GPM Bordeaux : en 2023, la structure des trafics évolue vers la transition écologique
Le GPM de Bordeaux termine l’année 2023 avec un trafic de 6,1 Mt, en baisse de 5,6%. La conjoncture explique en grande partie cette diminution. Le port girondin garde néanmoins le cap avec une enveloppe de 15M€ pour ses investissements.
Les trafics du Grand port maritime de Bordeaux suivent la tendance générale des ports européens. Ainsi, en 2023, le port aquitain voit ses trafics se réduire de 5,6% à 6,1 Mt. « Nous sommes à un point bas. La conjoncture a joué contre nous cette année. Nous attendons un rebond pour 2024 », assure Jean-Frédéric Laurent, président du directoire du GPM de Bordeaux.
La mutation vers la transition énergétique
Ainsi, cette baisse de trafic se retrouve principalement sur les trafics dits « socle » du port. Les trafics « territoire » perdent globalement même si certains courants affichent des progressions. Enfin, les trafics « avenir » s’inscrivent en progression en 2023. Par conséquent, la structure des flux du port girondin tend à démontrer sa mutation vers la transition énergétique.
L’essence et le kérosène progressent
La catégorie des trafics socles se composent de ceux liés à l’énergie, des vracs agro-industriels et des matières premières industrielles. Concernant l’énergie, le GPM de Bordeaux perd 4,1% à 3,5 Mt. La baisse tient principalement aux entrées de gasoil qui perdent plus de 150 000 t. De plus, le charbon et le coke voient leurs trafics se réduire de plus de 47 000 t. Des diminutions qui sont partiellement compensées par la progression de l’essence et du kérosène. La région voit sa consommation s’améliorer après être fortement descendu depuis la pandémie.
Les céréales se tassent
Du côté des vracs industriels, la baisse est plus marquée. Ils perdent 16,4% à 1,04 Mt. Une diminution qui est tirée par les céréales. Au global, ce courant affiche un recul de 27,7% à 376 610 t. Pour le président du directoire, ce trafic bas s’explique par la mauvaise récolte, notamment en maïs. « Nous avons un trafic céréalier de plus de 300 000 t. Cependant, nous notre rythme de croisière se situe aux environs de 600 000 t. » Un potentiel intéressant, encore faut-il que la récolte suive. Enfin, les matières premières industrielles, dernier pied de ce trafic socle, perdent 9,5% à 260 402 t. Une baisse qui se remarque surtout sur l’ammoniac et le butadiène.
Les trafics « Territoire » baissent à cause des produits forestiers
Quant aux trafics dit « Territoire », des flux générés localement, ils affichent une diminution de 4,5% à 766 036t. En premier lieu, il s’agit des produits forestiers. Ils régressent de 65%. En effet, le trafic de grumes que le port a développé en 2022 s’est interrompu l’année dernière. Les autres courants de cette catégorie sont en progression. Elles n’ont pas compensé les perturbations des trafics de produits forestiers. Ainsi, le clinker et le quartz retrouvent des couleurs. Le retour du clinker s’explique en partie par la fin des travaux du hangar dans lequel est entreposé ce produit.
Conteneurs : un gain de 3% en tonnage
Et toujours dans cette catégorie, le trafic de conteneurs gagne 3% en tonnage à 285 224 t. Le GPM de Bordeaux gagne grâce à la progression des conteneurs pleins. En effet, le port a traité 19 794 EVP pleins. Sur la même période, les conteneurs vides diminuent. Au global, le trafic conteneurisé du GPM de Bordeaux s’établi à 24 359 EVP, en retrait de 3,2%.
Les bio-carburants augmentent
Enfin, le dernier trépied des trafics du port girondin se regroupent sous la catégorie « Avenir ». Avec 612 496 t, ce courant affiche une croissance de 8,8%. Il s’agit en premier lieu des bio-carburants. Des flux qui progressent fortement en 2023. Qu’il s’agisse d’EMHV, d’HVO et d’éthanol bio-sourcé, ils sont tous en progression. En second lieu, les matériaux de seconde vie viennent compléter ces flux. Si les ferrailles et le verre marquent un palier en 2023, les pneus broyés augmentent de plus de 55%.
Accompagner l’industrialisation et la décarbonation
Au final, les trafics du GPM de Bordeaux confirment la mutation vers la transition écologique. Pour le président du directoire, le port doit garder sa vocation industrielle pour répondre à la nouvelle demande en produits décarbonés. « Notre travail consiste à créer les conditions pour accueillir les industries de demain. Nous faisons partie des territoires à décarboner et le port doit accompagner ce mouvement », continue Jean-Frédéric Laurent. Et pour appuyer ses dires, il souligne l’importance de conserver les dépôts de vracs liquides. « Aujourd’hui nous stockons des produits pétroliers divers. Demain, nous devrons pouvoir accueillir des liquides décarbonés. Nous devons conserver ces installations. Il faut les adapter aux nouveaux trafics. »
Une enveloppe de 15 M€ pour les investissements
Alors, pour se faire, le GPM de Bordeaux consacre une enveloppe de 15 M€ pour les investissements. Des sommes consacrées à la rénovation des infrastructures et des superstructures. Parmi les travaux, le port rénove les voies ferrées pour améliorer la multimodalité. Sur le terminal de Bassens, après avoir achevé les travaux de réfection du terminal à conteneurs, le port s’attaque désormais à la réfection d’un terre-plein pour accueillir les produits de seconde vie.
Le Verdon : un avenir vers l’éolien
Aussi, le port examine avec attention l’avenir du Verdon. Ce terminal accueille chaque année une vingtaine d’escales de navires de croisière. La direction du port souhaite aussi lui attribuer un rôle pour les trafics liés à l’éolien. La décision attendue cette année sur les champs éoliens offshore en Atlantique sont une opportunité de développement. Le GPM de Bordeaux a répondu à l’appel d’offres du gouvernement avec les autres ports de la façade atlantique. De plus, le port scrute les évolutions sur le trafic d’automobiles. En 2022, le port girondin a traité trois escales de navires rouliers. Avec la « détente » de ce marché en Europe du Nord, la demande en terminaux se raréfie. « Nous n’avons pas à ce jour de nouveaux trafics prévus. Cependant, nous disposons de l’outil pour répondre à des demandes », rappelle Jean-Frédéric Laurent.
Conteneurs : la nécessité d’une seconde escale hebdomadaire
Outre ces développements, le port continue de travailler sur l’ouverture d’une seconde escale de ligne régulière conteneurisée. « Nous avons besoin de cette seconde fréquence hebdomadaire pour consolider notre trafic », assure le président du directoire. Aujourd’hui, le port n’annonce aucune arrivée imminente. Cependant, le travail continue pour une desserte de l’Europe du Nord à l’export ou depuis le sud de l’Europe, voire le Maroc, pour les importations. « Nous devons trouver le bon ajustement entre les importations et les exportations pour compléter la ligne actuelle du groupe CMA CGM. En effet, l’armement permet de positionner notre port sur les flux transatlantiques. » Pour le port, il faut maintenant disposer de connexions avec les lignes sur l’Asie.