La Feport souligne la nécessité de conserver la compétitivité des terminaux
Dans un communiqué du 5 juillet, la Feport se félicite du vote du Parlement européen sur les ETS. Une position qu’elle nuance en rappelant que ces dispositions ne doivent pas entâcher la compétitivité des terminaux portuaires.
Pour la Feport, le vote par le Parlement et le Conseil européen sur les ETS (Emissions Trading System), qui prévoit des échanges de quota d’émissions de CO2 en Europe, apparaît comme une avancée positive. En intégrant le transport maritime dans ce système, les deux institutions ont décidé d’appliquer ces normes aux transports maritimes entre deux ports de l’Union européenne. Les trafics avec au moins un port de l’UE verront leur compte d’émissions diviser par deux. En 2027, les transports avec un pays tiers seront pleinement intégrés dans ce système. Les ETS s’appliqueront à 100%
Le risque de détournement de trafic
« La Feport supporte l’inclusion du maritime dans les ETS mais reste attentive sur les applications de cette directive pour les terminaux portuaires européens », indique un communiqué de l’organisation des opérateurs de terminaux privés en Europe. En effet, un voyage depuis un port d’un autre pays, comme la Chine ou les États-Unis, pourrait être détourné vers un port extérieur à l’UE pour éviter d’entrer dans ce schéma.
Des études montrent la pertinence de ce risque
Et la Feport de préciser qu’une étude récente menée pour le compte du port d’Algésiras et l’Université de Delft aux Pays-Bas a mis en lumière cette hypothèse. En effet, un voyage entre la Chine et l’Europe pourrait escaler à Tanger en lieu et place d’Algésiras pour ensuite faire une reprise de la boîte de Tanger à son port de destination finale. Le décompte des émissions de CO2 seraient fortement réduites par rapport à un trajet direct entre la Chine et le port européen.
Une situation qui pourrait s’accentuer en 2027
La Feport alerte les autorités européennes sur le risque de voir des détournements de trafics s’intensifier à partir de 2027, quand tous les transports avec des pays tiers seront pleinement intégrés aux ETS. « Les évasions d’escales vers des ports non européens peuvent avoir des effets nuisibles pour le marché, l’emploi dans les ports et l’environnement », continue la Feport.
Une définition trop restrictive du port de transbordement
Pour éviter que cette directive ait des effets néfastes sur les activités des opérateurs privés de terminaux, la Feport rappellent des propositions faites. Ainsi, le port de transbordement d’un pays tiers, tel que défini par la directive, doit se situer à au moins 300 miles d’un port sous législation européenne. Le texte stipule aussi qu’il faut que 60% de la marchandise soit transbordée. Les deux institutions, le Parlement et le Conseil, ont appelé la Commission à surveiller les effets de ce système pour appliquer des mesures si des impacts négatifs apparaissent.
Un risque pas assez pris en compte
Le futur cadre législatif européen présente un risque de détournement de trafics vers des ports de transbordement non européens. « Le risque de détournement de trafic aux dépens des ports européens est, malheureusement, insuffisamment contextualisé dans le texte adopté par le Parlement et le Conseil », continue le communiqué de la Feport. Et l’organisation européenne de continuer en rappelant qu’une fois un trafic perdu, « il est très difficile de le récupérer ».
Commander une étude d’impact avant l’application
Dans ces conditions, la Feport appelle la Commission européenne à mener une étude d’impact en anticipation de l’application de cette directive sur les ETS, « afin que les mesures pour prévenir la perte d’activité et sauvegarder la compétitivité des ports européens soient sauvegardées ». Elle va encore plus loin en associant à cette directive les textes sur la transition énergétique, Fit for 55. Des dispositions qui peuvent aussi entacher la compétitivité des ports européens. « Le législateur européen devrait travailler sur des propositions qui tendent à améliorer la position des ports européens en facilitant le financement public des stations de soutage pour les carburants verts ».