Conteneurs : les ports s’inscrivent sur une tendance positive
The Notteboom, professeur à Port & Maritim Economics, publie le bilan des 15 premiers ports européens. Ils s’inscrivent dans une tendance de hausse.
Les 15 premiers ports européens conteneurisés affichent une croissance de trafic sur les neuf premiers mois. Alors, après une année 2023 difficile, l’année 2024 offre un paysage plus optimiste, explique Theo Notteboom, professeur à Ports & Maritime Economics. En effet, sur les neuf premiers mois de 2023, les ports conteneurisés européens ont subi des baisses parfois importantes. Nous publions, ci-dessous, deux tableaux. En premier lieu, celui réalisé par Theo Notteboom sur les progressions de trafic. En second lieu, les chiffres que nous avons pu collecter auprès des autorités portuaires.

Les crises demeurent
Cependant, l’optimisme de 2024 ne doit pas oublier les crises que subit le monde maritime. « Les effets de la crise en mer Rouge et les modifications des routes maritimes marquent toujours les trafics des ports en Méditerranée occidentale et en Atlantique, à l’image de Sines, Valence et Barcelone », indique The Notteboom.
Hambourg n’a pas bénéficié de l’effet hub
Le classement européen demeure inchangé sur cette période. Rotterdam conserve sa pole position avec une croissance de 2,2% à 10,4 MEVP. Il est suivi par celui d’Anvers-Bruges dont la progression s’élève à 6,8% à 10,1 MEVP. Ainsi, les deux principaux ports nord-européens réduisent l’écart. Quant à Hambourg, il recule de 0,4% à 5,8 MEVP. Selon la direction du port, « de nombreux ports d’Europe de l’Ouest ont joué un rôle de hub de transbordement pour les trafics destinés à la Méditerranée en raison de la crise en mer Rouge. Hambourg n’a pas bénéficié de cet élément. » Sur ce range, Haropa Port reste à quelques encablures avec 2,56 MEVP. Cependant, le cluster portuaire normand affiche la plus forte progression des ports européens.
Tanger Med grignote des trafics à Algésiras
Dans le sud du continent, la situation contraste entre l’ouest et l’est de la Méditerranée. En effet, le déroutement des navires par le cap de Bonne-Espérance a largement profité aux ports de l’Ouest. Avec la baisse de fréquentation du canal de Suez, les ports de l’est méditerranéen ne jouent plus un rôle de hub. Ceci se remarque tout particulièrement au Pirée. En effet, le port grec accuse le coup et perd 9,8% de son trafic. Outre ce phénomène, Algésiras peine sur les trois premiers trimestres. Selon Theo Notteboom, « le port du sud de l’Espagne fait les frais d’une concurrence vive de Tanger Med. » Ce dernier grignote des parts de marché sur le détroit de Gibraltar.
L’effet d’aubaine de la crise en mer Rouge
Quant aux ports du centre de la Méditerranée, la situation reste contrastée. En effet, si le port de Gioia Tauro affiche une progression de 10,1%, celui de Marsaxlokk ne progresse que de 2,3%. La bonne tenue du port calabrais peut s’expliquer par l’arrivée de MSC. L’armement concentre une partie de ses transbordements dans ce port. L’effet d’aubaine joué par la crise de mer Rouge profite aussi aux ports espagnols. Ainsi, Valence gagne 15,4% sur les neuf premiers mois. Pour sa part, le port de Barcelone augmente son trafic de 21,4%. Enfin, en Méditerranée, le GPM de Marseille-Fos pourrait sortir de ce classement dès la fin de l’année, averti Theo Notteboom. En effet, le port de Las Palmas, situé en Atlantique, gagne 10,1% à 992 517 EVP. Si la hausse de trafic se confirme au cours du dernier trimestre, il pourrait remplacer le port phocéen dès 2025.
L’effet des nouvelles alliances sur les ports
Ce classement devrait rester sans grand changement en 2024. En 2025, les évolutions des ports conteneurisés européens pourraient connaître des évolutions importantes. Pour mémoire, en février, la redistribution des cartes entre les alliances maritimes implique une refonte des services. Or, Gemini, coopération entre Mærsk et Hapag Lloyd, a décidé de feederiser des ports, à l’image de celui du Havre. Une décision qui pourrait peser sur les trafics de 2025. Ajouté à cela, l’issue de la crise en mer Rouge et les effets de l’élection de Donald Trump, et le classement 2025 pourrait aussi redistribuer les places.