Cargos à voiles : Neoline change d’actionnariat et de gréement
Neoline a annoncé son changement d’actionnaire en raison du départ d’un des participants au projet. L’armement a aussi changé sa stratégie pour la construction de ses voiles. Nous reprenons, ci-dessous, un article de Mer et Marine.
La compagnie nantaise Neoline, qui veut développer des liaisons transatlantiques de transport de fret beaucoup moins polluantes grâce à des cargos à voiles, annonce deux évolutions majeures dans son projet.
Sogestran quitte l’aventure, un nouvel armateur sur les rangs
Neoline va changer d’actionnaire industriel de référence. Le groupe Sogestran, qui avait pris en 2020 environ 15% du capital de la société (le reste étant détenu par ses fondateurs) a décidé de se désengager. Heureusement pour Neoline, qui doit impérativement disposer d’un partenaire industriel pour assurer le financement de son premier navire, des discussions avec d’autres armateurs ont suscité de l’intérêt. L’un d’eux a signé une lettre d’intention en vue de remplacer Sogestran au capital de Neoline et soutenir l’aboutissement du projet. Mais tant que l’opération n’est pas bouclée, le nom de ce nouveau partenaire n’est pas annoncé.
Un système développé par les chantiers de l’Atlantique
Ensuite au niveau du navire, le gréement d’origine, qui avait été développé avec le cabinet d’architecture Mer Forte, est remplacé par le système AeolDrive/Solidsail développé par les Chantiers de l’Atlantique. « Depuis que nous avons commencé les études, les technologies ont évolué, le secteur a progressé, conduit de la recherche et testé des concepts. C’est le cas des Chantiers de l’Atlantique dont le système est en train d’être testé et dont les résultats sont convaincants », explique-t-on chez Neoline à Mer et Marine. C’est fin 2021 que la compagnie s’est en réalité décidée à changer de gréement, ce qui a nécessité de reprendre une partie des études du navire avec Mauric, qui en a conçu les plans, et Neopolia choisi pour sa réalisation.
Remplacer le modèle initial par quatre mâts
Le modèle initial était en effet basé sur quatre mâts latéraux basculants reliés en paires, qu’il a fallu remplacer par deux mâts plus importants en position centrale, toujours pivotants pour passer sous les ponts mais avec un problème à lever : faire en sorte que ces mâts ne soient pas traversants pour ne pas gêner la circulation dans le pont garage situé en dessous. Une solution a été trouvée grâce à l’intégration de deux poutres transversales sur lesquelles seront intégrées les bases des mâts AeolDrive, dont chacun pèse avec son gréement Solidsail quelques 200 t.
Une voilure de 3000 m2
Une structure suffisamment robuste pour supporter une telle masse et, surtout, les contraintes mécaniques engendrées par le vent et les mouvements du navire. Les deux mâts, pivotants, culmineront à 76 mètres de haut et disposeront chacun d’une voile à panneaux rigides d’une surface de 1100 m², ainsi qu’un foc souple de 400 m². La surface totale de la voilure sera donc de 3000 m², avec d’après Neoline une performance équivalente, selon les calculs obtenus, aux 4200 m² de voiles souples du gréement d’origine.
L’objectif de la mise en chantier du premier navire renvoyée à l’automne
Cette problématique capitalistique contribue au nouveau retard pris par le projet, qui a déjà connu plusieurs glissements depuis la création de Neoline en 2015. S’y ajoutent les modifications techniques et un contexte international compliqué actuellement, notamment sur le marché des matières premières, dont le prix à explosé, renchérissant de facto les coûts de production des chantiers navals. Neoline a pour mémoire choisi le groupement d’entreprises ligérienne Neopolia pour la réalisation de ses bateaux, dont les coques devaient être produites en Turquie et armées à Saint-Nazaire.
Le partenariat avec Neopolia pas remis en cause
À ce stade, le partenariat avec Neopolia n’est pas remis en cause, mais il faut évidemment que le groupement reconfirme son offre. Quant au montage industriel final, il dépendra évidemment de l’évolution du projet dans les mois à venir, sur le plan capitalistique comme financier. De ce fait, Neoline, qui avait prévu de commander son premier cargo en début d’année, a décidé de repousser son objectif de mise en chantier du navire à l’automne 2022, en vue d’une mise en service à l’horizon 2024/2025. L’objectif est toujours d’exploiter ce cargo entre Saint-Nazaire, Saint-Pierre-et-Miquelon, Halifax et Baltimore, pour une rotation en 28 jours en naviguant majoritairement à la voile.
Le Neoliner, un cargo de 136 mètres capable de transporter 5000 t de fret
Long de 136 mètres pour une largeur de 24,2 mètres, le Neoliner sera immatriculé au Registre International Français (RIF), avec pour l’armer 14 membres d’équipage, dont un état-major « 100% français » de 5 officiers. Le cargo pourra aussi embarquer jusqu’à 12 passagers, logés dans 6 cabines doubles. Il a été spécialement imaginé pour pouvoir transporter des colis lourds et chargements hors gabarit, qui ne peuvent embarquer sur des navires traditionnels. Affichant un port en lourd de 6300 tonnes, le navire pourra transporter 5000 tonnes de fret, notamment du matériel roulant ou cargaisons sur traines et remorques, ainsi que 280 conteneurs de 20 pieds (EVP). Le Neoliner aura une grande rampe à l’arrière et deux zones de chargement couvertes : le garage principal de 2236 m², long de 121 mètres pour une largeur de 21 mètres et une hauteur allant jusqu’à 9.8 mètres ; ainsi que le garage inférieur de 81.6 mètres de long, 14.6 mètres de large et 5.3 mètres de haut, avec une surface de 1200 m². Grâce à sa propulsion vélique, complétée par une propulsion traditionnelle (un diesel-générateur de 3200 kW et un moteur électrique de propulsion de 900 kW) en cas d’absence de vent, le Neoliner dont permettre de réduire de 90% la consommation en carburant par rapport un cargo traditionnel, soit autant d’émission de gaz à effet de serre en moins.