Afrique : le développement des corridors ferroviaires s’intensifie
En Afrique, les corridors ferroviaires connaissent un développement. Depuis l’Algérie jusqu’en Angola en passant par la Tanzanie, le ferroviaire devient un enjeu des chaînes logistiques.
Les corridors ferroviaires connaissent une nouvelle jeunesse. Les réseaux existants et parfois mal entretenus deviennent source d’un nouveau développement. Si la route domine toujours le transport terrestre dans le continent, le ferroviaire revient en première ligne. En effet, l’Afrique abrite plusieurs grands réseaux ferroviaires utilisés tant pour le fret que le passager. À titre d’exemple, le train reliant la mine de Zouerate au port de Nouadhibou, en Mauritanie, démontre de son efficacité.
Un réseau ferroviaire transsaharien pour les pays enclavés
Alors, d’autres pays suivent le mouvement. Ainsi, en Algérie, le Président de la République, Abdelmadjid Tebboune, a souligné lors de son intervention devant la Nepad le 12 février, son intention d’accroître le réseau ferroviaire national. Dans sa vision, le développement du réseau de transport ferroviaire doit se faire sur tout le territoire national, rapporte le site Algérie Presse Service. Certes, il doit désenclaver les régions du sud du pays mais a une vocation à « s’étendre aux pays voisins, suivant la vision de la route transsaharienne ». L’objectif est clair : la route transsaharienne connaît des problèmes de sécurité que le train peut, en partie, résoudre.
Le Liberty Corridor : un PPP avec HPX et Guma Africa
Ce nouvel élan en faveur du ferroviaire se décline dans d’autres pays avec les premières réalisations. Ainsi, au Libéria, le gouvernement a signé une lettre d’intention avec HPX et Guma Africa pour développer le Liberty Corridor. Le document prévoit « d’entamer des négociations sur la propriété, la conception, le financement, le développement et l’exploitation du Liberty Corridor », indique un communiqué de presse de HPX. Ce corridor a vocation à devenir un réseau ferroviaire multi-utilisateurs entre la Guinée et le Libéria.
Le Liberty Corridor : des mines guinéennes au port de Didia
Le Liberty Corridor s’étend depuis la région de Nimba en Guinée pour rejoindre le port en eau profonde de Didia au Libéria. Il se compose de plusieurs éléments. Outre le réseau ferroviaire, il comprend des routes praticables par tous temps, la mise en place d’un câble de télécommunication à fibre optique et l’extension du réseau hydroélectrique.
Transformer la région de Nimba
Outre ces infrastructures, le Liberty Corridor vise à transformer la région de Nimba. Riche en minerais, elle nécessite de lourds investissements. Alors, l’ébauche de projet signé entre les partenaires intègre la mise en place de nouvelles activités liées à l’activité minière mais aussi à l’agriculture, la santé et l’éducation. « Le Liberty Corridor améliorera considérablement la qualité de vie des millions de personnes vivant dans la région et créera des emplois régionaux durables », assure HPX.
Le Liberty Corridor apporte des solutions logistiques
Néanmoins, la lettre d’intention prévoit une période de négociations pendant 30 jours. Ensuite, une fois l’accord final signé, il doit être présenté à l’Assemblée législative. Les trois signataires de cette lettre d’intention ont tout intérêt à trouver une solution. D’une part, le gouvernement, élu en fin d’année dernière, présente cet accord comme le début d’une nouvelle ère pour le Libéria. D’autre part, Guma Africa dispose de concessions minières dans la région de Nimba, en Guinée. Elle doit trouver des solutions logistiques pour exporter sa production vers les marchés internationaux. Le Liberty Corridor se révèle comme une alternative. Quant au groupe HPX, il est spécialisé dans la gestion des infrastructures et exploite aussi des mines dans le sud-est de la Guinée.
Trafigura transportera 450 000 t de minerais
Plus au sud du continent, c’est en Angola que le ferroviaire connaît un développement. En effet, le 7 février, le groupe Trafigura a signé avec l’exploitant du complexe minier de Kamoa-Kakula en RDC, un accord pour le transport de minerais vers le port de Lobito. L’accord porte sur une période de six ans. Trafigura s’engage à transporter 450 000 t de minerais chaque année. Pour sa part, le complexe minier Kamoa-Kakula, qui est concédé à Ivanhoe Mines et Zijin Mining, dispose d’allocations pour le transport de produits issus des mines de cuivre entre 120 000 t et 240 000 t.
Une porte de sortie pour les mines de Zambie et de RDC
La signature de ce contrat permet à ce corridor ferroviaire entre la Zambie, la RDC et l’Angola de se développer. Il offre une porte de sortie vers l’Atlantique pour la production minière de Zambie et de RDC. Ce corridor, qui s’étend sur 1340 km, est né en 2022 par la signature du Lobito Atlantic Railway Consortium. Cette co-entreprise regroupe Trafigura, Mota-Engil et Victuris. Elle dispose d’une concession de 30 ans pour gérer ce corridor ferroviaire et le terminal minéralier de Lobito.
Un point commun entre le Liberty Corridor et le Lobito Corridor
Ces deux corridors ferroviaires ont un point commun. En effet, le co-président de Ivanhoe Mines n’est autre que le président de IPulse, actionnaire principal de HPX, Robert Friedland. Finalement, le développement vers l’Atlantique des produits miniers d’Afrique de l’Ouest et du Sud intervient alors que l’industrie, notamment, automobile américaine cherche des métaux pour sa production locale. Or, les mines de RDC et de Zambie produisent du cuivre mais aussi du cobalt »et d’autres minéraux indispensables à la transition écologique », indique le communiqué de Trafigura.
La volonté de réactiver le corridor de Tazara
Ce basculement vers la côte ouest des corridors ferroviaires n’est pas total. En effet, lors de la célébration du 59ème anniversaire de l’indépendance de la Zambie, le Président de la République, Hakainde Hichilema, a souhaité que soit remis en service le corridor entre la Zambie et la Tanzanie, le Tazara Railway Corridor. Créé dans les années 70 par une société chinoise, ce réseau ferroviaire est, aujourd’hui, à l’abandon. Pour le président zambien, le Lobito Corridor doit être perçu comme complémentaire du Tazara Railway Corridor. Or, du côté tanzanien, l’analyse diffère. Le gouvernement tanzanien créé des ports secs en Zambie. De plus, l’autorité portuaire de Dar es Salaam offre des conditions particulières pour les trafics zambiens. Selon Trade Mark Africa, une société chinoise doit intervenir au premier trimestre pour réactiver cette ligne ferroviaire.