Transition écologique : la propulsion vélique a le vent en poupe
Les deux armements français, Marfret et la Compagnie Maritime Nantaise, s’impliquent dans le développement de la propulsion vélique. Des équipements modernes pour diminuer la consommation énergétique et l’empreinte carbone des navires.
Le développement de la propulsion vélique ne cesse de croître. Il existe deux voies pour développer ce type de propulsion. D’un côté nous retrouvons TOWT et Neoline qui proposent des navires qui construisent des navires spécifiquement dédiés à cette propulsion. D’autre part, des compagnies, à l’image de Marfret et de la Compagnie Maritime Nantaise lancent un programme d’installation de voiles sur des navires traditionnels.
Marfret déploye une voile sur le MN Pélican
Sur les bords de la Méditerranée, Marfret a annoncé le 12 janvier l’installation de quatre ailes en aluminium à déployer sur son navire le Marfret Niolon. Le navire est déployé sur la ligne MPV de l’armement. Il relie l’Europe du Nord, Le Havre et Anvers, pour rejoindre les Antilles et notamment les ports de Degrad des Cannes (Guyane) et Pointe à Pitre (Guadeloupe).
Diminuer la consommation de 10% à 15%
Le projet devient maintenant une réalité. Les quatre turbovoiles devraient diminuer la consommation de carburant de 10 à 15%. « Nous croyons beaucoup en l’avenir de la conteneurisation de l’énergie et c’est ce qui nous a conduits à opter pour la technologie de la société hollandaise eConowind », indique l’armement marseillais. Les ailes sont installées dans des conteneurs de 40’ et donc facilement dépliables.
Des ailes installées dans un conteneur
« Toute l’ingéniosité du conteneur, sur laquelle repose notre activité, est ainsi appliquée au système d’assistance propulsive du navire » souligne Guillaume Vidil, directeur général de Marfret. La conteneurisation permet une grande adaptabilité, les ailes pourront aisément être transférées d’un navire à l’autre en fonction des besoins de nos lignes.
À l’intérieur, le système de commande et l’hydraulique facilitent le déploiement des voiles et leur rangement lors des manœuvres au port. Le chef de quart décidera, depuis la passerelle, de hisser les voiles de manière automatisée en fonction des conditions météorologiques.
Déployer ce système à toute la flotte
Marfret envisage de généraliser ce système à l’ensemble de sa flotte de navires rouliers en le combinant à des alternateurs attelés réversibles, résultant sur une propulsion hybride voile et électricité. « Nous avons la volonté d’organiser notre transition énergétique et de bâtir ce positionnement différencié », affirme Guillaume Vidil.
La MN et Michelin
La Compagnie Maritime Nantaise s’engage aussi dans la propulsion vélique avec la solution proposée par Michelin, Wisamo. Les deux sociétés ont signé un accord de partenariat visant à tester cette solution novatrice sur un premier navire, indique un communiqué de Michelin du 13 janvier. Un prototype d’aile, d’une surface de 100 m2, va être installé sur le roulier MN Pélican.
Installation du prototype de Wisamo
Cette installation permettra de tester l’aile Wisamo en conditions réelles de navigation maritime commerciale et participera ainsi à la phase de développement industrielle de cette nouvelle technologie. Si les tests s’avèrent concluants, cet accord de partenariat ouvrirait la voie à des essais avec une voile de plus grande dimension, permettant un réel pas vers la décarbonation du transport maritime. L’installation interviendra au second semestre 2022.

Des essais sur le voilier de Michel Desjoyaux
En parallèle de ce nouveau partenariat, les tests techniques du premier prototype de l’aile de 100m2 se poursuivent sur le voilier de Michel Desjoyeaux. Différents essais et mesures réalisés en Suisse sur le Lac de Neuchâtel, entre juin et décembre, ont été très concluants. Fort des résultats obtenus, WISAMO va entrer dans une seconde phase de tests plus approfondis en conditions maritimes hivernales dans le Golfe de Gascogne. Le voilier convoyé vers Royan pourra commencer à naviguer dès la fin du mois de février 2022.
Le projet WISAMO présente une aile gonflable, rétractable et automatisée, s’installant sur les navires. L’aile utilise la propulsion du vent, énergie gratuite, universelle et inépuisable. Cette aile gonflable, au design révolutionnaire, permettra de diminuer la consommation de carburant et d’avoir ainsi un impact environnemental positif en réduisant les émissions de CO2.
Une voile pour tous types de navires
Particulièrement adaptée aux rouliers, vraquiers, gaziers et pétroliers, cette aile pourra être installée au moment de la conception du bateau, en équipement d’origine, ou en rétrofit sur un navire déjà opérationnel. L’aile possède une large plage d’utilisation, notamment au « près » (vent de face), lui permettant d’avoir un spectre d’utilisation parmi les plus larges du marché. L’aile pourra être utilisée sur toutes les voies maritimes. Rétractable, elle facilitera les arrivées portuaires et le passage sous les ponts. Elle permettra un gain en carburant pouvant aller jusqu’à 20% par navire.