Togo : un ministère pour la promotion de l’économie maritime et la protection côtière
Le recul du trait de côte du Togo est devenu un sujet essentiel pour le pays d’Afrique de l’Ouest. Le ministère en charge de la protection côtière, mené par Kakou Edem Tengué, a pris le dossier à bras le corps.
Le Togo compte une soixantaine de kilomètres de côtes avec l’océan Atlantique. Coincé entre le Ghana et le Bénin, le pays subi les effets de la houle sur son trait de côte. Dans certaines régions du pays, le trait de côte peut perdre jusqu’à 10 par an de côte. Un effet qui tient principalement au changement climatique et aux activités humaines.

La création d’un ministère dédié
Le sujet préoccupe le gouvernement togolais depuis plusieurs années. Pour ce faire, il a pris le dossier à bras le corps en nommant, en 2020, un ministre de l’Économie maritime, de la pêche et de la protection côtière, Kokou Edem Tengué. Cet homme politique de 43 ans, ancien responsable financier de la filiale de Mærsk au Togo, a la charge du dossier.
Kokou Edem Tengué, un ministre pour l’économie bleue

Élu député en 2018 dans la circonscription de Haho, Kokou Edem Tengué a participé activement à la réélection de l’actuel président de la République, Faure Gnassingbé. Sa jeunesse plaide en sa faveur et son dévouement à la politique du chef de l’État est reconnu par ses pairs. Quand il entre au gouvernement en octobre 2020, il a pour tâche de développer l’économie bleue. Un sujet qu’il connaît bien en raison de sa carrière professionnelle chez Mærsk. Mais, il a aussi la charge de tout ce qui touche à la mer comme la sécurité et la sûreté de la côte. Alors, il a fait de la lutte contre la piraterie un cheval de bataille qui a permis d’éradiquer les actes de piraterie dans le pays. Enfin, il a rencontré les populations côtières pour prendre la mesure de l’impact du retrait du trait de côte.
Le projet transfrontalier Waca
Ainsi, lorsqu’il arrive au ministère, il reprend le dossier du projet appelé Waca. Ce projet transfrontalier entre le Togo et le Bénin prévoit des travaux tout au long de la côte pour réduire l’impact des courants maritimes sur la côte. « Le recul du trait de côte dans le golfe de Guinée concerne tous les pays du littoral, explique le ministre de l’Économie maritime, de la pêche et de la protection côtière. Nous devions réaliser des travaux en partenariat avec nos voisins pour une plus grande efficacité de chaque ouvrage ». En effet, agir sur le seul littoral togolais aurait reporté les impacts au Bénin, pays situé à l’est du Togo.
Un coût de 35,2 Md FCFA
C’est pourquoi le projet Waca se veut avant tout transfrontalier. Les ministères de l’environnement au Togo et celui du cadre de vie au Bénin se placent comme maître d’ouvrage. Les travaux représentent un financement de 35,2 Md FCFA (53,8 M€) financés en partie par la Banque mondiale.
Des travaux qui s’achèveront en 2023
Un groupement composé de Inros Lackner, société de génie civil germano-togolaise, Antea Group, société d’ingénierie et de conseil en environnement, et la société Boskalis, spécialisée dans les travaux portuaires réalise le travaux. Après les études réalisées en 2019, les premiers coups de pioche ont démarré en février 2021. Selon le ministre togolais, « les travaux s’achèveront au second semestre 2023, voire un peu avant ».
La construction et réhabilitation de 24 épis

Le projet Waca prévoit la construction et la réhabilitation de 24 épis entre le Togo et le Bénin. Ainsi, sur la zone d’Agbodrafo, au Togo, sept épis seront construits avec en plus le rechargement en sable de la côte. Ensuite, sur la commune d’Aného, plus à l’est, au Togo, les six épis existants seront réhabilités ainsi que le prolongement du brise lame. Enfin, à Hillacondji, au Bénin, huit épis seront construits. Les bras morts lagunaires seront comblés. Enfin, sur le site d’Agoué, au Bénin, les maîtres d’œuvre réalisent un moteur à sable.
Le rechargement naturel en sable de la côte

Les ouvrages consistent principalement à créer des épis de 60 m à 90 m de long qui s’avancent dans la mer. Ils se composent d’enrochements provenant de carrières locales avec des blocs entre 500 kg et une tonne pour le soubassement et de 2t à 4 t pour la partie supérieure. En créant ces épis, la côte se recharge naturellement en sable. Ensuite, les espaces entre les épis sont rechargés en sable pour recréer le trait de côte. Pour acheminer le sable, le consortium a affrété une dragueuse de Boskalis. Elle aspire le sable au large de la côte du Togo avant de l’acheminer directement dans un « moteur à sable » dont le rôle est de dispatcher le sable le long de la côte.