Corridors et logistique

Corridors céréaliers en Ukraine : des négociations pour prolonger l’initiative

Le 13 mars, une délégation russe a rencontré à Genève, le sous-secrétaire général aux affaires humanitaires des Nations Unies, Martin Griffiths, et la secrétaire générale de la Cnuced, Rebeca Grynspan pour discuter d’une prolongation de l’accord des corridors humanitaires en Ukraine.

L’accord signé le 22 juillet entre les Nations Unies, l’Ukraine, la Russie et la Turquie se renouvelle tous les trois mois. Après avoir vu les plénipotentiaires accepté une prolongation pour trois mois au mois de novembre, les parties sont revenues autour de la table des négociations en ce début de mois de mars pour étudier un prolongement de l’accord sur les corridors céréaliers en Ukraine visant à faciliter les exportations de céréales depuis l’Ukraine.

Extension dans le temps et dans l’espace de l’accord

Les négociations portent sur deux points. Le premier vise à reconduire l’accord sur les corridors céréaliers. De son côté, l’Ukraine milite pour un accord sur une plus longue période de cet accord et d’étendre l’accord au port de Nikolaev. Le second point concerne un Memorandum of Understanding entre la Fédération de Russie et les Nations Unies pour faciliter « sans entraves des produits alimentaires et des engrais », précise un communiqué des Nations Unies.

Faciliter les exportations russes

Dans la communication des Nations Unies, Martin Griffiths a rappelé le souhait de l’organisation internationale de maintenir l’accord céréalier ainsi que de faciliter les exportations russes de produits agroalimentaires et d’engrais. Du côté de la Russie, cet accord céréalier pourrait être reconduit pour une période de 60 jours.

Des obstacles persistent pour les exportations russes

Le texte proposé par les Nations Unies prévoit la reconduction de cet accord céréalier sur une période de 120 jours contre 60 actuellement. Quant au Mémorandum pour les exportations de produits russes, les représentants des Nations Unies s’appliquent à faciliter les exportations russes. Cependant, le communiqué des Nations Unies souligne que « des progrès significatifs ont été accomplis, mais il est vrai que certains obstacles subsistent, notamment en ce qui concerne les systèmes de paiement. Nos efforts pour surmonter ces obstacles se poursuivront sans relâche. »

En sept mois, 22,7 Mt exportées d’Ukraine

Depuis le 1er août, l’accord céréalier a permis l’exportation de 22,7 Mt depuis les trois ports d’Odessa, de Yuzhni et de Chornomorsk. Des sorties qui ont concerné 6,3 Mt de blé, 11 Mt de maïs et 995 077 t d’orges. Des produits qui partent principalement vers la Chine qui a réceptionné 5,3 Mt de marchandises. Viennent ensuite l’Espagne avec 4,3 Mt puis la Turquie avec 2,7 Mt, L’Italie avec 1,8 Mt et les Pays-Bas avec 1,5 Mt. Compte tenu de ce classement, il apparaît important pour la Chine de vouloir apaiser la situation géostratégique dans la région pour pouvoir alimenter son marché céréalier.

La Russie retourne sur le marché

Dans sa dernière analyse, le consultant russe, Andrey Sizov indique que la Russie devrait exporter environ 4,2 Mt de blé en mars, soit le double des exportations réalisées en mars 2022. La hausse des exportations russes intervient après un mois de février faible en raison des conditions météorologiques, continue l’expert. En effet, des orages ont bloqué le port de Novorossiysk, principal point de passage des expéditions russes. La Russie dispose d’un potentiel exportable estimé à des niveaux records. Les stocks, au début du mois de février étaient de 19,8 Mt, soit 78% plus élevé qu’au cours des cinq dernières campagnes.

Des prix en baisse

De plus, le prix FOB des blés russes est passé sous la barre des 300$/t. Effectivement, un tel prix n’avait pas été aussi bas depuis août 2021, soit avant le conflit avec l’Ukraine. La mise sur le marché de quantités importantes de céréales russes pourrait faire encore descendre les prix des marchés internationaux. Même si le prix baisse, la vente de la production céréalière russe permet à Moscou de disposer de revenus, voire de devises.