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Conflit Ukraine/Russie : la Cnuced analyse les effets du conflit

Une étude de la Cnuced, publiée le 16 mars, revient sur les effets du conflit entre l’Ukraine et la Russie pour les pays en développement. Chiffres à l’appui, le document explique la dépendance de ces pays aux ressources des deux belligérants.

Le conflit entre l’Ukraine et la Russie a entraîné des sanctions lourdes des pays occidentaux sur les échanges de la Russie. Quant à l’Ukraine, la fermeture des ports de la mer Noire empêche les exportations de ses ressources, principalement des produits agroalimentaires. Dans ce contexte, les dernières analyses de FranceAgriMer indiquent que, pour la campagne céréalière actuelle, les besoins devraient être couverts.

La capacité de l’Ukraine à semer

Les principales questions se posent pour le futur. D’une part, les sanctions contre la Russie vont limiter la présence de ce pays sur les marchés internationaux. D’autre part, le conflit sur le territoire ukrainien interroge les observateurs sur la capacité du pays à semer et à récolter en juin. Selon différentes sources, l’Ukraine aurait semé environ 30% de ses terres. Un chiffre qu’il faudra affiner dans le temps avec la capacité humaine à traiter les semis et les ressources en engrais.

Les effets des 2F

Ce conflit a aussi des effets sur les hydrocarbures, gaz et pétrole en provenance de Russie. L’absence des exportations depuis la Russie a aussitôt pesé sur le prix de ces matières premières. Dans son étude sur les effets du conflit, la Cnuced rappelle que les deux principales commodités concernées par ce conflit sont les « 2F » (Food and Fuels).

Pétrole, gaz, blé et orge

Concernant le pétrole, la Russie exporte en moyenne 5 M de barils par jour. Elle est le second exportateur mondial. Le pays est aussi largement présent dans les échanges de produits chimiques, notamment les engrais, le bois, les produits métallurgiques et le gaz. La Cnuced rappelle aussi que Moscou traite 53% des échanges d’huile de tournesol 27% du blé et 23% des orges dans le monde.

La Turquie dépend à 25% des deux pays

Cette présence importante de la Russie sur les échanges des produits agroalimentaires se conjugue avec celle de l’Ukraine qui joue un rôle majeur dans les flux de blé, maïs et orge dans le monde. Dans son étude, la Cnuced indique que la Chine dépend à 23% des importations de blé, orge, maïs et tournesol depuis l’Ukraine et la Russie. Une proportion qui s’élève à 25% pour la Turquie dont 22% des produits agroalimentaires importés proviennent de Russie.

L’Afrique plus dépendante

Cette dépendance des produits agroalimentaires russes et ukrainiens est encore plus marquante en Afrique. Selon les données de l’étude de la Cnuced, 32% du blé importé en Afrique est originaire de Russie et 12% d’Ukraine pour les pays du continent. Et ce chiffre s’élève à 39% quand on prend les pays les moins développés du continent. À titre d’exemple, la Somalie et le Bénin importent 100% de leur blé depuis les deux pays en conflit. L’Égypte dépend à plus de 80% de ses importations de blé depuis les deux pays, le Soudan est à 75% et la RDC à 66%.

L’Afrique n’a pas les moyens de compenser l’absence de l’Ukraine et la Russie

Ces données démontrent des risques de famine si le conflit devait durer dans le temps. L’approvisionnement des pays d’Afrique serait alors un enjeu de sécurité alimentaire et de risques de conflit lié à la hausse du prix des produits de première nécessité. Le développement du commerce intra-africain pour pallier l’absence de la Russie et de l’Ukraine sur les marchés internationaux ne paraît guère envisageable. « L’offre en blé est faible sur le continent et il souffre d’un manque d’infrastructures de transport et de capacité de stockage efficaces, souligne l’étude de la Cnuced. Dans ce contexte et avec les changements climatiques, les restrictions d’exportation et la constitution de stocks dans certains pays, des crises peuvent survenir dans certaines régions, notamment si le coût des fertilisants et d’autres produits nécessitant des besoins importants en énergie devaient augmenter. »

La situation des ports de mer Noire

Cette crise aura des effets sur de nombreux secteurs économiques. Selon la Cnuced, cette crise en Ukraine peut avoir des répercussions sur les taux de fret des conteneurs, même si aujourd’hui aucune hausse n’a été enregistrée. Selon l’expert maritime de Upply, Jérôme de Ricqlès, la Russie pèse 5% des volumes. Dans sa dernière analyse, il ne considère pas que ce conflit puisse générer de nouvelles perturbations dans la conteneurisation. Il appelle néanmoins à regarder avec attention la situation des ports de Varna (Bulgarie) et de Constanta (Roumanie) en raison de la difficulté d’accès à la mer Noire.

Pétroliers: des taux de fret multiplié par 17

Le conflit a été ressenti sur le marché des pétroliers de petite capacité, essentiel pour les trafics en sortie de mer Noire, indique l’étude de la Cnuced. Entre le 18 février et le 25 février, les taux de fret de ces navires est passé de 10 000$/j à 170 000$/j. Des taux qui restent encore élevés à la mi-mars.