Canal de Panama : les eaux baissent, la tension monte
L’autorité du canal de Panama annonce une réduction du nombre de navires pour les prochains mois en raison du manque de pluies dans le pays. Pour les armateurs, la situation se tend.
Après les premières annonces de réduction du nombre de transit par jour, l’Autorité du canal de Panama (ACP) a décidé, le 31 octobre, d’accroître les restrictions de passage. Ainsi, dans un communiqué aux utilisateurs, l’ACP indique que le nombre de passage passe de 25 navires par jour actuellement à 18 navires par jour à compter du 1er février 2024.
Des restrictions de plus en plus sévères
Le calendrier des restrictions s’étale sur toute la période. Alors, du 3 au 7 novembre, l’autorité accepte le passage de 25 navires par jour dont 8 navires Neopanamax. La période du 8 novembre au 30 novembre, limite à 24 navires par jour dont 7 Neopanamax. Pour le mois de décembre, le nombre de transit est limité à 22 navires, dont 6 Neopanamax. Sur le mois de janvier, l’ACP autorise le passage de 20 navires par jour dont 5 Neopanamax. Enfin, à compter du 1er février 2024, 18 navires pourront franchir les écluses dont 5 Neopanamax.
L’effet El Niño
Ces restrictions sont la traduction d’une saison des pluies faibles dans le pays, par l’effet d’El Niño. Dans son communiqué, l’ACP explique que la saison des pluies a tardé à survenir et a été de faible ampleur. Les limitations imposées depuis le mois de juillet (32 navires par jour) ne suffisent pas à garantir un niveau d’eau suffisant pour le canal et la population. De plus, “les précipitations enregistrées en octobre apparaissent comme les plus faibles depuis 1950. Les perspectives pour les prochaines semaines s’établissent à 38% en-dessous des normales », continue l’ACP.
Une probable hausse des taux de fret
Dans ce contexte, les navires sont amenés à patienter au large du canal avant de pouvoir rejoindre l’un ou l’autre des deux océans. Un expert de l’administration de l’énergie des États-Unis, cité par l’agence de presse Reuters implique une hausse des taux de fret dans le monde. En effet, les temps d’attente raréfient l’offre pour certains navires.
Une hausse de 25$ pour les navires de gaz
Ainsi, dans son dernier rapport, le courtier Fearnleys indique que les limites imposées par l’autorité du canal de Panama a créé une panique chez les opérateurs, notamment pour les trafics de gaz. Les taux de fret pour ces navires entre l’Est et l’Ouest progressent de 25$. Dans le même temps, le peu d’activité au Moyen-Orient peut facilement compenser le manque de navire sur le bassin atlantique.
Un basculement probable sur le Pacifique
Pour leur part, les navires porte-conteneurs doivent organiser leurs services en fonction de ces nouvelles conditions de marché. Une opération qui pourrait profiter aux ports de la côte ouest des États-Unis. Effectivement, les services Asie-États-Unis côte Est peuvent préférer un déchargement dans les ports de la côte Ouest et rejoindre les marchés de l’est par voie terrestre. Quant aux vracs secs, et notamment aux exportations céréalières américaines, les restrictions du canal de Panama peuvent influencer leur logistique. De plus, la baisse des eaux du Mississippi restreint d’autant plus les acheminements vers le golfe du Mexique. Les exportations de céréales pour l’Asie, et notamment la Chine, pourraient se réaliser par les ports du Pacifique.