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La Rochelle : en 2022, le port frôle la barre des 10 Mt

Avec un trafic de 9,6 Mt, le GPM de La Rochelle fini l’année 2022 sur une progression. Les céréales, les produits pétroliers et les produits forestiers s’inscrivent en hausse. Le GPM prévoit d’investir 20 M€ en 2023.

L’année 2022 se termine sur une note positive pour le GPM de La Rochelle. Le port charentais achève l’année avec un trafic de 9,6 Mt, en progression de 8,7% par rapport à 2021. Pour la direction du port, cet exercice s’inscrit dans une tendance de résilience. « Malgré un contexte marqué par de fortes turbulences ces trois dernières années, la communauté portuaire a passé cette période avec pragmatisme et efficacité, en retrouvant globalement en 2022, un niveau d’activité proche de son niveau record », indique Michel Puyrazat, président du directoire du GPM de La Rochelle.

Céréales : à 999 t de la barre des 4 Mt

Dans le détail, ce trafic montre la bonne performance réalisée des céréales. En effet, sur les 12 mois de 2022, le port charentais a réalisé un trafic de 3,9 Mt, en progression de 23,4%. Une progression qui confirme la bonne place du port dans la filière céréalière française. En effet, en 2022, le port est à 999 t de la barre des 4 Mt de céréales exportées. Cette hausse du trafic céréalier rochelais tient principalement au blé qui voit ses volumes gagner 49,4% à 2,8 Mt.

Le port a bénéficié d’un report lié au conflit de l’Ukraine

Pour le directeur marketing et patrimoine du GPM de La Rochelle, Jean-Baptiste Goüin, la bonne tenue des trafics céréaliers s’explique aussi par « les tensions sur le marché international résultant des difficultés en sortie de l’origine mer Noire ont eu pour conséquence un report important sur la place rochelaise. » Une performance qui a pu gommer les résultats négatifs réalisés sur les filières des orges et du maïs. Les orges ont perdu de leur teneur en raison de la baisse de la demande chinoise qui s’approvisionnait auparavant sur le marché français. Quant au maïs, il a connu une récolte 2022 catastrophique en raison des conditions météorologiques de l’été.

Les vracs liquides n’ont pas été affectés par les difficultés des raffineries

Du côté des vracs liquides, le port rochelais affiche une augmentation des produits pétroliers et dérivés. Avec 2,9 Mt, ces trafics enregistrent une hausse de 2,4%. Pour le responsable marketing du port, ces flux confirment leur position dans la structure du trafic du port rochelais. Et d’ajouter que « les difficultés dans les raffineries n’ont pas eu d’effets notables sur les approvisionnements de nos opérateurs ».

Les vracs agricoles dopés par les engrais

Outre ces deux filières des céréales et des produits pétroliers, qui pèsent à elles deux 71% du trafic total du port charentais, les filières des produits forestiers et des vracs agricoles affichent aussi une bonne santé. Du côté des vracs agricoles, la croissance s’est établie à 16% à 900 973 t. Une croissance tirée par les engrais manufacturés dont les volumes ont augmenté de 53% à 816 915 t. Alors que la région a pris l’habitude de s’alimenter en engrais auprès des fabricants russes, il a fallu modifier les schémas logistiques pour trouver d’autres origines après les sanctions contre Moscou liées au conflit avec l’Ukraine. D’autre part, la hausse des trafics d’engrais a permis de compenser la baisse importante de l’alimentation animale liée à la baisse de la consommation de viande a entraîné des besoins moindres en nourriture pour animaux. Le phénomène a été accentué avec la grippe aviaire qui a décimé le cheptel avicole.

Produits forestiers en progression

Toujours au chapitre des progressions de trafic, les produits forestiers et papetiers affichent une bonne santé avec 626 316 t, en hausse de 9,9%. Les différentes catégories de ce trafic sont en bonne forme avec une mention particulière aux placages qui gagnent 71,9% à 51 544 t. Les pâtes à papier demeurent le principal courant de ce secteur avec 462 962 t, en progression de 2,4%.

