Brics : un sommet pour promouvoir des corridors logistiques exempts de l’emprise occidentale
Le sommet des Brics (Brésil, Russie, Inde, Chine et Afrique du Sud) s’est déroulé du 22 au 24 octobre à Kazan, en Russie. L’occasion pour le pays hôte de proposer de nouvelles routes logistiques. Dans le même temps, la Turquie a proposé la réouverture du corridor humanitaire en mer Noire.
Lors du sommet des Brics dans la ville de Kazan, le président de la Russie, Vladimir Poutine a proposé de nouvelles routes logistiques. Il souhaite favoriser les relations sud/sud. Il a appelé à une coopération entre les pays concernés. L’objectif est « d’aboutir à la fin du monopole de l’Ouest sur la logistique », indique la Pravda dans son édition du 24 octobre.
Route arctique et corridor Nord/Sud
Pour cela, il invite à développer la route arctique et le corridor routier nord/sud. « Ces routes seront libres de toute emprise de l’ouest, rapides, bien équipées et exemptes de sanctions », rapporte le journal russe. De plus, Vladimir Poutine propose de créer une plateforme pour les ressources naturelles comme les céréales. « Il appartiendra aux pays membres des Brics de déterminer le prix de vente et d’achat de ces produits ». Une proposition qui permettra à la Russie de s’ouvrir à de nouveaux marchés. « La Russie demeure le premier exportateur de céréales avec 35% de parts de marché dans le monde et le Sud demeure le premier consommateur. Le marché céréalier russe se construire sur des relations nord/sud », souligne le journal.
Les attaques contre les ports ukrainiens
Ces propositions interviennent dans un contexte tendu en mer Noire. Le 22 octobre, le gouvernement britannique, par la voix de son Premier ministre, s’indigne des récentes attaques contre les infrastructures portuaires et les navires en mer Noire. Dans sa déclaration, Londres souligne que « la Russie est prête à prendre tous les risques pour contraindre l’Ukraine à se soumettre. » Ces frappes russes contre les ports ukrainiens de mer Noire « retardent l’acheminement d’une aide vitale aux Palestiniens et empêchent la livraison de céréales vers les pays du Sud », note le gouvernement britannique.
Des dommages aux navires céréaliers
Cependant, à la fin du mois d’octobre, la Russie a déjà exporté environ 30% de son potentiel. La Russie dispose d’environ 45 Mt de céréales à mettre sur les marchés internationaux, au cours de cette campagne. Néanmoins, les services de renseignement britanniques montrent que la Russie intensifie ses actions localement. Les navires céréaliers subissent des dommages collatéraux. Ainsi, ces attaques retardent les départs de navires comme cela a été le cas pour le Shui Spirit. Il transporte de l’huile végétales à destination de la Palestine pour le Programme alimentaire mondial. De plus, ces attaques ont visé des navires chargés de céréales. Ils devaient rejoindre l’Égypte, les pays d’Afrique subsaharienne et la Chine. « En agissant de la sorte, il porte atteinte à des millions de personnes en Asie, en Afrique et au Moyen-Orient », indiquent les renseignements britanniques.
La Turquie veut réactiver les corridors humanitaires
Des attaques qui s’intensifient alors que la Turquie mène une campagne diplomatique pour remettre en place les corridors humanitaires. Lors du sommet des Brics, le secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres a remercié le gouvernement turc pour son implication à la réouverture des corridors humanitaires en mer Noire. Il a rappelé son attachement à la liberté de navigation en mer Noire tant pour l’Ukraine que la Russie et tous les pays. Des « vœux pieux ».
L’Ukraine a installé son propre corridor maritime
La réouverture de ce corridor dépend en grande partie de la volonté de la Russie de revenir à la table des négociations. En juillet 2023, Moscow a quitté la table de ce corridor en raison de la perversion des objectifs. En effet, ce corridor doit permettre d’alimenter les pays du Sud en céréales. Or, les chiffres montrent que les céréales ukrainiennes ont eu pour principale destination l’Europe de l’Ouest et la Chine. Depuis le mois de juillet 2023, l’Ukraine a instauré un « corridor » maritime. Il emprunte les eaux territoriales des pays riverains de la mer Noire (Bulgarie et Roumanie) pour rejoindre le Bosphore. Pour certains observateurs, l’intensification des attaques russes contre les installations portuaires ukrainiennes est destinée à enclaver ce pays. Une situation qui signifierait une augmentation des coûts des céréales ukrainiennes sur le marché mondial.