Corridors et logistique

Agroalimentaires : la logistique vracs et conteneurs au service des exportateurs

Une étude commandée par FranceAgriMer à Isemar met en lumière l’importance de la logistique maritime pour l’exportation de produits agroalimentaires. Plusieurs actions sont envisagées pour une meilleure coopération entre les acteurs de la filière et les opérateurs de la logistique portuaire.

L’étude réalisée par Isemar sur le commerce maritime des produits agricoles et agroalimentaires met en lumière l’importance de la logistique maritime pour ce secteur. Pour comprendre les enjeux, FranceAgriMer a commandé une étude à Isemar sur le commerce maritime des produits agricoles et agroalimentaires.

Des céréales à destination des pays tiers

Cette étude traite des questions de logistique maritime en deux parties. La première partie concerne le marché des vracs. Blé tendre, maïs, orge et blé dur constituent les principaux produits exportés. Il s’agit d’un marché tourné vers l’international. En effet, le blé tendre, première céréale française exportée, par pour les deux tiers vers des pays tiers. Les autres céréales sont plutôt destinées aux pays d’Europe, voire, pour un faible tonnage, vers l’Afrique du Nord.

Des exportations et des importations

L’étude met en évidence la diversité des produits traités dans les ports français. Il s’agit de céréales d’aliments pour bétail ou encore de graines de soja. Mais, qu’il s’agisse d’importations ou d’exportations de ces produits en vrac, le passage portuaire demeure un point sensible. S’ajoute aux exportations les capacités intermodales du port.

La problématique des ports français

Dans ce contexte, le système portuaire français subi les effets de sa géographie. Ainsi, l’étude souligne qu’il « existe un problème géographique des ports français. En effet, les silos sont positionnés à l’intérieur des terres (Rouen, Nantes, Tonnay Charente) réduisant ainsi l’accès des navires. » Et pour continuer dans la même veine, l’étude souligne que face au gigantisme des navires, la performance portuaire française passe par la construction de silos dans des ports plus profonds. En effet, le tirant d’eau réduit en Seine peut parfois handicaper des opérateurs, comme le souligne Sénalia.

Créer des silos de nouvelle génération

Cependant, continue l’étude, le besoin en silos de grande capacité n’est peut-être pas l’avenir. Des sélections plus fines entre qualités, labels et certifications peuvent inciter les opérateurs à créer des « silos verticaux ou horizontaux cellulaires de nouvelle génération vont être développés pour un allotissement efficient des grains (par exemple, Silo Maison Rouge à Rouen). »

Pour une concertation nationale

Dans ce contexte de diversité des flux et des approches, l’étude conclue à une concertation nationale entre les ports français et les acteurs de la filière céréalière sur les forces et faiblesses du tissu portuaire. Elle précise que des points comme la localisation, les infrastructures ou encore le type de silos doivent être évoqués pour éviter un recul du trafic.

Conteneurs : des boissons aux fruits en passant par la viande

La seconde partie de cette étude se concentre sur le monde de la conteneurisation. Parallèlement au marché du transport maritime de vracs, la conteneurisation joue aussi un rôle dans les flux de produits agroalimentaires. Il s’agit de boissons alcoolisées pour le continent nord-américain et l’Asie, d’exportations de produits carnés, laitiers, des fruits et légumes. Selon les produits et leurs destinations, ils utilisent les conteneurs soit sur la partie aller soit sur la partie retour du fret. Ainsi, les boissons alcoolisées qui partent vers l’Amérique du Nord sont en voyage aller. Celles partant pour l’Asie le sont sur le voyage retour.

Le reefer majoritaire

Qu’il s’agisse des boissons, de la viande, des fruits et des légumes, ces marchandises sont transportées majoritairement dans des reefers. D’un autre côté, un grand nombre de trafic « d’épicerie », comme les qualifie l’étude, utilisent les conteneurs dry. Ces produits se composent d’eaux, de produits de la boulangerie, de chocolat ou encore de café, thé et confiture.

La stratégie portuaire française axée sur le reefer

La conclusion de l’étude sur les flux conteneurisés de l’agroalimentaire met en lumière que la stratégie des ports français est essentiellement tournée sur le reefers à l’import, les vins et alcools à l’export. Elle souligne la nécessité d’une démarche collective de tous les acteurs dans une démarche collective. « L’objectif est autant la sensibilisation aux enjeux et le développement de démarches commerciales par destination, que la prise en compte de l’intermodalité et l’efficacité du passage portuaire (indice de performance, KPI dédiés à l’export agroalimentaire). Il faut organiser une démarche collective « export agro » impliquant l’ensemble des acteurs. »

Le dry plus avantageux que le reefer

De plus, l’étude note que pour les exportations françaises, « seuls les conteneurs dry vers l’Asie sont un marché retour économique (sauf en 2021-2022). Tous les marchés export en reefer sont relativement hauts avec une baisse liée au climat mondial de la fin 2022. Le « Made in Europe » d’une part, mais aussi le « Made in France » sont pour certains pays un gage de qualité. Or, tous les pays destinataires de produits français ne peuvent s’offrir une qualité équivalente. Alors, continue l’étude de FranceAgriMer, « en fonction de la valeur des produits exportés, les évolutions des taux de fret sont contraignantes. La tendance s’oriente à la hausse. Effectivement, la principale raison tient à une demande soutenue en produits frais européens et une pénurie relative de conteneurs reefer. (…) Les stratégies de développement des marchés doivent être accompagnées d’une perspective pratique pour les chargeurs sur les solutions de transport et les prix. »

Se rapprocher des armateurs ou des acteurs de cotation

Alors, pour mieux appréhender les tenants et aboutissants de ce secteur, l’étude incite les acteurs du commerce agroalimentaire français à se former pour une meilleure compréhension des évolutions des taux de fret. « Il est important pour les chargeurs de l’agroalimentaire français de comprendre les taux de fret et leurs perspectives soit par une coopération des armateurs soit grâce à des acteurs de la cotation de fret (par exemple, Upply) », continue l’étude.

FranceAgriMer lance ses premières actions

Après la publication de cette étude, FranceAgriMer anime un groupe de travail, dans le cadre de sa commission thématique interfilière internationale sur les enjeux de la logistique maritime. « L’objectif est d’informer et appuyer les exportateurs français de produits agricoles et agroalimentaires sur les questions de fret maritime », indique l’agence française. Alors, elle envisage plusieurs actions. En premier lieu, il s’agirait de la mise à disposition et le suivi d’indicateurs stratégiques spécifiques au secteur agroalimentaire français. Des indicateurs qui seraient les taux de fret, la performance du passage portuaire, la disponibilité des conteneurs reefer et les solutions intermodales. En second lieu, la mise en place d’une démarche collaborative autour de l’export de conteneurs. Une coopération qui réunirait les filières de l’agroalimentaire, les ports, les logisticiens, les manutentionnaires et les armateurs. Une première rencontre, « AgroFret », est programmée le 14 décembre.