Céréales : une campagne en retrait pour le GPM de La Rochelle
Le bilan de la campagne céréalière 2022/2023 est mitigé pour le GPM de La Rochelle, annonce le port lors de la bourse aux grains de juin. Les céréales perdent du terrain et les fertilisants progressent.
Le bilan de la campagne céréalière 2022/2023 s’avère mitigé au GPM de La Rochelle. En effet, avec un trafic de 3,5 Mt à fin mai, le port charentais enregistre une baisse de 15% d’une campagne à l’autre. Néanmoins, précise la direction du port, malgré cette baisse, les volumes s’inscrivent dans la moyenne des tonnages des 15 dernières années.
Plus de volume sur la première moitié
Une diminution de trafic que les deux opérateurs du port charentais, Sica Atlantique et Soufflet Négoce relativisent. Ainsi, pour Vincent Poudevigne, directeur général de la Sica Atlantique, le trafic de céréales sur les deux ports charentais, La Rochelle et Tonnay-Charente, diminuent de 10% à 2,2 Mt. « Une baisse à nuancer, car l’estimation à La Rochelle n’est que de -2,2 % avec 2,1 Mt. L’impact se situant donc principalement sur le port de Tonnay-Charente. » De plus, il note que les flux ont été déséquilibrés au cours de cette campagne. En effet, 63% de ces volumes ont été réalisés au cours des six premiers mois de campagne, de juillet à décembre.
Le retour du Maroc
Une campagne céréalière atypique aussi sur les produits exportés. Sur la première moitié de la campagne, les blés ont pesé 77% des volumes. Sur la seconde moitié, ils n’ont représenté que 48%. Du côté des destinations, l’Afrique de l’Ouest reste majoritaire. Le Cameroun, le Sénégal, la Côte d’Ivoire et le Ghana emportent la majorité de ces flux. Cependant, le Maroc a fait son retour au départ de La Rochelle tout comme l’Angola, l’Égypte et le Yemen.
Un déficit de compétitivité du port
Du côté de Soufflet Négoce, la campagne s’achève avec un trafic de 1,2 Mt, « très en retrait par rapport à la campagne précédente », indique Jean-François Lépy, directeur général de Soufflet Négoce. Parmi les raisons de cette baisse, la baisse de performance des approvisionnements ferroviaire. De plus, la sécheresse de l’été 2022 a touché la récolte de maïs. Enfin, note le directeur général, « la place portuaire de La Pallice a souffert d’un déficit de compétitivité relative par rapport à d’autres ports de la façade atlantique et du Nord de la France, ce qui a conduit à un repositionnement de certains volumes ».
Une campagne 23/24 meilleure
Pour les deux opérateurs rochelais, le regard se tourne désormais vers la nouvelle campagne céréalière. Pour Vincent Poudevigne, elle se présente sous les meilleurs auspices pour les céréales à paille, « tout au moins équivalente à la récolte précédente ». Du côté des orges, elles s’annoncent meilleures, indique Jean-François Lépy. Quant « aux cultures semées au printemps, même si l’épisode sec du mois de mai a pu susciter quelques inquiétudes, le retour des pluies et des orages ont été bénéfiques lorsqu’il n’y a pas eu de dégâts. Mais les mois d’été sont encore devant nous avant d’avoir une vision plus précise des productions de l’automne », souligne le directeur général de Soufflet Négoce.
La baisse de l’alimentation animale
Les autres vracs agricoles traités au GPM de La Rochelle, à savoir l’alimentation animale et les fertilisants ont enregistré des sorts divergents. Ainsi, les importations de vracs pour l’alimentation animale a connu une baisse de ses volumes. Le groupe Sica Atlantique a vu ses volumes se contracter de 53,4% à 84 059 t. Les épisodes de grippe aviaire, la baisse de la consommation de viande et la décheptalisation du premier semestre ont impacté ces trafics, explique Sébastien Hamon, directeur des pôles solides de Sica Atlantique. Le second semestre a été meilleur.
Un trafic exceptionnel pour les fertilisants
Quant aux fertilisants, la situation est inversée. En 2022, ce courant a connu des trafics exceptionnels. Atena, filiale de Sica Atlantique spécialisée dans les fertilisants, enregistre une progression de plus de 20% à 570 000 t. Une augmentation qui se conjugue avec des changements de circuits logistiques. En effet, le conflit entre l’Ukraine et la Russie a eu un effet sur les prix de l’énergie. Ainsi, les urées granulées ont vu leur prix plus compétitif que les ammonitrates. Alors, La part des fertilisants azotés importés a donc progressé de 65 % à 80 %. D’un autre côté, le conflit a bouleversé les schémas logistiques. Si les fertilisants algériens demeurent en tête avec 38% des importations, d’autres origines comme l’Arabie Saoudite et le Nigéria ont fait leur apparition et le retour du Qatar.