Automobile : la logistique doit passer à l’électrique
Le marché des véhicules électriques et à charge reste faible actuellement. Il doit progresser fortement dans les prochaines années. Face à cet afflux, les logisticiens doivent s’adapter à ce nouveau marché, indique l’organisation des logisticiens automobiles, ECG.
Pour atteindre les objectifs fixés par la COP 21, les gouvernements européens incitent les particuliers et les opérateurs logistiques à s’équiper en véhicules électriques. Une ambition louable dans un cadre environnemental. Cependant, le marché européen n’est pas encore arrivé à maturité. En effet, dans son analyse annuelle, ACEA indique le taux de pénétration des véhicules à charge électrique. Face à ce futur développement les logisticiens devront relever de nombreux défis, explique un document de ECG.
L’Europe du Nord plus adepte que le sud
Ainsi, il apparaît que la pénétration des véhicules électriques est plus forte en Europe du Nord. En effet, la Suède prend la première place avec 56,1%. Suivent ensuite la Finlande et le Danemark disposent de la plus forte pénétration avec, respectivement, 37,6% et 38,6%. L’Allemagne et les Pays-Bas ont un taux de pénétration supérieur à 30%. Viennent ensuite les pays d’Europe de l’Ouest comme la France avec 21,5%, la Belgique 26,5% ou encore le Portugal avec 21,7%. Pour finir ce classement, les pays du sud du continent ferment la marche. Ainsi, la Bulgarie, la Roumanie, Chypre et l’Italie enregistrent un taux de pénétration inférieur à 10%. La Slovaquie ferme ce classement avec 3,7%.
Baisse des ventes de véhicules électriques en 2023
Ces données montrent que le marché du véhicule électrique et à charge électrique a un bel avenir sur le continent. Bien plus, en 2022, les véhicules électriques représentent 44,1% des ventes. Sur les cinq premiers mois de l’année, ce chiffre tombe à 38,1%. Alors, pour atteindre les objectifs fixés par les gouvernements, le nombre de véhicules électriques devraient passer de 1,5 million en 2020 à 311,5 millions en 2050. Entre ces deux dates, en 2030, le marché doit recevoir environ 87,1 millions de véhicules électriques, soit 29% de part de marché.
La consolidation des constructeurs
Dans ce contexte, les opérateurs logistiques doivent s’adapter à ce futur flux. Selon la presse spécialisée dans l’automobile, il ne restera que dix constructeurs dans les prochaines années. La consolidation du marché. Ainsi, le directeur général d’ICO, Marc Adriansens, explique que pour s’adapter, le manutentionnaire a installé 11 éoliennes avec une capacité de 44 MwH sur le terminal de Zeebrugge. Ces installations permettent de charger des véhicules, « selon les demandes des constructeurs. Certains demandent le chargement à 100% des véhicules quand d’autres réclament 50% ».
Nouvelle organisation du terminal
Outre les capacités de chargement, le manutentionnaire belge organise différemment son terminal. Un espace est dédié aux véhicules électriques pour les recharger. Ensuite, les voitures sont emmenées pour chargement par camion ou train. Et pour aller encore plus loin, ICO investi dans des capacités de stockage d’électricité quand le vent fait défaut. De plus, il réfléchit à des logiciels de gestion de chargement en fonction des requêtes des constructeurs.
Manque d’informations des constructeurs
Du côté des opérateurs terrestres, à l’image de Mosolf, les défis sont nombreux pour la logistique de ces véhicules. « Nous devons relever des défis importants en raison d’un manque d’infrastructure mais aussi un défaut d’information de la part des constructeurs », indique Tobias Spannbauer, directeur des ventes de Mosolf. De plus, se pose la question des « véhicules morts », à savoir avec une batterie à plat. « Nous n’avons pas de solution avec des « véhicules morts » chargés sur nos camions. Mais, nous n’avons pas de procédures de prévues avec les constructeurs. Alors, nous menons une approche au cas-par-cas. »
Un guide réalisé par UECC
Quant aux armements, ils s’inscrivent aussi dans l’adaptation. Ainsi, UECC, armement opérant en short sea en Europe, a publié, dès 2021, le premier guide pour les véhicules électriques en 2021. « Ce guide est mis à jour régulièrement. Nous l’avons adapté en juin », souligne Jason Cummings, directeur des opérations de manutention. Ainsi, le guide prévoit que chaque véhicule doit être chargé à 50% au maximum avec un minimum de 20%. « Cela nous assure la capacité à décharger le véhicule au port de destination. »
Charger les véhicules pour transborder
Ce niveau de charge permet à l’armement de réaliser des opérations de transbordement. Il appartient au constructeur de prévoir le niveau de charge en fonction du transport maritime. « Nous ne disposons pas de systèmes de charge dans les navires », précise Jason Cummings. Quant aux « véhicules morts », UECC a prévu des câbles pour pouvoir bouger les véhicules vers une zone de charge.
Un système loué aux logisticiens
Dans ce contexte, la société Kar Tainer a développé un système de chargement de voitures dans un conteneur. L’avantage de ce système tient à ce que les voitures peuvent être chargées avec ou sans batteries. « Il faut ajouter que la voiture demeure le meilleur conteneur pour les batteries des voitures », souligne Vegard Synnes, directeur marketing de Kar Tainer International en Asie. Le processus est loué aux opérateurs logistiques. « Nous mettons à disposition le système et assurons la formation des personnels. Nous n’avons pas de relations directes avec les constructeurs. »
Une solution adoptée par des logisticiens chinois
Aujourd’hui, reconnaît le directeur marketing, ce sont principalement des opérateurs logistiques en Chine de taille moyenne et petite. Avec la sous-capacité de navires rouliers, les constructeurs se rapprochent de la société pour se tourner vers la conteneurisation. Quant aux manutentionnaires spécialisés dans les terminaux conteneurisés, « Nous manutentionnons des conteneurs pas les marchandises à l’intérieur », indique Michael Dannen, directeur général des ventes de Eurogate.