Corridors et logistique

GNL : la demande se remet timidement des suites du conflit Ukraine/Russie

Avec un léger redressement de la consommation mondiale, les échanges augmentent mais à un rythme plus modéré.

Après une baisse de 1,5 % en 2022, la consommation mondiale de gaz naturel s’est légèrement redressée en 2023, avec un taux de croissance estimé à 0,6 %, indique Cedigaz, organisation indépendante sur le GNL.

Les tensions de 2022 s’estompent

Pour mémoire, en 2022, lors de l’invasion de l’Ukraine par la Russie, les approvisionnements en GNL se sont contractés. La crise du gaz russe a entraîné des conditions de marché tendues. La croissance de l’offre mondiale de GNL était trop limitée pour compenser la réduction des approvisionnements en gaz russe vers l’Europe. Néanmoins, des facteurs économiques, technologiques et météorologiques ont détendu le marché. Ils ont aussi atténué la pression sur la demande et les prix en 2023.

Un rééquilibrage progressif

L’Europe se distingue par une très forte baisse de la demande, qui a atteint son niveau le plus bas depuis 1995. Sous l’effet de cette forte réduction de la demande de gaz naturel et du niveau record des stocks de gaz, les prix du gaz en Europe ont considérablement baissé tout en restant très volatils. Les prix spot du GNL en Asie ont suivi une trajectoire similaire. Le marché mondial a connu un rééquilibrage progressif tout au long de l’année 2023. Ainsi, les stocks de gaz naturel ont clôturé l’année au niveau le plus élevé de la fourchette quinquennale, ou presque, dans les trois régions clés (Amérique du Nord, Europe et Asie du Nord-Est).

La consommation mondiale de gaz progresse faiblement

D’un autre côté, la consommation mondiale de gaz a enregistré une faible augmentation de 0,6 %, représentant un volume supplémentaire de 23 Mdm3. Cette reprise n’a pas été suffisante pour compenser les pertes enregistrées en 2022. Par conséquent, la demande mondiale de gaz en 2023 est restée inférieure au niveau de 2021. Cette reprise limitée tient à plusieurs facteurs explique Cedigaz. Il s’agit, d’une part, du déclin de la production d’électricité à partir de gaz.

Le nucléaire prend le pas sur le GNL

Cette matière première est abandonnée au profit des énergies renouvelables et d’une production nucléaire plus intense en France, au Japon et en Corée du Sud. De plus, les conditions météorologiques douces ont réduit cette demande en raison de la douceur des températures (l’année 2023 entre comme la plus chaude jamais enregistrée). Encore, en Europe, le ralentissement économique continue de « détruire la demande », indique Cedigaz. En Chine, la reprise économique faible a pesé sur la demande.

Une forte baisse de GNL en Europe

Pour aller plus en détail, la consommation dans l’UE27 a diminué de 7,8 % pour atteindre 322 Md m3.  La forte réduction de la demande de gaz naturel en Europe a été compensée par une croissance relativement forte au Moyen-Orient et en Asie-Océanie et, dans une moindre mesure, aux États-Unis. En Asie, la demande intérieure de gaz de la Chine a rebondi de 8 % pour atteindre 386 Md m3. Les secteurs de consommation qui ont connu la plus forte croissance sont l’habitat, les services et l’industrie, suivis par la production d’électricité à partir de gaz et les transports.

La production de gaz augmente peu

Du côté de la production mondiale de gaz, les chiffres indiquent une progression de 0,5 % en 2023 à 4 090 Md m3. Cette croissance a été tirée par l’Amérique du Nord, qui a ajouté 51 Md m3. Une progression tirée notamment par les États-Unis. Les autres régions en croissance sont le Moyen-Orient (+16 Md m3) et l’Asie-Océanie (+5 Md m3). Des hausses qui compensent les baisses d’autres régions. Ainsi, la production russe a fortement diminué pour la deuxième année consécutive. Elle a perdu 35 Md m3. L’Europe, l’Amérique centrale et l’Amérique du Sud ont également enregistré des baisses de, respectivement, 17 Md m3 et de 5 Md m3.

La baisse du commerce par gazoduc

Alors, avec une demande en baisse et une croissance légère, les échanges de gaz baissent. Cedigaz souligne que cette « chute est significative pour la deuxième année consécutive. » Elle a atteint 980 Md m3 en 2023. Le commerce international par gazoduc a chuté de 8,6 % à 455 Md m3 en 2023. Un repli lié à la réduction des flux de gaz russe vers l’Europe qui perd 60 % en 2023. Et, depuis 2021, l’approvisionnement en gaz russe par gazoduc vers l’Europe a chuté de plus de 80 %. Cela représente une perte de 113 Md m3, soit 28 % de la consommation de l’UE27 en 2021.

Un développement du GNL à un rythme modéré

Quant au GNL, les échanges continuent à se développer, mais à un rythme plus modéré. La part du GNL dans le total des échanges de gaz est passée à 54 % en 2023. Elle était de 46% en 20221. Les États-Unis ont continué à mener l’expansion de l’offre mondiale de GNL. Ils sont devenus le premier exportateur de GNL, dépassant le Qatar. En Europe, la part de marché du GNL a continué de croître. Il entre à hauteur de 32 % de l’approvisionnement en gaz en 2022 à 37 % en 2023. De son côté, le gazoduc russe voit sa part de marché chuter de 30 % en 2021 à 7 % en 2023.