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GPM de Dunkerque : une baisse des trafics en 2023 et une transformation du port

En 2023, le GPM de Dunkerque affiche une baisse de 10% de son trafic à 44 Mt. Une tendance qui se décline sur les différentes catégories de trafic. Le port entre dans une transformation vers la transition écologique et la réindustrialisation verte.

Après une année 2022 qui a frôlé les sommets, l’année 2023 n’a pas réussi à confirmer l’essai. En effet, le GPM de Dunkerque affiche une diminution globale de ses trafics de 10% à 44 Mt. Deux éléments expliquent cette situation. D’une part, la conjoncture économique participe à cette réduction de trafic. D’autre part, des perturbations ont limité l’exploitation de certains sites industriels.

Hydrocarbures et GNL diminuent

Pour aller plus en détail, les vracs liquides perdent 16% de leur activité à 11,7 Mt. Une diminution qui tient principalement à la baisse des trafics d’hydrocarbures. Ainsi, ils diminuent de 21% à 2,7 Mt. Un recul qui concerne aussi le terminal méthanier. En effet, avec 8,3 Mt, il perd 15,3% au cours de l’année. Cependant, en 2022, le terminal méthanier de Dunkerque a bénéficié de la demande importante en France pour la reconstitution des stocks nationaux de GNL. Au cours de cette année, il a vu son trafic progresser de 133%.

Le recul des minerais de fer et du charbon

Du côté des vracs solides, la situation est sensiblement identique à celle des vracs liquides. Ils s’affichent en recul de 12% à 14,3 Mt. Ce courant représente un tiers de l’activité portuaire. Les minerais de fer, le charbon et les céréales entrent pour 75% de ce secteur. S’agissant des premiers, ils reculent de 25% à 6,4 Mt en raison d’une activité ralentie d’ArcelorMittal. Le charbon se contracte aussi avec une diminution de 4% à 2,8 Mt. Le GPM de Dunkerque subi de plein fouet le plan charbon qui prévoit la réduction de cette matière première.

Céréales : un trafic divisé en trois

Quant au trafic de céréales, l’année calendaire prend en compte deux campagnes céréalières. Sur le premier semestre, le trafic de céréales a enregistré une bonne performance avec une progression. La récolte 2022 a donné des blés de qualité. Nord Céréales a ainsi pu diversifier ses destinations. Cependant, la première partie de la campagne céréalière 2023/2024, qui démarre le 1er juillet, ne donne pas les mêmes résultats. Ainsi, à fin novembre, Nord Céréales, le manutentionnaire dunkerquois, traite 550 000 t à l’export, soit trois fois moins qu’au cours de la même période de 2022. La compétitivité des blés de mer Noire a laissé une partie de la récolte 2023 dans les silos portuaires. Si les trois composantes majeures des vracs solides se tassent, les autres vracs solides du GPM de Dunkerque s’affirment. Avec une progression de 34% à 3,4 Mt, ces trafics comme le clinker et les matériaux de construction se portent bien.

Un palier de baisse pour les conteneurs

Enfin, du côté des marchandises diverses, la baisse de trafic se limite à 5%. Au total, en 2023, le GPM de Dunkerque a traité 18 Mt de marchandises diverses. Un recul imputable aux conteneurs et au fret roulier. Pour le premier, le port septentrional voit sa croissance continue depuis 10 ans faire un palier. Elle perd 10% pour s’établir à 650 000 EVP. Une baisse qui tient principalement à l’activité de transbordement. D’un autre côté, le trafic destiné à l’hinterland dunkerquois affiche une croissance de 11%. Cependant, elle ne suffit pas pour compenser le manque de boîtes transbordées.

Le roulier en baisse de 4%

Pour sa part, le fret roulier enregistre une diminution de 4% à 450 000 ensembles routiers. Ce trafic destiné à la Grande-Bretagne et à l’Irlande dépend en grande partie de la santé économique des deux îles. Or, en 2023, l’économie britannique et irlandaise a souffert. Enfin, les autres trafics de marchandises conventionnelles, comme l’acier, progressent de 9% à 1,5 Mt.

Dunkerque : le pôle français de la batterie pour véhicules électriques

Ces résultats sont aussi le reflet du changement à Dunkerque. Après avoir été un port tourné vers l’industrie lourde, il s’oriente désormais vers la réindustrialisation verte. L’annonce de l’implantation de deux sociétés pour la construction de batteries pour véhicules électriques, Verkor et Prologium témoigne de ce changement. Dunkerque veut s’affirmer comme un centre de construction de batteries. En effet, outre ces deux sociétés, Orano & XTC New Energy et Eramet et Suez s’implantent sur le port. La première produira des matériaux de cathodes pour les batteries électriques. La seconde va créer une usine de recyclage de batteries.

Une enveloppe de 160 M€

Or, pour accompagner ces développements, le GPM de Dunkerque investi dans de nouveaux aménagements. Il annonce une enveloppe de 160 M€ en 2024. En premier lieu, le port aménage la desserte routière du port ouest. Cela permettra un accès plus facile sur le site des futures usines de batteries tout en fluidifiant la circulation dans le port. Il s’agit de réaliser 7 km de voiries.

Un terminal de ferroutage pour 2025

En second lieu, le port confie au groupe Charles André la gestion d’un nouveau terminal de ferroutage. Le début des travaux est prévu cette année sur une surface de 9 hectares le long du faisceau de Loon-Plage. La mise en service est attendue pour 2025. Cet investissement s’intègre dans la stratégie de décarbonation du port pour proposer une offre rail-route aux industriels du port et aux utilisateurs des lignes conteneurs et ferry.

Cap 2020 : le projet avance

De plus, le GPM de Dunkerque s’est engagé dans un projet pour agrandir son terminal à conteneurs, le projet Cap 2020. Il s’agit d’étendre le bassin actuel du terminal pour disposer d’un linéaire de quai de 1000 m. Cap 2020 est passé à deux reprises devant l’Autorité environnementale. Elle a apporté des réserves sur certains points, sans que cela ne soit bloquant. Le port annonce que « 2024 devrait être l’année de la consolidation de cet investissement dans le cadre du projet stratégique 2025 – 2029 du port ».

Réorganiser le QPO

Dans le cadre de sa métamorphose, le GPM travaille à donner une nouvelle destination au QPO (Quai à Pondéreux Ouest). Ce terminal s’étend sur 120 hectares. Il a servi pendant des années à la réception de charbon et minerais. Face aux changements, l’espace dédié aux vracs secs est réduit puisqu’en 2023, le QPO a réceptionné 1,2 Mt. Il est prévu d’y accueillir l’usine d’Orano & XTC New Energy.

L’extension sur la logistique automobile

Enfin, le site de la SRD, qui accueillait la Raffinerie des Flandres, a été rendu au GPM après sa dépollution. Il est prévu d’y installer une unité de Engie Thermique France pour la capture et la conversion de CO2 en carburant de synthèse sur 17 hectares. Une autre partie, 9 hectares, doivent voir l’arrivée d’un terminal automobile. La gestion de cet espace est confiée à Ceva Logistics, filiale du groupe CMA CGM. En 2022, Ceva Logistics a vu l’arrivée de Gefco, commissionnaire spécialisé dans l’automobile, dans son giron. Face à la saturation de terminaux portuaires en Europe du Nord, l’ouverture d’un espace pour les véhicules neufs prend tout son intérêt.