BTP et les diverses en baisse

Du côté des baisses de trafic se retrouvent deux filières. La première concerne le secteur du BTP qui demeure, malgré tout, la troisième filière du port charentais. En 2022, elle accuse un repli de 10% à 1,02 Mt. La baisse d’activité du secteur a pesé sur les importations de sable qui ont perdu, à eux seuls, 17% à 545 008 t. Enfin, la filière dite « Autres » affiche certes une baisse mais elle s’explique par la fin du chantier du parc éolien en mer de Nantes Saint-Nazaire, pour lequel Port Atlantique La Rochelle a fait ses preuves comme base arrière.

Une enveloppe de 20 M€ par le GPM

Fort de ces trafics, le GPM de La Rochelle prévoit en 2023 une enveloppe de 20 M€ pour les investissements. Un montant en légère augmentation par rapport à 2022. Des sommes qui seront principalement dédiées à la décarbonation avec l’électrification des quais. En fin d’année, le projet sera opérationnel pour la drague, les sabliers et les yachts, assure la direction du port. Dans un second temps, l’électrification des quais concernera, en haute tension, le terminal de Chef de Baie à l’attention de navires comme les rouliers. De plus, l’adaptation des infrastructures est inscrite au programme de cette année. Il s’agit de la reconfiguration des accès aux terminaux nord avec le démantèlement de la partie terrestre du viaduc du Môle d’Escale qui devrait s’achever en juillet. Ces travaux visent à connecter La Repentie, l’Anse Saint-Marc et le Môle. De plus, la constitution de la digue de l’Anse Saint-Marc 3 figure aussi parmi les travaux planifiés en vue de la création d’un terre-plein de 3,5 hectares puis d’un quai.

Une nouvelle ligne d’ensachage chez Sica Atlantique

Parallèlement aux investissements prévus par le port, les sociétés privées continuent d’investir. Ainsi, Sica Atlantique a poursuivi en 2022 la rénovation du silo Bertrand 2 avec la phase des travaux de peinture, ainsi que la réalisation de l’étanchéité des galeries et des toitures pour un total de 1,5 M€. Encore, la nouvelle ligne d’ensachage LEA, opérationnelle depuis l’été 2022, a fait l’objet d’une période dite de « déverminage » consistant en des tests complémentaires pour un paramétrage optimal. Ce nouvel outil, d’un coût total de 6 M€, permet l’ensachage automatisé en big bags des engrais. Et pour s’inscrire dans la même veine de la décarbonation engagée par le port, la Sica Atlantique a continué son programme de renouvellement des systèmes d’entraînement des tapis avec des moteurs basse tension qui permettent de gagner en sobriété énergétique.

De nouveaux outils pour Maritime Kuhn

Par ailleurs, la filiale rochelaise de Maritime Kuhn, AMLP, a réceptionné en septembre une nouvelle grue Liebherr d’une capacité de 124 t. Un outil qui a réclamé un investissement de 4,1 M€. De plus, la société a acheté trois chariots élévateurs, de deux mini chargeuses, ainsi que d’une autre plus conséquente dédiée au hangar TAA, pour un coût total de 450 000 euros.

Optimiser la réception ferroviaire

Du côté des investissements prévus en 2023, le groupe Sica Atlantique prévoit de réaliser un chantier ferroviaire. L’objectif est de créer un mini faisceau sur le site de l’ex Service des Essences des Armées, grâce à l’extension des voies existantes et la création de nouvelles, afin d’optimiser la capacité de réception ferroviaire des produits liquides et des céréales. Le financement de cet investissement est prévu se faire conjointement avec la Région Nouvelle Aquitaine et le GPM. Il est estimé à 1,5 M€. Un projet que Vincent Poudevigne, directeur général du groupe Sica Atlantique explique : « On veut mettre toutes les cartes dans notre jeu pour pouvoir faire du report modal sur les sorties portuaires ».

Deux nouveaux hangars pour Maritime Kuhn

Quant à la filiale rochelaise du groupe Maritime Kuhn, il prévoit la construction de deux entrepôts de 3000 m2 à Chef de Baie 3 dont le premier sera livré en avril et le second an juin. Un investissement d’un M€. Les entrepôts seront dédiés au stockage des bois de placage provenant d’Afrique, bord à quai afin de limiter les transferts