Grain de Sail annonce la construction de son troisième navire
La direction de Grain de Sail annonce la construction d’un troisième navire. Il sera dédié au transport de conteneurs.
L’armateur malouin continue sa croissance. Le 23 octobre, les deux co-fondateurs de Grain de Sail, Olivier et Jacques Barreau, annoncent la construction d’un troisième navire. Le Grain de Sail 3 (GDS 3) est prévu d’entrer en flotte en 2027.
De GDS 1 à GDS 3, un coût de transport divisé par six
Ce navire est perçu comme l’évolution normale du groupe. Grain de Sail 1 est la première unité à voile normée marine marchande. « Nous avons appris à défricher les règlementations et à négocier pour sa conception. Nous avons beaucoup appris. Il nous a instruit pour construire Grain de Sail 2 », continue le directeur général. En mars, Grain de Sail 2 est entré en flotte. Comparativement, il est plus fiable que le premier, atteste les deux co-fondateurs. Avec Grain de Sail 3, le groupe multiplie par deux la longueur et s’ouvre au monde de la conteneurisation.
« Nous tuons le bilan carbone »
« Nous avons réduit les coûts de transport en les divisant par six depuis le premier navire », souligne Olivier Barreau, président du groupe. En faisant construire le deuxième navire, les coûts de transport sont divisés par deux. La mise en service du futur navire signifie une nouvelle coupe dans ces coûts. Ils seront divisés par trois. Certes, transporter des marchandises par Grain de Sail se réalise à des taux plus élevés que par des navires traditionnels fonctionnant au pétrole. « Ce surcoût du transport est justifié par la baisse des émissions de carbone de la chaîne logistique. Avec nos navires nous tuons le bilan carbone. »
Des voiles imaginées par les Chantiers de l’Atlantique
Le choix du chantier de construction n’est pas encore défini. Pour les architectes navals L2O Naval qui ont travaillé sur ce projet, la technicité de ce futur navire réside dans sa voilure. Les Chantiers de l’Atlantique ont su répondre aux dirigeants du groupe. Ils ont « inventé » un système de voiles solides. Le navire disposera de trois mâts avec chacun trois voiles. Deux voiles seront rigides, construites par les chantiers nazairiens.
Un tirant d’air de 50 m, pour passer sous le pont Verrazzano
Un balestron rigide accueillera les voiles. « Le défi imposé par Grain de Sail est de réduire le tirant d’air. Il fallait limiter la hauteur pour pouvoir passer sous le pont de Verrazzano à New-York situé à 62 m au-dessus de l’Hudson », indique Loys Leclercq architecte naval chez L2O Naval. Le navire disposera de 50 m de tirant d’air. Outre ces deux voiles solides, chaque mât disposera d’une voile souple. « Cette voilure permet de naviguer au plus près même avec un vent faible », assure Olivier Barreau.

Un investissement de 35 M€
Ces nouveautés techniques rendent le navire plus automatisé. Les voiles se manieront avec une plus grande efficacité et plus de simplicité. Le balestron et les voiles rigides s’actionnent par des commandes à distance depuis la passerelle. Ce système offre ainsi 4800 m2 de voilure pour adapter le navire à toutes les navigations. Au total, GDS 3 représente un investissement de 35 M€, soit 3,5 fois plus que le GDS 2. « En doublant la capacité de chargement, le coefficient multiplicateur sur le prix est de 3,3 », rappelle la direction du groupe.
L’entrée dans la conteneurisation
Outre ces innovations technologiques, le GDS 3 ouvre une nouvelle ère pour le groupe. Il transportera des conteneurs. Il pourra charger 200 EVP. Pour Grain de Sail, cela signifie d’entrer dans une nouvelle dimension. En effet, jusqu’à présent les deux navires chargent des palettes dans leurs cales. Ainsi, après son activité de torréfacteur et de chocolatier, Grain de Sail entre véritablement dans la logistique. Le groupe a créé une structure pour réaliser des opérations de commission de transport depuis quelques années. « Nous proposerons des transports de bout en bout à nos clients », expliquent les deux fondateurs.
La décarbonation peut se faire aussi sur le terrestre
Cependant, sur le terrestre, la décarbonation n’est pas encore de mise. Les opérations se réalisent avec des camions fonctionnant au pétrole. « Nous avons réalisé, aux États-Unis, une opération de livraison par camions électriques. Nous pouvons décliner cela dans d’autres pays à condition de disposer de matériel pour le faire », nous a confié Olivier Barreau.
Un plan d’entreprise avec cinq objectifs
La conception de ce nouveau navire entre dans le plan d’entreprise. Appelé Cap 2030, il prévoit cinq orientations. La construction de ce navire représente un point important. Les autres dispositifs de ce plan prévoient de poursuivre et intensifier la commercialisation des produits de Grain de Sail (café et chocolat) tant en Europe qu’aux États-Unis. Il prévoit aussi d’augmenter la capacité commerciale du groupe pour améliorer le taux de remplissage des navires.
Une ouverture du capital
Et pour se faire, Grain de Sail prévoit d’ouvrir son capital. « Nous allons mener une opération de levée de fonds de 20 M€ », indique Jacques Barreau. Des fonds qui serviront à couvrir les frais de marketing du groupe. Et à terme, la partie transport maritime du groupe doit prendre de l’importance. « Nous réalisons actuellement environ 15% de notre chiffre d’affaires sur le transport maritime. Nous visons une part de 40% à l’horizon 2030 », nous a indiqué le président du groupe.

Se développer avec les vents
Actuellement, les deux navires assurent des rotations en France et en Atlantique. GDS 1 assure des rotations entre les îles du Morbihan. Il effectue des tests sur Belle-Île. Quant à GDS 2, il assure des rotations entre Saint-Malo, New-York, les Caraïbes (République Dominicaine et Guadeloupe) et l’Amérique du Sud. « Nous ne sommes pas fermés à des développements, assurent les fondateurs du groupe. Cependant, nos navires sont avant tout adaptés à des mers avec des vents suffisants. Cela nous limite quelque peu. Ainsi, il est difficile d’imaginer, aujourd’hui, desservir le golfe de Guinée en raison des conditions météorologiques. »