Céréales : le marché du blé animé par la Russie et l’Ukraine
Entre le conflit en Ukraine et les potentiels d’exportation de l’Union européenne, le marché du blé tendre dépend en grande partie des décisions de la Russie et de l’Ukraine.
Dans sa dernière analyse de marché, FranceAgriMer annonce une baisse de 2 Mt des exportations européennes. Ce retrait des pays de l’UE se compense par une présence plus marquée de la Russie et l’Ukraine.
Un marché lié aux exportations russes et ukrainiennes
Dans ces conditions, tous les regards se portent vers la Russie et l’Ukraine, indique Gautier Le Molgat, directeur d’Argus Media France. Malgré le conflit et les tensions géopolitiques, l’influence de ces deux pays s’est accentuée, en particulier du fait des exceptionnelles récoltes de blé russe depuis 3 ans. « L’équilibre du marché du blé tendre reste directement lié aux productions et aux exportations russes et ukrainiennes », continue le directeur d’Argus Media France.
Des baisses qui peuvent tendre le marché
Et pour alerter de la situation il poursuit : « toute évolution à la baisse des disponibilités de l’un de ces pays entrainera une tension sur le prix du blé tendre, notamment en cas de dégradation des conditions de culture au printemps ». L’état des lieux de la production, réalisé par les experts d’Argus Media auprès de son réseau, confirme la prédominance de la Russie sur le marché du blé.
Une récolte en hausse en Russie
Pour les analystes d’Argus Media, la Russie maintien un haut niveau de potentiel de production. Elle est estimée initialement à plus de 92 Mt de blé tendre. Pour rappel, en 2023, le pays a produit 91,4 Mt. Cependant, la Russie subi une vague de chaleur depuis quelques semaines. Alors, d’après les derniers chiffres de production recueillis par Argus Media, la Russie entamera la campagne de commercialisation 2024-2025 avec un potentiel de 104 Mt. Un niveau qui laisse augurer des capacités d’exportation en croissance. Il comprend les stocks initiaux et la production. Par conséquent, pour la troisième année consécutive, la Russie débutera la campagne avec plus de 100 Mt disponibles.
Ukraine : diminution des emblavements
Du côté de l’Ukraine, la situation est perçue comme moins favorable. En effet, Argus Media prévoit une production de blé à 19,93 Mt. Pour rappel, sur la campagne actuelle, l’Ukraine a produit 20,5 Mt. La diminution des emblavements explique cette baisse de production. Et pourtant, les conditions climatiques en Ukraine annoncent des rendements corrects. Ils sont prévus à 4,56t/ha contre 4,26 t/ha, en moyenne sur les cinq dernières années.
Une baisse des exportations françaises
Or, la situation des disponibilités à l’exportation de ces deux pays peut amener des tensions importantes sur le marché mondial. Pour mémoire, lors de l’invasion de l’Ukraine en février 2022, le prix de la tonne de blé s’est envolé. Il a fallu la mise en place des corridors humanitaires pour détendre les marchés. De plus, la situation en mer Noire impacte directement le marché français. Premier exportateur céréalier européen, la France enregistre, depuis trois campagnes, des baisses de ses exportations. Ainsi, FranceAgriMer estime les exportations françaises vers les pays tiers à 10 Mt. Un volume en baisse de 2% par rapport à la précédente campagne.