

Le rapport de Eric Hémar et Patrick Daher « pour une chaîne logistique plus compétitive au service des entreprises et du développement durable », remis au premier ministre le 16 septembre, les deux rapporteurs proposent six mesures pour développer ce secteur sur le territoire. Dans le même temps, le gouvernement prépare une nouvelle politique portuaire. La combinaison entre ce rapport et la politique portuaire devra faire bon ménage.

Le 16 septembre, Eric Hémar, président de TLF, et Patrick Daher, président du groupe Daher, ont remis au premier ministre leur rapport sur l’ambition logistique de la France. Lancée en janvier 2019 par Bruno Lemaire, ministre de l’économie, Elisabeth Borne aujourd’hui ministre de la transition écologique et Agnès Pannier-Runacher, secrétaire d’État auprès du ministre de l’Économie et des Finances, la mission confiée à Eric Hémar et Patrick Daher a conclu sur six propositions pour développer la filière logistique en France. La première proposition vise à créer un point de contact unique aux frontières. Une première expérience en 2020 sera lancée au Havre et à Dunkerque avant d’être généralisée dans les autres ports d’entrée français. L’objectif de cette mesure vise à créer un point unique qui réceptionnera l’ensemble des documents nécessaires à l’importation ou l’exportation de produits et qui les répercutera aux administrations concernées. La deuxième mesure doit simplifier les procédures pour l’implantation d’entrepôts logistiques. Déjà, en 2017 une première refonte a été réalisée. Elle sera étendue aux installations de 300 000 à 900 000 m3 avec une surface au sol de 40 000 m2 maximum. Un décret en Conseil d’État est annoncé pour le début de 2020. La troisième proposition doit créer une plate-forme numérique ouverte à tous. « La plateforme vise à mettre en réseau l’ensemble de l’écosystème et à répondre aux besoins non satisfaits par les acteurs existants, en mettant à disposition de nouveaux services à valeur ajoutée », indique le rapport. Pénultième mesure, la réalisation d’un benchmark européen sur la réglementation en vigueur sur le transport routier. Si le droit européen prévoit un cadre juridique en matière sociale, les plafonds en matière de temps de travail dans le transport routier sont inférieurs en France que dans les autres pays. Une étude menée avec les ambassades françaises dans les autres pays européen au premier semestre 2020 devrait permettre de prévoir des mesures à prendre pour harmoniser le secteur routier français à la concurrence étrangère. Les deux rapporteurs proposent dans leur cinquième mesure une harmonisation du régime fiscal appliqué aux entrepôts. Déjà, trois mesures sont proposées dans le projet de Loi de finances pour 2020. Enfin, pour compléter ce chapelet, Eric Hémar et Patrick Daher proposent d’accompagner et de transformer l’emploi et les compétences. Un plan d’opération opérationnel est déjà en cours. Il vise à adapter l’offre de certification et de formation pour faciliter les passerelles entre les métiers. Ce plan doit permettre d’identifier au travers d’un banque numérique les besoins en compétences émergentes et, enfin, créer une plate-forme pour sécuriser les parcours professionnels des salariés.
Peu de temps après la remise de ce rapport, Nicolas Trift, sous-directeur des ports et du transport fluvial, est venu rappeler la stratégie portuaire du gouvernement actuellement en construction. « Les ports ont un rôle sur l’aménagement du territoire dans les chaînes logistiques. C’est une des conclusions que le rapport de Eric Hémar et Patrick Daher ont tiré de leur rapport », a indiqué le sous directeur. La nouvelle stratégie portuaire nationale doit prendre en compte les transformations numérique et énergétiques. Pour Nicolas Trift, la stratégie portuaire s’articulera autour de trois ambitions : faire du port un stratège pour la compétitivité commerciale, comme un catalyseur énergétique et un carrefour des flux d’information côté terre et côté mer.
Une politique portuaire qui aura la particularité d’évoluer au cours des années. « Chaque année, nous analyserons les évolutions économiques comme la Route de la Soie ou encore le Brexit pour s’adapter au plus près du monde économique. Nous voyons cette politique comme plus évolutive moins monolithique », nous a confié Nicolas Trift.
Que se passera-t-il en le rapport sur l’ambition logistique du pays et la nouvelle stratégie portuaire. Sans que les deux politiques aient des ambitions opposées, l’heure des choix pourrait faire évoluer à l abaisse certaines ambitions.