Canal de Panama : les restrictions s’intensifient
Le manque de pluie au Panama incite l’autorité du canal à restreindre le nombre de passage des navires. Des mesures qui pourraient s’étendre sur le dernier trimestre.
La saison des pluies au Panama s’étend de mai à décembre. Cette année, les précipitations sont rares. Or, la voie de passage du canal de Panama intègre le lac Gatun, principal réservoir d’eau potable du pays. Sans précipitations, l’Autorité du Canal de Panama (ACP) doit soit puiser dans les réserves nationales soit alimenter le canal en eau de mer. Cette dernière solution a pour effet de réduire les disponibilités en eau potable du pays.
Des restrictions depuis juin
Face à ce dilemme, l’Autorité du Canal de Panama a imposé des restrictions, depuis le mois de juin. Des mesures qui vont s’étendre jusqu’à la fin de l’année. L’ACP indique qu’elles pourraient continuer pendant les premiers mois de l’année. D’une part, le tirant des navires est limité à 13,41 m (44 pieds). Le tirant d’eau maximum accepté en période normale est de 50 pieds.
Limiter le passage à 32 navires
Autre mesure importante, le nombre de passage est désormais limité à 32 navires par jour. Une mesure importante puisque le canal peut accepter jusqu’à 36 navires par jour en période normale. Par conséquent, la queue à l’entrée pacifique et atlantique du canal s’allonge. Dans le courant du mois d’août, plus de 130 navires patientaient. Dans des conditions normales, cette queue ne dépasse pas plus de 90 navires.
Des premiers détournements
Des conditions de passage qui perturbent le commerce maritime international. Dans ce contexte, l’ACP appelle les armateurs à réserver leur passage pour s’assurer de pouvoir franchir la voie d’eau. Or, si les porte-conteneurs disposent d’une priorité au passage, les vraquiers doivent souvent attendre leur passage. Pour l’administrateur adjoint, Ilya Espino, cité par Reuters, des vraquiers ont décidé d’emprunter d’autres routes.
1000 navires par mois
Des restrictions qui interviennent alors que la haute saison arrive à grands pas pour le monde de la conteneurisation. La distribution démarre dès l’été les approvisionnements en vue des fêtes de fin d’année. Ainsi, au cours des mois de septembre à décembre, ce sont plus de 1000 navires qui empruntent le canal chaque mois à cette période. Les restrictions obligent les armements à revoir leur logistique.
Se délester d’une partie de sa cargaison pour traverser
Le 1er août, le dernier né de la flotte d’Evergreen, l’Ever Max, a fait les frais de ces restrictions, indique l’ACP dans un communiqué de presse. Construit en 2023, ce navire affiche une longueur de 366 m pour une largeur de 51 m avec un tirant d’eau de 50 pieds. Lors de son premier passage dans le canal, le navire a été obligé de décharger une partie de ses conteneurs dans le port de Balboa. Les boîtes ont été transportées par voie terrestre jusqu’au port de Colon pour être rechargée. Pour l’ACP, les restrictions représentent des pertes financières. Ainsi, le déchargement des conteneurs de l’Ever Max constitue un manque à gagner de 40 000$, selon l’ACP. Pour l’armement, les opérations de délestage et de rechargement représentent un coût supplémentaire.
Pas d’effet sur les taux de fret
D’autres armateurs prennent leurs précautions avant de franchir le canal. Pour Hapag Lloyd, les restrictions n’ont pas eu d’impact majeur à ce jour, nous a confié un responsable de l’armement. Les armements conteneurisés n’ont pas encore imposé des surcharges en lien avec ces restrictions. Du côté des opérateurs de navires vraquiers, les répercussions sur les taux de fret ne se fait pas encore sentir. Les exportateurs sud-américains de charbon et de minerais, comme la Colombie et le Brésil, empruntent d’autres routes. Dans ces conditions le temps de transport se rallonge avec pour corollaire une baisse de l’offre pour ces navires. Or, la demande plus faible peut absorber ces nouvelles conditions de marché.