Ports

TLF : les grèves dans les ports ont impacté l’activité

À l’occasion de son assemblée générale, les adhérents de TLF ont souligné l’impact des mouvements sociaux de début d’année sur les trafics des deux principaux ports conteneurisés français.

Dans son discours de conclusion de l’assemblée générale, le président de l’Union TLF, Éric Hémar, a rappelé qu’en 1993, le trafic conteneurisé du port d’Anvers représentait la totalité des ports français. « En 2022, la totalité des ports français ne pèse plus qu’un tiers du port d’Anvers. Avec un tel écart, il faut regarder la réalité ».

Une baisse de 20% à l’export

Et cette réalité des chiffres pourrait encore s’aggraver en 2023. Les mouvements sociaux du début de l’année creusent l’écart. Brice Vatinel, président du Syndicat des Transitaires du Havre, rappelle que ces grèves ont entraîné une baisse de 20% des conteneurs à l’export et de 15% sur les importations au mois de mars.

Baisse de 20% de la logistique

Des mouvements qui ont touché les terminaux à conteneurs mais aussi toute l’activité logistique. Ainsi, sur l’activité logistique la diminution d’activité est estimée entre 20% et 25%. « Sur les 23 jours ouvrés du mois de mars, nous avons connu 22 jours de perturbations », rappelle le président du STH. Des soucis qui tiennent à l’occupation des ronds-points pour accéder aux zones logistiques. Au total, le coût de ces mouvements sociaux se chiffre à environ 7 M€, pour le président du STH.

Ce n’est pas une grève portuaire

Dans le sud, au GPM de Marseille-Fos, la situation a été tout aussi compliquée. « De janvier à avril, il a été difficile de travailler », rappelle Stéphane Salvetat, co-président du Syndicat des Transitaires de Marseille (STM). Et le responsable va plus loin. Il soutient qu’une partie des ouvriers dockers ne souhaitaient pas faire grève mais ont été incité à le faire par le mot d’ordre national de la confédération. « Il ne s’agit pas d’une grève portuaire mais d’un mouvement national ». De plus, Stéphane Salvetat rappelle qu’outre les dockers, les personnels de la capitainerie ont suivi le mouvement. « En 2019, lors des précédents mouvements contre le projet de réforme des retraites, nous avons subi les grèves des remorqueurs. En 2023, nous avons subi celles des personnels de la capitainerie ».

Des conséquences à relativiser

Des mouvements sociaux qui ont pénalisé les chargeurs. Les conteneurs reefers et ceux contenant des marchandises dangereuses ont été les plus pénalisés par ces grèves. Dans leur malheur, les opérateurs du GPM de Marseille-Fos relativisent les conséquences de ces mouvements. En effet, la décrue du trafic depuis le second semestre 2022 a permis d’éviter des congestions dans les terminaux de Fos. De ce fait, « nous avons pu limiter la casse pendant les premiers mois de l’année ». La situation à Marseille est plus compliquée avec des tensions. Alors, ce sont les navires opérant en short sea qui ont le plus souffert de ces mouvements.

Des dégrèvements des jours de grève

Dans ces conditions, les syndicats de transitaires des deux ports conteneurisés ont tenté d’apporter des solutions. Au Havre, les transitaires devaient résoudre deux soucis : la fluidité et le surcoût. Sur le premier point, le STH a réalisé des constats d’huissier pour attester de l’impossibilité de déposer des conteneurs dans les entrepôts. De plus, TLF Overseas a accepté de prendre en charge la moitié du coût de ces constats. Quant aux coûts, les manutentionnaires et certaines compagnies maritimes ont accepté des dégrèvements des jours de grève des coûts de stationnement des conteneurs.

Journées blanches pour les jours de grève

Dans le GPM de Marseille-Fos, ces évènements ont amené les acteurs à une plus grande coopération pour conserver une fluidité des flux. De plus, il a été demandé de pouvoir appliquer des mesures de chômage partiel dans certaines activités. Et le GPM de Marseille-Fos a participé à réduire les effets de ces grèves. Les journées de grèves sont considérées comme « journées blanches ». Ainsi, l’autorité portuaire ne demande pas de frais d’amodiation aux manutentionnaires. En échange, ces derniers ne répercutent pas les frais de stationnement supplémentaires aux clients.

Le Pacte portuaire marseillais

C’est dans cet état d’esprit qu’un pacte portuaire entre le port, la Région et la mairie est en cours de négociation. Déjà prévu en 2020 mais sans avoir pu trouver un accord, ce pacte portuaire serait applicable pour les prochains mouvements sociaux. Il prévoirait, notamment, la gratuité des amodiations pour les manutentionnaires pendant les jours de grève. Dans le même temps, les frais de stationnement des conteneurs ne seraient pas comptabilisés.