La congestion portuaire inquiète les opérateurs
La congestion portuaire revient, selon Linerlytica. Les temps d’attente devant le port de Singapour s’allongent et se répercute sur les autres ports régionaux.
Le marché de la conteneurisation chauffe. Alors que depuis le début de l’année ce sont plus de 1,6 MEVP de capacité mis sur le marché par l’arrivée de navires neufs, le manque de navires demeure, indique dans son dernier rapport hebdomadaire Linerlytica. Ces entrées en flotte ne suffisent pas à répondre à la demande.
Une augmentation de la capacité
La raison est mathématique. D’une part, le marché entre dans la saison haute. Les distributeurs démarrent leurs approvisionnements pour les fêtes de fin d’année dès le mois de juin. En sortie d’Asie, et plus particulièrement de Chine, les navires affichent souvent complet. Or, les attaques des Houthis obligent les armateurs à se dérouter par le cap de Bonne-Espérance. Dans ces conditions, le maintien de services hebdomadaires oblige les armements à augmenter leur capacité.
Un manque de 500 000 EVP
Dans ce contexte, le déroutement des navires a réduit la capacité de la flotte de 1,6 MEVP, continue Linerlytica. L’ajout de nouvelles capacités aurait pu compenser le déroutement des navires. C’était sans compter avec la congestion portuaire. En effet, les « embouteillages » devant les ports retire environ 500 000 EVP du marché. Linerlytica estime à 2,5 MEVP, soit 8,4%, de la flotte mondiale, le nombre de conteneurs bloqué par la congestion portuaire. Au final, il manque plusieurs milliers de conteneurs pour revenir à un équilibre entre l’offre et la demande.
Les hubs portuaires s’engorgent
Pour rétablir les schedules, les armateurs concentrent leurs opérations dans les hubs. Alors, « les conteneurs s’accumulent dans les ports de transbordement », souligne Jayendu Krishna, directeur adjoint du bureau de Singapour de Drewry. Les chiffres parlent d’eux-mêmes ? De janvier à mai, le trafic de Singapour a progressé de 22%. Cette hausse de trafic signifie aussi des temps d’attente allongés pour les armements. Certains navires patientent jusqu’à une semaine avant de décharger.
Une congestion qui fait tache d’huile
Pour pallier ce problème, les armements tentent de reporter une partie de leur trafic dans d’autres ports comme Port Klang et Tanjung Pelepas. Alors, la congestion à Singapour se reporte désormais dans les autres ports de la région. D’autant que le phénomène s’étend en Chine avec des temps d’attente de plusieurs jours à Shanghai et Qingdao. Face à cette situation, le manutentionnaire singapourien, Port of Singapore Authority, a décidé de remettre en service des quais abandonnés comme à Keppel.
La congestion portuaire se décline sur tous les continents
Cette congestion touche tous les continents. Linerlytica dénombre 36 navires en attente le 26 juin à Rotterdam. À Anvers-Bruges, ce nombre s’élève à 16. Il est de neuf navires à Valence. Devant Haropa Port, cinq navires sont en attente. Pour mémoire, 49 navires patientent devant Singapour à la même date et 26 à Port Klang. Cette attente devant les ports que les observateurs ont souvent qualifié de « souci majoritairement africain » se décline mondialement.
Et si la grève touche les ports de la côte est des États-Unis
Jusque quand ces perturbations vont-elles touchées le monde maritime et portuaire ? Certains expliquent qu’avec la fin des attaques des Houthis, le marché pourrait reprendre son cours normal. Cependant, sans intervention militaire internationale, il paraît peu probable que la situation dans le détroit de Bab el Mandeb s’arrange seule. Enfin, une autre menace plane sur le monde portuaire. Les menaces de mouvement social dans les ports de la côte est des États-Unis pourraient aggraver ce phénomène.