Conteneurs : la baisse des volumes n’affecte pas les résultats financiers
La baisse de volumes des échanges conteneurisés devient une réalité à fin septembre. Les principales routes est-ouest affichent des reculs. Une situation qui ne se répercute pas sur les résultats financiers des armements.
Avec 131,8 MEVP échangés dans le monde sur les neuf premiers mois, le volume du trafic conteneurisé accuse une baisse de 2, 3%, indique le consultant néerlandais Dynamar dans sa newsletter du 11 novembre. Ces trafics se répartissent entre les échanges inter continentaux qui représentent 85,7 MEVP et les volumes intrarégionaux qui entrent pour 46,09 MEVP. Les trafics intercontinentaux ont enregistré, pour leur part, une croissance de 0,1%.
La liaison Asie-Europe perd 3%
La principale route maritime reste celle reliant l’Europe et l’Asie. Les exportations d’Asie ont perdu au cours des neuf premiers mois une baisse de 3% à 42,5 MEVP. Ces liaisons représentent 50% des flux conteneurisés exports. D’un autre côté, les conteneurs importés en Asie ont perdu 7,7% sur les trois trimestres à 15,4 MEVP. Les principales baisses sont à mettre au passif des exportations européennes. Elles ont perdu 6,4% à 15,6 MEVP. L’Amérique du Nord vient ensuite avec une diminution de 5,4% des exportations à 10,1 MEVP. Du côté des importations, les principales baisses reviennent à l’Asie avec une baisse de 7,7% ainsi qu’à l’Europe qui perd 5% à 18,6 MEVP.
Une progression pour les exportations africaines
A contrario, les seules liaisons qui affichent une progression sur ces neuf premiers mois sont celles à l’exportation depuis l’Afrique sub-saharienne. En effet, avec 2,4 MEVP, les exportations depuis cette région ont gagné 2,5% de janvier à septembre. Les pays du sud du continent africain ont vu leurs exportations gagner des points quand, les importations se réduisent à 5,4 MEVP, soit une baisse de 2,3%.
La baisse des volumes transportés
Ces différents éléments se retrouvent déclinés dans les rapports financiers à fin septembre des armements. Ainsi, les volumes transportés consolidés sur les neuf premiers mois de l’année sont en baisse. Du côté du groupe CMA CGM, la diminution est sensible avec une diminution de 0,1% à 16,59 MEVP. Le groupe Mærsk s’affiche dans la même veine avec une baisse de 7,2% à 18,2 MEVP. Quant à l’armement israélien ZIM, il perd 2,5% de son volume à 2,5 MEVP sur la période. Des chiffres qui sont en adéquation avec les tendances des échanges internationaux conteneurisés. Il faut se tourner vers l’Allemagne et son armement Hapag Lloyd pour constater une progression dans les volumes transportés. En effet, le groupe de Hambourg affiche une hausse de ses trafics de 0,1% à 8,9 MEVP. Une augmentation qui tient principalement à l’acquisition de Nile Dutch et de Deutsche Afrika Linie qui ont compensé les pertes sur les routes est-ouest.
Les chiffres d’affaires ont progressé sur neuf mois
Cette baisse de volumes n’a pas atteint les revenus et les résultats opérationnels (Ebitda) des armateurs. Ainsi, les chiffres d’affaires des différents armateurs enregistrent des progressions d’environ 50%. Une progression sur neuf mois qui ne doit pas cacher les nouvelles tendances. Effectivement, les chiffres du troisième trimestre de 2022 restent inférieurs à ceux du trimestre précédent de 2022.
Les revenus par EVP augmentent
Face à la baisse des volumes, les armateurs ont profité de taux de fret toujours élevés sur les neuf premiers mois. Ils peuvent alors afficher des chiffres d’affaires en progression. Les rapports trimestriels des armateurs font état d’une augmentation du revenu par EVP à l’image de Mærsk qui annonce une progression de 57,4% à 4868$/40’ sur les trois premiers trimestres. La même tendance apparaît dans le rapport de Hapag Lloyd avec une hausse de 61,6% à 2938$/EVP ou encore de ZIM dont le revenu par EVP augmente de 43,4% à 3600$/EVP.
L’Ebitda des armateurs a souffert de la hausse des soutes
À la progression du chiffre d’affaires des armateurs, celle des résultats opérationnels (Ebitda) suit la même tendance de progression. Une hausse qui tient surtout aux taux de fret élevés au cours de ces trois premiers trimestres. La progression de l’Ebitda des différents armements s’établit entre 55% et 130% selon les armateurs. Cette augmentation a malgré tout été partiellement effacée par la hausse du prix des soutes qui ont progressé, selon le rapport de Mærsk de 69% cette année. Les coûts de manutention ont suivi le mouvement avec une progression de 41%.
Des perspectives pessimistes
Les perspectives sur la fin de l’année ne laissent pas présager un retour à des niveaux aussi élevés qu’en début d’année. Selon les dernières estimations réalisées par Sea Intelligence, la reprise des échanges conteneurisés ne devrait pas avoir lieu avant la fin du Nouvel an chinois 2023. Pour Clarkson, la baisse des taux de fret, engagée depuis l’été 2022, pourrait continuer sur toute l’année 2023. Des prévisions pessimistes qui devraient malgré tout permettre de retrouver une métronomisation des services et résorber les embouteillages dans les ports.