Corridors et logistique

Vracs : le conflit ukrainien, moteur des marchés

Les vracs secs et les vracs liquides ont connu des évolutions au cours des derniers jours liés aux conséquences du conflit entre l’Ukraine et la Russie.

Les marchés des vracs évoluent au gré des annonces de l’évolution du conflit entre l’Ukraine et la Russie. Les dernières semaines ont aussi été marquées par de nombreux jours fériés en Europe avec l’Ascension. L’annonce de l’Union européenne de bannir les importations de pétrole russe dès cette année pourrait avoir un effet à double sens.

Le pétrole en hausse

Au cours de la semaine du 23 mai, l’activité du marché du pétrole a été orientée à la hausse. Une amélioration liée notamment à la volonté du gouvernement américain de mettre sur le marché 180 millions de barils jusqu’en octobre. De plus, la demande chinoise repart à la hausse avec l’allègement des mesures de confinement.

De nouveaux fournisseurs

« Par ailleurs, la décision européenne de bannir les importations de pétrole russe d’ici à la fin de l’année pourrait redessiner les circuits logistiques pétroliers traditionnels », indique dans son rapport hebdomadaire le courtier grec Intermodal. Pour le courtier, l’Afrique de l’ouest, le Moyen-Orient et le Golfe du Mexique auront un rôle de suppléant à jouer.

La Russie se tourne vers l’Inde et la Chine

La Russie se place sur la dernière marche du podium des pays exportateurs de pétrole avec une production de 11 millions de barils par jour, derrière les États-Unis et l’Arabie Saoudite. Et pour compléter le tableau, Intermodal précise que le pétrole russe entre pour 27% des importations européennes en 2021, dont 35% entrent sur le territoire par pipe-line. L’Europe devra trouver de nouveaux fournisseurs, d’une part, mais la Russie sera aussi amenée à chercher de nouveaux débouchés pour sa production. Pour Intermodal, la Chine et l’Inde devraient jouer ce rôle de receveur.

Méditerranée: un marché en hausse

Le marché des VLCC en Atlantique a été maintenu grâce à des affrètements en provenance du Golfe Persique et d’Afrique de l’Ouest. Du côté des Suezmax, l’activité forte dans le golfe du Mexique a permis d’absorber les coûts de ballast en Atlantique et permis aux taux d’affrètements depuis l’Afrique de l’Ouest de s’améliorer, indique le courtier Intermodal. Du côté de la Méditerranée, le marché a été plutôt orienté à la baisse. En Europe du Nord et dans le golfe du Mexique, les taux sont demeurés sur une tendance de croissance.

Baisse pour les vracs secs

Le marché des vracs secs est orienté à la baisse au cours des derniers jours. Après avoir engrangé des hausses au cours des deux dernières semaines, les taux de fret ont été revus à la baisse. D’une semaine à l’autre, la baisse des taux pour les Capesize s’élève à 37,7%, explique le courtier grec. Ainsi, la route entre l’Australie et le port chinois de Qingdao, opéré par des Capesize sur du charbon et des minerais, enregistre une baisse de 3$/t en une semaine. Au départ du Brésil vers la Chine, un Capesize s’affrète aux environs de 31,6$/t, en baisse de 17% comparativement aux précédentes semaines.

Calme sur les Panamax

Le secteur des Panamax a aussi souffert au cours de la semaine passée. Les flux céréaliers en Atlantique, « qui alimentent la majorité de ce trafic des Panamax », précise Intermodal, a été calme avec une demande faible au départ du golfe des États-Unis. Dans le Pacifique, la tendance est aussi à la baisse, continue le courtier grec.

Céréales: la crise n’est pas si évidente

Le marché reste encore à l’écoute des conséquences du conflit ukrainien. Les observateurs semblent moins inquiets qu’il y a quelques semaines. Dans un entretien, le président de Hackett Financial Advisors, Shawn Hackett, a déclaré à Turnnewsapp que le manque de blé ne serait pas aussi catastrophique que prévu. Les deux principaux producteurs mondiaux de blé, la Russie et les États-Unis, disposent de stocks. La demande des pays du G7 de permettre l’exportation de céréales ukrainiennes a réduit les prix du blé au cours des dernières semaines. Le blé est devenu une monnaie d’échange entre la Russie et l’occident. Vladimir Poutine a accepté de laisser partir du blé ukrainien si les sanctions étaient levées.

Nigéria: urgence à agir

Une analyse que ne partage pas Aliko Dangote, président du groupe éponyme, qui s’attend à une crise alimentaire grave au Nigéria. Il a appelé le gouvernement d’Abuja à cesser d’exporter son maïs pour assurer la sécurité alimentaire du pays. Ce conflit en mer Noire a entraîné un retour sur soi de nombreux pays comme l’Inde qui a interdit les exportations de sucre et de céréales pour préserver son marché national.

Charbon: pallier à l’absence des produits russes

Les sanctions contre la Russie portent aussi sur les importations européennes de charbon russe, qui interviendra dès le mois d’août. Pour compenser ces flux, les européens vont devoir s’approvisionner dans d’autres pays. L’Australie, les États-Unis et la Colombie pourraient venir en compensation. Des nouveaux flux qui permettront de développer les affrètements pour les Panamax. Des prévisions qui seront bienvenues puisqu’au cours de la semaine passée, les Panamax ont vu leurs taux d’affrètement perdre de leur teneur d’environ 2,8% à 28 988 $/j.