Une liaison sur Papeete à la voile
Eco Trans Ocean prévoit de relier la Métropole à Tahiti avec un navire propulsé majoritairement à la voile. Le projet prévoit quatre liaisons par an avec une capacité de 1600 t en cale et de 18 EVP en pontée. Nous reprenons, ci-dessous, l’article de Gaël Cogné de Mer et Marine.
Trois associés, deux officiers et un commercial, ont créé la société Eco Trans Ocean en juin 2021 à Saint-Malo. Comme relaté par le Télégramme, ils ambitionnent de lancer une liaison maritime directe régulière vers la Polynésie avec un navire exploitant, en partie, la force du vent pour sa propulsion.
Une ligne directe et une boucle intéressante
Parmi les fondateurs d’Eco Trans Ocean, Ambroise Seiffert, officier à La Méridionale, explique à Mer et Marine avoir découvert la Polynésie en travaillant sur un yacht. Alors qu’émergent les premiers projets de transport de marchandises à la voile, il a remarqué par la suite que la vitesse des nouveaux navires à voile pouvait s’approcher de celle des navires de commerce qui ont, eux, tendance à réduire leur allure. Enfin, il s’est étonné que la métropole n’ait pas de liaison directe avec la Polynésie. Or, « on a des vents portants sur une grande partie de la traversée entre la Bretagne et la Polynésie », pointe-t-il, même s’il y a peu de vent sur une partie du voyage, dans le golfe du Mexique et à la sortie du canal de Panama. Mais, sur l’ensemble, « on a une boucle d’un point de vue météo et des courants qui est assez intéressante, de mon point de vue ».
Quatre allers-retours par an
Eco Trans Ocean voudrait réaliser quatre aller-retours par an alors qu’un Saint-Malo-Papeete durerait environ 6 semaines. Une durée comparable à l’expédition par porte-conteneurs. Car, actuellement, si ces îles sont desservies par des compagnies de transport maritime (Marfret, CMA CGM), « à ma connaissance, il n’y a pas de ligne directe depuis la métropole vers la Polynésie ». « Nous, nous serons en direct », sans « ruptures de charges », avec un plus petit navire permettant un « meilleur contrôle sur la marchandise » que sur un grand porte-conteneurs, avance-t-il, vantant un service plus optimisé pour ses futurs clients.
Un navire de 85 mètres
Pour y parvenir, Eco Trans Ocean veut donc faire construire un petit cargo. La jeune société est entrée en contact avec l’architecte naval VPLP Design, le fournisseur d’ailes rigides Ayro (issu de VPLP, qui équipe le roulier Canopée) et la société de conseil maritime Alwena Shipping. Le premier leur a fourni un design sommaire pour un navire de 85 mètres de long, par 11 mètres de large et 5 mètres de tirant d’eau. Un navire armé par 10 marins pouvant à la fois charger des palettes dans deux cales (longues de 35 et 15 mètres et pouvant charger jusqu’à 1600 tonnes) ainsi que 18 conteneurs de vingt pieds en pontée. Son château a été placé à l’avant de trois ailes Oceanwings.
Une navigation à la voile à 70% du temps
Selon Ambroise Seiffert, le futur navire pourrait s’appuyer à 100% sur la voile ou partager sa propulsion entre les ailes et les machines. Il pourrait naviguer « au minimum 70% du temps en utilisant ses voiles en propulsion principale ou hybride, à une vitesse de 11 nœuds ». Ainsi, « on économiserait 75 tonnes de carburant par voyage, soit 150 pour un aller-retour », estime à « très grosse maille », le cofondateur de la société.
Levées de fonds et contrats avec des chargeurs
Eco Trans Ocean a pris contact avec de potentiels chargeurs en Polynésie. « On a environ 30% du volume total du navire en lettres d’intention », explique l’entrepreneur. « Idéalement, il faudrait atteindre 60% pour avoir le seuil de rentabilité ». Tout en cherchant à augmenter son capital social, il essaie de transformer ces lettres d’intention en contrats. « Nous recherchons des investisseurs et des chargeurs complémentaires », explique Ambroise Seiffert. Il souhaite ensuite pouvoir réaliser des études détaillées pour son navire et réaliser une ingénierie financière avant de lancer la construction du navire, qu’il espère voir commencer en 2024 ou 2025.