Corridors et logistique

Automobile : une stratégie d’intégration pour éviter les perturbations logistiques

Une étude de ECG Business Intelligence met en lumière la tendance vers une intégration entre constructeurs et logisticiens dans le secteur de l’automobile.

L’ECG Business Intelligence a indiqué dans une étude publiée au mois de juin la nécessité pour les constructeurs automobiles et les logisticiens spécialisés de prévoir des stratégies à court et long terme face aux perturbations logistiques.

Produire en priorité des véhicules à forte valeur ajoutée

Le service de recherche de l’ECG explique que dans un terme proche la priorité doit être donné dans la production de véhicules à forte valeur ajoutée avec des marges importantes. Sur un plus long terme, ECG préconise une stratégie d’une intégration semi-verticale. Il s’agit de créer entre constructeur et fournisseurs logistiques des accords pouvant aller jusqu’à la création d’une co-entreprise entre les deux partenaires.

Une rationalisation des opérations logistiques

Cette intégration verticale vise à rationaliser les opérations logistiques en intégrant les chaînes d’approvisionnement pour réduire les délais de livraison et de transport et permettre d’améliorer l’efficacité dans la production. Pour éviter de nouvelles perturbations dans les circuits de production, les constructeurs procèdent actuellement à des intégrations verticales.

Intégrations totales ou partielles

Ces intégrations se réalisent sous différentes formes. Elles peuvent être totales en fusionnant les fournisseurs logistiques au sein des structures des constructeurs. Elles sont aussi d’un degré moindre en créant des structures ad hoc. Cependant, ces intégrations verticales entrainent des coûts plus élevés dans les chaînes logistiques. Leur avantage est surtout de réduire les risques en cas de perturbations.

Tesla achète son nickel et son cobalt

Les intégrations se réalisent à différents niveaux de la production. Ainsi, Tesla a signé un contrat avec le minier Vale pour fournir du nickel de qualité. Le patron de Tesla, Elon Musk a fait le déplacement en Indonésie pour rencontrer le président de la République avec, dans ses valises, un contrat pour l’approvisionnement en nickel. L’Indonésie a été le principal producteur du nickel en 2021 avec 1 Mt.

VW réalise ses propres éléments de batteries

Dans le même ordre d’idée, le groupe VW a signé un accord avec Huayou Cobalt et Tsingshan pour disposer de nickel et de cobalt. Un second accord est en cours pour le raffinage de cobalt et de nickel en Chine pour créer des éléments de batteries pour ses voitures. Des accords qui permettront de réduire de l’ordre de 30% à 50% le coût par batterie.

Semi-conducteurs : créer des usines locales

S’agissant des semi-conducteurs, Bosch investi 1Md€ dans une usine de montage à Dresde. Dans le même temps, aux États-Unis, Ford a annoncé l’ouverture prochaine d’une usine de semi-conducteurs pour le marché américain. « Cet accord est le début de notre stratégie d’intégration verticale dans les technologies pour nous différencier dans le futur », a déclaré Jim Farley, président de Ford. BMW emprunte la même route en s’alliant avec Inova pour la fourniture de semi-conducteurs. Pour le président du constructeur allemand, cet accord permettra d’assurer la fourniture des éléments nécessaires à la production.

Volvo et Skoda créent des usines en Europe

Et ces intégrations verticales se réalisent aussi pour les batteries des véhicules. Volvo Truck a ouvert sa propre chaîne de production de batteries à Gand, en Belgique. Elle fournira les batteries des camions Volvo 100% électriques. Pour Skoda, constructeur suédois, l’usine de batteries est construite en République tchèque. Outre Atlantique, GM a négocié avec LG Energy, la création d’une usine de fabrication de batteries dans le Michigan. Une unité de production qui est née d’une co-entreprise entre le constructeur automobile et le fabricant de batteries.

Et si demain les constructeurs intégraient la logistique ?

Cette tendance dans la logistique de production des constructeurs automobiles permet d’assurer une production en s’alimentant « dans des circuits courts et plus sûrs ». Il reste que la logistique devra aussi s’adapter face à ces nouveaux schémas logistiques. La question se pose de savoir si demain, l’intégration d’un logisticien chez un constructeur automobile sera envisagée. La CAT, aujourd’hui indépendante, ou encore Gefco, ont toutes les deux étés des filiales de groupes automobiles avant de prendre leur envol seules.