Ports

Amérique du Sud : la bataille de la logistique portuaire

En Amérique du Sud, la logistique portuaire connaît une évolution importante avec l’avancée des travaux du futur port de Cosco au Pérou, les investissements réalisés par les opérateurs portuaires et la volonté des gouvernements d’accroître leur place dans le concert international.

La filière portuaire en Amérique du Sud connaît des évolutions importantes ces dernières années. L’attribution par le gouvernement péruvien d’une concession au groupe chinois Cosco Ports pour la construction d’un méga port à 80 km au nord de la capitale du pays, Lima, pourrait avoir un effet « aspirateur » pour les flux de la côte ouest du continent. En effet, le projet de Chancay, nom de ce méga port, pourrait « attirer 50% des échanges entre l’Asie et l’Amérique du Sud », indique le site internet Emol. Les autorités péruviennes ambitionnent de faire de leur pays le futur centre logistique du Pacifique sud. Le premier terminal du port devrait être opérationnel au milieu de 2023. Il devrait s’agir dans un premier temps d’un terminal vraquier pour l’exportation de produits miniers de Volcan.

La crainte d’une feederisation

Face à ce projet portuaire, les responsables économiques chiliens s’inquiètent sur l’avenir de la filière de la logistique portuaire nationale. Miguel Vergara, président de la Liga Marítima de Chile, a publié une tribune dans le journal El Mercurio, dans ce sens. Il s’inquiète de voir le commerce extérieur chilien se limiter à des flux « feederiser » avec les ports de Chancay et Callao au Pérou.

Le projet de Puerto Exterior prend du temps

Pour faire front à cette concurrence, le Chili a décidé d’engager des travaux d’agrandissement de ses ports. Le principal projet portuaire chilien se situe dans le port de San Antonio, au centre du pays. Ce projet portuaire, appelé Puerto Exterior, doit offrir une capacité supplémentaire de 6 MEVP au pays. Le port pourra accueillir des navires jusqu’à 400 m de long. Les premiers coups de pioche sont attendus pour 2024 avec une durée de travaux de huit ans, soit en 2032. La procédure d’enquête publique a révélé de nombreuses oppositions notamment sur le volet environnemental de ce projet. Le 31 août, l’autorité portuaire de San Antonio a présenté de nouvelles orientations pour ce projet.

Ictsi équipe le terminal de Guayaquil

Le continent semble aujourd’hui être l’attention des opérateurs portuaires de renom. Outre Cosco Ports qui a posé un pied au Pérou au travers du projet de Chancay, les autres opérateurs avancent leurs pions en améliorant au mieux les capacités des ports. Ainsi, en Équateur, l’opérateur du terminal de Guyaquil, Ictsi a investi dans de nouveaux portiques pour améliorer la productivité du terminal le 16 août. Capable de traiter des navires avec 24 rangées de conteneurs et disposant d’une hauteur de 48 m sous spreader, ces portiques seront montés au cours des prochaines semaines pour être opérationnels dès le début de 2023. Ces nouveaux engins de manutention permettront au Terminal Portuario de Guyaquil de confirmer sa position dans le commerce extérieur équatorien. Il traite aujourd’hui 40% des échanges du pays.

Manta s’assure un chenal à 14 m

En Équateur, l’ajout de ces portiques dans le port de Guyaquil va devoir faire front à la concurrence avec le port de Manta. En effet, Agunsa, concessionnaire du terminal à conteneurs du port de Manta, a investi dans le dragage du chenal d’accès et du terminal. L’objectif de ces travaux est de disposer d’une profondeur de 14 m sur l’ensemble du port et du terminal pour y recevoir des navires de plus grande taille.

Conserver des liaisons directes

Au travers de cette course, les ports de la côte ouest de l’Amérique du Sud se livrent une bataille pour ne pas perdre leurs relations directes avec les grands marchés internationaux que sont l’Asie, l’Amérique du Nord et l’Europe. La mise en chantier du projet de Chancay pourrait redessiner le paysage portuaire local et « feederiser » bon nombre de ports de cette façade.