Prospectives

Route de la Soie : la Méditerranée au cœur du systéme chinois

Dans un article publié par Cairn, Éditions L’Harmattan, Paul Tourret,directeur de l’Isemar, propose des visions sur la stratégie chinoise des Nouvelles Routes de la Soie dans le contexte méditerranéen. En jouant un rôle de lien entre l’Europe du sud et l’Afrique du nord, la Méditerranée fait partie de la stratégie chinoise des Nouvelles Routes de la Soie.

Parler des Nouvelles Routes de la Soie (NRS) se limite parfois aux seules relations entre l’Asie et l’Europe par voie ferroviaire ou maritime. Or, en prenant position dans le port du Pirée avec Cosco, en signant des accords avec Trieste et Gênes, la Chine dévoile ses projets sur l’axe méditerranéen.
Pour Paul Tourret, directeur de l’Isemar, « le coeur des NRS, malgré leur nom, est plutôt maritime correspondant au grand élan commercial chinois. Il faut d’abord considérer la stratégie chinoise des NRS dans une perspective maritime et portuaire ». Une stratégie qui s’explique par les prises de participation dans les ports et l’ambition navale du groupe Cosco avec des commandes de navire.
L’article de Paul Tourret, paru dans Cairn Infos permet d’avoir une approche pratique de ces NRS par la Chine. Ainsi, la Chine reprend à son compte cet adage « si vous voulez devenir riche, construisez une route ». « La question centrale est une affaire d’infrastructures. On bute alors sur un problème conceptuel du point de vue européen qui empêche de considérer correctement les NRS. Bercés par les grands explorateurs et les mythiques liners transocéaniques, les Européens lisent dans « routes » un « mouvement ». De fait, les mouvements existent depuis bientôt 20 ans avec l’exportation massive des produits chinois, mais les NRS ne sont pas un autre nom de ce phénomène. Ce ne sont pas plus les lignes maritimes de Cosco ni même les trains transcontinentaux. Il faut partir du principe que les Chinois voient dans la NRS non pas des caravanes qui se déplacent, mais le commerce dans chaque caravansérail », continue Paul Tourret. Alors, les NRS sont avant tout une affaire d’infrastructures à construire ou à investir pour le gouvernement chinois.
Dans ce contexte économique mais où la géopolitique joue un rôle essentiel, le directeur de l’Isemar concentre une partie de son étude sur les prises de participation récentes de la Chine dans les ports méditerranéens mais aussi sur le « Made in China 2025 » qui pourrait être une délocalisation des industries à moindre coût de Chine vers d’autres pays comme l’Éthiopie. La Méditerranée va retrouver le rôle que les romains lui donnait : la mer au milieu des terres.