Politique

Ukraine: la conteneurisation s’adapte aux conditions locales

Dans le cadre des sanctions contre la Russie par l’UE, la France a arraisonné un navire russe. Ce conflit oblige les armateurs à adapter les logistiques. De Mærsk à Hapag Lloyd en passant par CMA CGM et HHLA, la première réaction a été d’apporter la sécurité à leurs employés.

L’entrée des troupes russes sur le territoire ukrainien n’a pas eu d’effets que sur terre. Déjà, il est fait mention des premiers incidents maritimes. Selon plusieurs sources, trois navires auraient été touchés près des ports ukrainiens au cours des dernières heures. Un chimiquier sous pavillon moldave et un vraquier sous pavillon panaméen ont été touchés par des missiles. Plus tôt, un vraquier turc se situant près du port d’Odessa a été la cible, volontaire ou involontaire, d’un missile.

Un navire russe arraisonné

Le 26 février, la Préfecture maritime de Manche a déclaré dans un communiqué de presse avoir saisi un navire roulier sous pavillon russe, le Baltic Leader. Naviguant en Manche en direction de Saint Pétersbourg, le navire a chargé à Rouen. Le roulier a été intercepté par les Douanes et la Gendarmerie française dans le cadre des sanctions imposées par l’Union européenne à l’encontre des intérêts russes. Le navire, appartenant à PSB Lizing, est toujours à quai à Boulogne sur Mer.

Appliquer les sanctions européennes

Cette interception intervient en application du règlement européen concernant « les mesures restrictives eu égard aux action compromettant ou menaçant l’intégrité territoriale, la souveraineté et l’indépendance de l’Ukraine ». Cette première réaction commerciale de la France démontre du poids économique que l’UE veut faire peser dans ce conflit.

Transfert des marchandises

Face au développement du conflit sur le territoire ukrainien et des attaques russes, les armateurs tentent de s’adapter. Pour Mærsk, « pour éviter les congestions portuaires, nous transférons les marchandises en provenance ou à destination d’Ukraine vers des terminaux à conteneurs disposant d’espaces », indique les circulaires de l’armement. Il est expliqué que ces changements de destination se réalisent sans frais. En cas d’annulation des bookings, les frais ne sont pas facturés, continue l’armateur. « Les solutions ferroviaires et aériennes représentent des alternatives pour les marchandises toujours en stock dans les pays d’origine ».

CMA CGM: assurer la sécurité des employés

Le groupe CMA CGM reste aussi mobilisé. « Nous avons pris toutes les mesures pour protéger nos employés et assurer autant que possible la continuité des chaînes d’approvisionnement, nous a confié un responsable de l’armement. La sécurité de nos employés et de leurs familles en Ukraine est notre priorité absolue. » La direction du groupe a demandé à ses salariés basés en Ukraine de travailler depuis leur domicile, pour assurer leur sécurité.

Suspension des services vers l’Ukraine

Du côté commercial, le groupe CMA CGM a décidé de suspendre toutes les escales de navire en Ukraine depuis le 24 février, et ce jusqu’à nouvel ordre, nous a confié le responsable. Alors, les deux services BEX et BSMAR ne touchent plus Odessa en Ukraine. Tous les bookings vers ou depuis les ports ukrainiens sont suspendus.

Transfert vers des ports méditerranéens

De plus, pour assurer la continuité du service, la groupe CMA CGM a décidé de reporter les conteneurs actuellement sur des navires et destinés au marché ukrainien sont redirigés vers d’autres ports. Ils seront déchargés soit à Constanta (Roumanie), soit à Tripoli (Liban) soit au Pirée (Grèce).

Suspension des bookings

Hapag Lloyd a aussi pris des mesures dès les premiers pas des troupes russes en Ukraine. Les réservations depuis l’Ukraine sont arrêtées. Celles concernant les marchandises destinées ou depuis la Russie sont suspendues. « Dans l’hypothèse où les boîtes sont en cours d’acheminement vers l’Ukraine ou la Russie, nous vous appelons à prendre contact avec nos services commerciaux pour apporter une réponse adaptée », indique une circulaire de l’armement de Hambourg.

HHLA a fermé le terminal de Odessa

Enfin, dans le port d’Odessa, le terminal à conteneurs est géré par le groupe allemand HHLA. Le groupe allemand a annoncé dès le 24 février que les salariés ont été appelés à travailler depuis leur domicile. « Les opérations de manutention et les opérations terrestres sont arrêtées », indique un communiqué du groupe allemand. Tous les employés du terminal ont été appelés à rejoindre leur domicile dès le 24 février.

Le manutentionnaire allemand gère le terminal d’Odessa depuis 2001. Il a investi 170 M$ depuis lors. “Les événements se précipitent. Il est encore trop tôt pour mesurer les effets des sanctions imposées contre la Russie et des conséquences du conflit », indique la présidente de HHLA, Angela Titzrath.