Céréales : le retour des corridors humanitaires est peu probable
Les corridors humanitaires en sortie d’Ukraine ont peu de chances de renaître, estime un responsable de l’ONU. Kiev continue ses exportations par ses propres corridors.
Depuis le mois de juillet, les corridors humanitaires de céréales en sortie d’Ukraine ont pris fin. La Russie refuse de signer l’accord tant que ses revendications, notamment sa réintégration dans le système bancaire international, ne sont pas acceptées.
« Cela sera difficile malgré nos efforts »
Dans un entretien avec l’agence de presse Reuters, le secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres laisse transparaître son pessimisme. Il craint de le pas revoir les corridors renaître de leurs cendres. « Cela sera difficile. Nous continuons à déployer tous les efforts nécessaires », rapporte l’agence de presse dans une dépêche. Et le secrétaire général d’expliquer que l’objectif visé est de permettre les exportations de céréales des deux pays librement.
Les difficultés logistiques de la Russie
Dans son argumentaire en opposition à ces corridors, la Russie souligne qu’elle rencontre de nombreuses difficultés pour l’exportation de ces produits agroalimentaires et de ses engrais. De plus, continue Moscou, elle reproche à ces corridors d’avoir servi les pays occidentaux plus que les pays en voie de développement. Dans ce contexte, les Nations Unies rappellent que les produits agroalimentaires russes ne sont pas concernés par les sanctions imposées par l’organisation. Des officiels de l’ONU promettent à la Russie de les aider pour faciliter les exportations, continue la dépêche.
Le corridor alternatif ukrainien
Alors, quand la diplomatie bloque, l’économique prend le relais. L’Ukraine a mis en place un corridor alternatif depuis le mois d’août pour exporter des céréales. Depuis l’été, ce sont environ 700 000 t de céréales qui ont emprunté ce nouveau corridor.
Alimenter les ports par voie ferroviaire
Pour alimenter les navires en attente dans les ports de mer Noire, le système ferroviaire ukrainien est mis à rude épreuve. Dans un post sur Facebook, Valeriy Tkachov, directeur adjoint commercial des chemins de fer ukrainiens, indique que le nombre de trains sur le port d’Odessa a augmenté de 50% en une semaine. En effet, le port réceptionne plus de 4000 wagons de céréales cette semaine contre 2676 la semaine passée.
Un corridor utilisé par 50 navires
Ce corridor alternatif longe les côtes de l’Ukraine avant de rejoindre les eaux territoriales roumaines puis la Turquie. Selon les premiers chiffres fournis par le ministère ukrainien de l’agriculture, ce sont plus de 1 Mt qui devraient emprunter ce corridor à fin octobre. En effet, plus de 50 navires ont utilisé cette route pour exporter des céréales vers l’Afrique et l’Asie.
Les conditions logistiques compliquées
Cependant, si cette route alternative fonctionne, les conditions logistiques terrestres demeurent difficiles. De plus, les primes risques de guerre pour les ports ukrainiens sont élevées. Enfin, récemment, un capitaine ukrainien a refusé d’escaler avec son navire dans un port ukrainien. Une partie de l’équipage est de nationalité ukrainienne. Ils risquent donc de devoir rejoindre l’armée. Ils refusent selon le capitaine du navire. Autant de facteurs qui laissent peu entrevoir de solutions alors que le pays annonce une récolte de 80 Mt avec un potentiel exportable de 50 Mt.
La baisse des exportations russes
Par ailleurs, la baisse des exportations ukrainiennes se combinent avec une diminution des expéditions céréalières russes. En effet, selon Sovecon, les exportations céréalières russes perdent plus de 50% de leur volume à 1,8 Mt. En octobre 2022, la Russie a exporté 4 Mt. Moscou refuse de vendre ses céréales sous un prix plancher de 260 $/t. Le prix actuel se situe aux environs de 250 $/t. Selon le département de l’agriculture américain, la Russie dispose d’une capacité d’exportation de 50 Mt sur cette campagne.