Corridors et logistique

La Bolivie : un hub entre Atlantique et Pacifique en Amérique du Sud

La balance commerciale de la Bolivie demeure positive sur les huit premiers mois de l’année. Le gouvernement souhaite favoriser cette tendance en plaçant le pays comme un centre stratégique logistique au cœur du continent. Pour aller dans ce sens, il ouvre des corridors avec le port péruvien d’Ilo.

Avec une balance commerciale positive de 1,1Md$ sur les huit premiers mois de l’année, le pays du centre du continent garde le cap. Les exportations entrent pour 9 455 M$ sur cette période, en progression de 34,8%, indique le dernier bulletin économique du pays. Les produits agricoles (agriculture, bois, pêche, bétail) voient leur progression atteindre 108% sur les huit premiers mois de l’année. Les sorties d’hydrocarbures augmentent de 36,5% et les exportations de minerais croissent de 17,4%.

Une hausse par paliers des exportations d’hydrocarbures

La hausse des hydrocarbures se fait par paliers, expliquent les autorités boliviennes. Dans ce secteur, les exportations de gaz naturel ont vu leurs trafics augmenter de 38,3%. Quant aux minerais, il s’agit principalement de zinc, dont les flux sortants ont progressé de 44,4%, et de plomb qui augmentent de 4,8%.

La moitié des exportations vers les pays du continent

Les exportations sont dirigées vers trois pays principaux. L’Inde, le Brésil et l’Argentine entrent à eux trois pour un tiers des exportations. À prendre les autres pays du continent, la Colombie, le Pérou et l’Équateur, les exportations boliviennes se réalisent à 50% en intracontinental. Hormis l’Inde, les principaux acheteurs de produits boliviens hors du continent sont le Japon, la Corée du sud, la Chine et les États-Unis.

La route prend la pole position

La majorité de ces flux partent par voie routière. Ce mode de transport recueille 36,9% de la répartition modale des exportations avec une valeur des biens exportés de 3 508 M$ sur les huit premiers mois de l’année. Le second mode utilisé, en valeur des produits exportés, demeure l’aérien avec 22,2% des parts modales. Une position qui s’explique par l’or extraite dans le pays qui sort par la voie aérienne pour des raisons de sécurité. Viennent ensuite les flux par oléoducs, principalement pour les hydrocarbures. Avec 21,4% des flux à l’export, ce mode entre en troisième position. Le parent pauvre de cette répartition modale demeure le fluvial avec une part de 7% des exportations. Il faut malgré tout nuancer cette faible part modale du fluvial en raison d’un seul réseau vers le port de Buenos Aires.

Une hausse des achats de produits raffinés

Du côté des importations, la progression en valeur de ce courant a été de 46,1% sur les huit premiers mois de l’année. Cette progression tient à l’achat au niveau international de produits raffinés pour satisfaire la demande intérieure. Les entrées de produits semis finis industriels, de biens de consommation et d’aliments ont participé à la hausse de ces entrées.

D’abord la Chine puis les pays limitrophes

L’origine de ces flux à l’entrée viennent principalement des pays limitrophes comme le Chili, l’Argentine, le Brésil et le Pérou. Seule la Chine trouve une place de choix dans les importations boliviennes en prenant la première place. Le service des statistiques bolivien ne donne pas de répartition modale de ces flux.

Gommer le handicap de l’enclavement

Coincé entre le Pérou, le Chili à l’ouest, le Brésil, le Paraguay et l’Argentine à l’est et au sud, la Bolivie souffre de son enclavement. La perte de son accès maritime après la guerre du Pacifique entre 1879 et 1884 handicape son commerce extérieur.

Faire du pays un hub logistique

Pour tenter de contrecarrer cet handicap, le gouvernement de La Paz mène une stratégie pour s’imposer comme un hub logistique entre l’Atlantique et le Pacifique. Dans le courant de l’été, l’administration en charge des services portuaires de la Bolivie (ASP-B Administracion de Servicios Portuarios Bolivia) a couru les principaux événements logistiques du continent sud-américain pour présenter cette position. « La Bolivie se place comme un centre stratégique au cœur du continent. Cela lui permet d’être le trait d’union interocéanique naturellement. Pour cela, le pays accueille des projets à développer à court et moyen terme », a répété le gérant de l’ASP-B, Dante Justiniano.

Développer des zones aux points frontières

Pour appuyer ce développement, le gouvernement de La Paz prévoit de développer des zones logistiques aux points frontières pour reconstruire l’économie bolivienne. La stratégie prévoit une double ouverture tant sur le Pacifique depuis La Paz et Potozi que sur l’Atlantique depuis Puerto Bush et Quijarro. Ces deux derniers ports offrent des connexions fluviales avec le port de Buenos Aires.

Un corridor logistique avec le port d’Ilo

Depuis le mois d’octobre, la Bolivie dispose d’un corridor logistique avec le port péruvien de Ilo pour acheminer des produits raffinés dans le pays. Cet accord binational a été adopté par les autorités nationales boliviennes. Il doit encore faire l’objet d’une approbation du gouvernement péruvien. Il prévoit notamment, l’importation de 50 M de litres de combustibles dans les prochaines semaines.