Corridors et logistique

Gaz naturel liquéfié : le Qatar dans le tiercé de tête des exportateurs mondiaux

Le gaz naturel liquéfié (GNL) a connu en 2022 un regain d’intérêt avec la crise ukrainienne et les sanctions contre la Russie. Second exportateur en 2022, le Qatar se place aujourd’hui en troisième position.

Le gaz naturel liquéfié (GNL) est devenu une commodité recherchée en 2022. En effet, en Europe, les importations  se réalisait principalement avec le pipe-line en provenance de Russie. D’une part, l’ouverture du conflit en Ukraine et, d’autre part, les dommages survenus à ce pipe-line ont mis un terme à ce flux.

Du pipe-line au maritime

Pour faire front, l’Europe s’est alors approvisionnée auprès de nouvelles sources en important par voie maritime une grande partie de son gaz. Dans ce contexte, les trafics mondiaux de GNL ont enregistré une progression de 5% en 2022 à 404,3 Mt, indique dans sa dernière newsletter, le courtier Banchero Costa.

Une hausse tirée par l’UE

Et cette progression est surtout le fait de l’Europe. En effet, les pays européens ont importé 100,9 Mt, soit 68,9% de plus qu’un an plus tôt. Pour donner une échelle, le courtier Banchero Costa indique que les trafics de GNL pour l’UE pèsent le quart des trafics mondiaux (24,9%). Pour compléter ce chiffre, le Royaume-Uni a aussi alimenté le marché avec une augmentation de 75,4% à 19,4 Mt. Un flux qui pèse 4,8% des trafics mondiaux. Ainsi, UE et Royaume-Uni pèsent ensemble 30% des trafics de GNL dans le monde.

L’Asie a réduit ses importations

Comme par effet de vases communicants, l’Asie a réduit ses approvisionnements de GNL en 2022. Le principal consommateur, la Chine, a vu ses entrées de GNL se réduire de 18,5% à 64,4 Mt. Le Japon suit la tendance avec une diminution de 3,8% de ses importations à 73,6 Mt. Enfin, l’Inde a vu ses importations de GNL se contracter de 18,1% à 19,1 Mt. Pour sa part, la Corée du sud a augmenté ses arrivées de GNL de 1,1% en 2022 à 47,4 Mt.

L’Union européenne continue sa progression

Ainsi, après une année de forte croissance à l’ouest, les cinq premiers mois de 2023 semblent s’inscrire dans la même veine. Selon le courtier Banchero Costa, les chargements de GNL ont enregistré une hausse de 3,2% à 174,4 Mt de janvier à mai. L’Union européenne et le Royaume-Uni continuent de stocker du gaz. Ainsi, dans l’UE, les importations de GNL ont progressé de 9,7% à 44,4 Mt. Il en est de même au Royaume-Uni dont les entrées de GNL progressent dans les mêmes proportions. Elles s’établissent à 10,4 Mt, soit une hausse de 9,1%. Pour sa part la Chine est revenue sur le marché international. L’Empire du milieu a augmenté ses importations de GNL de 3% à 27,3 Mt. Quant au Japon, il continue son régime en baissant ses approvisionnements de 13,5% à 27,9 Mt.

60% des exportations de GNL par trois pays

Pour répondre à cette demande croissante, trois pays se partagent le podium des exportateurs : le Qatar, l’Australie et les États-Unis. En effet, le Qatar a longtemps été le premier exportateur de GNL dans le monde. Or, le pays du Golfe est dépassé par l’Australie depuis 2021. En effet, en 2022, le Qatar a exporté 79,9 Mt, soit environ 19,8% du trafic mondial. Le premier pays exportateur de GNL a été, en 2022, l’Australie avec des exportations s’élevant 81,3 Mt, soit 20,1% de part de marché. Derrière le Qatar, les États-Unis ont expédié 79,4 Mt, soit 19,7% du total. Ces trois pays pèsent malgré tout 60% des exportations mondiales de GNL en 2022.

Le Qatar en troisième place

Ce classement connaît un changement sur les cinq premiers mois de l’année. En effet, le Qatar prend désormais la troisième position derrière l’Australie et les États-Unis. Même si le pays du Golfe a vu ses expéditions croître de 2,6% à 33,2 Mt de janvier à mai, il est désormais sur la troisième marche du podium. Le pays de l’Oncle Sam a pris la première place avec 36,4 Mt quand l’Australie suit avec 34,2 Mt.

Plutôt vers l’est que l’ouest

Le GNL en sortie de Qatar pèse plus lourd vers l’orient que l’occident. En 2022, la Chine a acheté 15,6 Mt de GNL au Qatar. Des achats en progression de 66,3%. L’Empire du milieu pèse 19,5% des exportations qataris. Pour rester sur le continent asiatique, l’Inde a pesé 10,3 Mt des exportations de gaz du Qatar. Ensuite, vient le Japon qui se détache de cette matière première qatari. Le Pays du Soleil levant a réduit de 64,6% ses importations depuis le pays du Golfe pour totaliser 3,1 Mt. Une situation qui se décline en Corée du sud dont les importations de GNL qatari ont perdu 16,3% à 9,4 Mt. Au total, les pays d’Asie entrent pour 38,4 Mt.

La course aux FSRU

Vers l’ouest, le premier acheteur de gaz qatari demeure l’Union européenne. Elle a acheté 14,2 Mt, soit 15,3% de plus qu’un an auparavant. Le Royaume-Uni représente 5,6 Mt des exportations du pays. Au total, l’Europe a importé 19,8 Mt. La progression des flux de GNL en Europe incite les ports à se doter de moyens pour la réception de ces produits. Ainsi, Haropa – Le Havre devrait réceptionner un FSRU en septembre pour pouvoir procéder à la regazéification. La même installation est entrée en service en Allemagne. En Italie, en Grèce et dans d’autres pays européens, la course est lancée pour apporter des solutions alternatives avant de disposer de terminaux méthaniers.

Anvers-Bruges : 15% des importations européennes de GNL

En France, avec un terminal à Dunkerque, un à Nantes Saint-Nazaire et un sur Marseille-Fos, le pays dispose des outils pour satisfaire ses besoins. Le FSRU du Havre viendra compléter une offre déjà large. En Allemagne, le FSRU est perçu comme un signe de souveraineté nationale. Le pays importait une grande partie de son GNL par l’intermédiaire du terminal de Zeebrugge. Berlin a voulu diversifier ses capacités. Il n’en demeure pas moins que le terminal de Zeebrugge réalise environ 15% des entrées européennes de GNL.