Corridors et logistique

Antilles : la Sara se défend face au rapport de l’Inspection générale des services

Un rapport de l’Inspection générale des services de cet été pointe le manque de contrôle par l’État sur les prix des carburants aux Antilles. La Sara se défend contre ce document qu’elle juge obsolète et sans fondement.

La polémique enfle autour du raffinage aux Antilles. En effet, un rapport de l’Inspection générale des services réalisé en mai et rendu public pendant l’été pointe du doigt les dysfonctionnements de la Société anonyme de raffinage des Antilles, la Sara.

L’importance des prix des carburants

Disposant d’une raffinerie en Martinique, la Sara importe du pétrole brut qu’elle raffine. Elle distribue sur les trois départements français d’Amérique (DFA), à savoir Martinique, Guadeloupe et Guyane, les produits raffinés. Les auteurs du rapport notent l’importance des prix des carburants dans ces territoires. « Objet régulier de mobilisations dans le cadre des mouvements contre la vie chère, ils (les prix des carburants) représentent aussi un intrant pour des secteurs économiques clés tel le BTP, la pêche ou encore l’agriculture. »

Un triple monopole de la Sara

De plus, la Sara détient un triple monopole sur l’importation de produits pétroliers bruts, finis et semi-finis, le raffinage et le stockage. Ce qui est reproché à la Sara tient principalement dans l’opacité de la formation des prix. « En revanche la faiblesse du suivi et des contrôles de l’administration sur les coûts de la Sara font largement reposer le système sur l’autocontrôle de l’entreprise et ne permettent pas de les interroger en opportunité. » Alors, « la mission recommande de transférer, par décret, la compétence à la commission de régulation de l’énergie (CRE) et de rendre la régulation plus incitative à la maîtrise des coûts, qui sont tous répercutés in fine sur les prix à la consommation. »

Une révision des modalités de rémunération

Parmi les recommandations du rapport, les auteurs proposent la séparation comptable des activités. Cette division se fera entre les produits réglementés et non réglementés d’un côté et les activités carburants et hors carburants d’autre part. De plus, l’Inspection générale des services appelle à une révision des modalités de rémunération de la Sara. L’objectif de cette proposition vise à « se rapprocher des standards des marchés régulés et de tenir compte de la diversification de la Sara hors carburants. »

Un rapport qui met en péril la sécurité énergétique des DFA

Face à ces propositions, la direction de la Sara n’est pas restée muette. Dans un communiqué, le raffineur martiniquais « prend acte avec consternation de la publication de ce rapport qui, par des conclusions pour le moins hâtives et des recommandations non justifiées met en péril la sécurité énergétique des départements français d’Amérique. » Cet outil industriel, voulu par le gouvernement dans les années 60 constitue aussi un levier d’emploi. Selon la Sara, environ 700 familles travaillent directement ou en sous-traitance aux Antilles et en Guyane par le biais du raffineur.

Des mesures catastrophiques

Ce rapport ne prend pas en compte le contexte social local, selon le raffineur. Par ailleurs, « il écarte nos remarques fondées sur la réalité économique et industrielle locale. » Alors, pour la Sara, ce document « envisage des mesures catastrophiques pour les trois territoires, notamment la réduction drastique, voire la suppression, des activités de raffinage ».

Un rapport obsolète

Dans sa réponse, la direction de la Sara s’insurge contre le scénario visant à fermer la raffinerie. Une hypothèse qui aurait des conséquences sociales, environnementales et économiques désastreuses pour les territoires des DFA. « Ces omissions grossières faussent les conclusions et ne reflètent en rien la réalité », continue le communiqué. Alors, le raffineur martiniquais « refuse ce rapport obsolète ». Il s’appuie sur des erreurs économiques flagrantes. « Il affaibli notre capacité à répondre aux besoins énergétiques de la Guyane et des Antilles et porte atteinte à l’engagement sans faille de l’ensemble de nos salariés. » Réduire le rôle de la Sara à sa dimension d’importateur reviendrait à « fragiliser l’autonomie énergétique de nos territoires. »