Ports

États-Unis : premier arrêt des négociations des ports de la côte ouest

Les négociations entre les partenaires sociaux des ports de la côte ouest des États-Unis, commencées le 10 mai, connaissent leur première anicroche. Des discussions qui devront aborder l’épineux sujet de l’automatisation des terminaux de la côte ouest.

Commencées le 10 mai, les négociations entre l’ILWU (International Longshore and Warehouse Union), représentant les syndicats des dockers, et la Pacific Maritime Association (PMA), représentant la partie patronale, vivent leur première pause. Le 23 mai, le Journal of Commerce a annoncé une demande de pause dans ces négociations par la partie syndicale.

Deux prières par jours

Tant sur le site d’ILWU que de la PMA, cette annonce n’est pas confirmée. À ce jour, la suspension des discussions entre les partenaires sociaux n’a pas d’impact sur l’activité portuaire. Pourtant, la presse américaine se fait l’écho de craintes de la part de certains importateurs. Un des responsables de Mattel a déclaré « prier deux fois par jour pour que les marchandises arrivent ».

Première porte d’entrée des flux depuis l’Asie

Les négociations entre les deux partenaires sociaux des ports de la côte ouest interviennent tous les quatre ans. L’occasion d’aborder les sujets sociaux du moment. La dernière négociation s’est terminée avec quelques semaines de décalage mais a permis de négocier un accord sur huit ans. Localement ces négociations sont majeures puisque les ports de l’ouest du pays absorbent 40% des flux en provenance d’Asie.

Négocier un accord raisonnable

ILWU et PMA ont jusqu’au 1er juillet pour aboutir dans leurs discussions. Déjà, du côté de la PMA, le président a déclaré que ces négociations pourraient aller au-delà de la date limite sans que cela ne perturbe l’activité portuaire. Avant même le début des négociations, la sénatrice californienne, Dianne Feinstein, a appelé les deux parties à « négocier un accord raisonnable sans arrêt ou ralentissement d’activité dans les ports. Cela pourrait aggraver les perturbations logistiques actuelles et alimenter l’inflation déjà élevée ».

Aborder le sujet de l’automatisation

Parmi les sujets abordés lors de ces négociations, l’automatisation des terminaux pourrait devenir la principale pierre d’achoppement. Déjà, en 2014, lors des dernières négociations, ce sujet a été l’objet de nombreuses frictions entre les deux partenaires sociaux. La PMA a demandé une enquête à Michael Nacht, professeur à l’Université de Berkeley, et Larry Henry, fondateur de ContainerTrac sur ce sujet.

Le besoin d’une meilleure productivité

Cette étude commandée par l’organisation patronale reste orientée. Elle a été réalisée au sortir de la pandémie de la Covid 19 au plus fort des perturbations des ports de l’ouest américain. Elle a mis en évidence le besoin d’une meilleure productivité des terminaux.

L’automatisation a amélioré la capacité des terminaux

En effet, l’automatisation de deux des 13 terminaux de los Angeles et Long Beach a permis de réaliser des gains pour le commerce mais aussi les ouvriers dockers. Les principaux enseignements de cette étude montrent que l’automatisation a permis d’étendre la capacité des terminaux en traitant plus rapidement les flux de conteneurs dans les terminaux. Ainsi, « le volume traité par hectare est supérieur de 44% dans les terminaux automatisés que les autres », continuent les conclusions de l’étude.

Une hausse des emplois dans les terminaux automatisés

Du côté social, l’automatisation n’a pas eu les effets craints par les représentants syndicaux de voir le nombre d’emplois se réduire. Entre 2015 et 2021, le nombre de salariés dans les terminaux automatisés a augmenté de 31,5%, soit plus du double (13,9%) pour les terminaux non-automatisés. Encore, les salariés dans les terminaux de Los Angeles et Long Beach ont augmenté de 11,2% quand, dans les 27 autres ports de la côte ouest, cette progression n’a été que de 8,4%. Enfin, l’automatisation a permis de réduire les impacts environnementaux pour les dockers et les populations environnantes en utilisant des véhicules hybrides.

Éviter les détournements de trafic

Outre les avantages économiques, sociaux et environnementaux de l’automatisation, la partie patronale s’inquiète aussi de voir une partie des trafics se détourner vers les ports de la côte est. Une autre enquête menée au début du mois de mai met en lumière les effets de la congestion des ports de l’ouest. Selon cette étude, le temps de transport entre l’Asie et les États-Unis était devenu plus court par les ports de la côte est que ceux de l’ouest. « Entre la Chine et New York, le temps de transport s’avérait plus rapide de 12 jours », indique cette étude.

Contrer les progressions des ports de la côte est

De plus, ce rapport indique que la plus grande fluidité, des coûts plus bas, des investissements et la modernisation de ports comme New-York, Savannah et Norfolk alimentent ces détournements de trafic. Et, l’ouverture des négociations ont fait craindre aux armateurs et chargeurs des arrêts de travail dans les ports de l’ouest qui ont incité des opérateurs à modifier leurs schémas logistiques.

L’implication de Joe Biden

PMA et ILWU disposent encore de cinq semaines pour trouver un terrain d’entente. Outre-Atlantique, les perturbations logistiques sont au cœur des préoccupations du gouvernement. Selon les observateurs, Joe Biden pourrait s’impliquer personnellement pour éviter une aggravation de ces négociations, « quitte à taper du poing sur la table ».