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Les 12 travaux du Port autonome de Cotonou

Le Port autonome de Cotonou s’engage dans un programme de travaux de grande envergure. Des investissements estimés à 450 Md FCFA (685,9 M€).

Depuis 2018, Port of Antwerp International assure la gestion du Port autonome de Cotonou. Une concession que le gouvernement du Bénin a voulue pour donner un nouveau dynamisme au port face à ses concurrents que sont Lomé, Tema et Lagos. Le contrat de trois ans renouvelables deux fois entre dans sa dernière phase. Pour la direction, le dernier volet de ce contrat (il a été renouvelé en 2021 et 2024) s’engage avec un programme lourd d’investissements.

Une enveloppe de 450 Md FCFA

Pour parvenir à cet objectif de performance, le port du Bénin s’engage dans un programme d’investissement de grande envergure. Ainsi, Port of Antwerp International et les autorités béninoises consacrent une enveloppe de 450 Md FCFA (685,9 M€) pour sa modernisation. Au total, « ce sont douze projets que ce programme prévoit », nous a confié Kristof Van den Branden, directeur commercial et marketing du Port autonome de Cotonou.

La construction d’un terminal pour les vracs

En effet, cette liste des douze travaux (voir encadré ci-dessous) semble un véritable défi à réaliser, à l’image d’Hercule devant expier ses fautes. Parmi les principaux investissements, il est prévu la construction d’un terminal pour les trafics de vracs et de marchandises diverses. Ainsi, la construction de ce terminal est en cours. « Nous avons commencé les travaux avec l’entreprise chinoise CHEC. Ils s’achèvent en 2025 », précise Kristof Van den Branden.

Attribuer la concession pour la manutention

Dédié aux trafics de vracs et de marchandises conventionnelles, la prochaine étape vise à attribuer une concession pour la manutention de ce terminal. Après la liquidation de la Sobemap (entreprise de manutention béninoise), il est envisagé de confier la gestion de ce terminal à une co-entreprise entre une société internationale et des investisseurs privés béninois. Finalement, le terminal 5 disposera de 530 m de quais avec un tirant d’eau de 16 m.

La rénovation du quai Nord

Le deuxième projet concerne le quai Nord du port. Aujourd’hui, ce quai limite la réception de navires à ceux comportant une longueur maximum de 300 m. Pour améliorer la capacité de réception, le Port autonome de Cotonou prévoit la réalisation d’une digue en entrée de port et le déroctage des point hauts dans le bassin. Avec ces ouvrages, le terminal 1, situé sur la partie nord du port, pourra recevoir des navires de plus grande capacité. En effet, ce terminal dédié aux trafics conteneurs doit permettre d’accueillir des navires de plus grande taille.

L’agrandissement du terminal des hydrocarbures

Par ailleurs, dans le fond du port, sur le terminal 3, le quai est allongé et l’espace de stockage agrandi. La fin des travaux s’estime en 2026. « À cette date, continue Kristof Van den Branden, le port disposera de 1260 m de linéaires de quai. Quand nous aurons achevé l’ensemble de ces travaux, nous procéderons à l’approfondissement des souilles devant les quais pour atteindre 16 m de tirant d’eau. » Quant au terminal 4, dédié aux trafics d’hydrocarbures, il sera agrandi. Il est prévu d’ajouter un nouvel appontement. Une réalisation qui doit démarrer après la fin de la construction du quai 5. » Alors, selon le calendrier prévisionnel du port, la mise en chantier doit démarrer en 2025.

Le futur opérateur du terminal à conteneurs

Effectivement, ces différents projets s’inscrivent dans la stratégie du gouvernement et du port de conserver un atout concurrentiel dans le monde de la conteneurisation en Afrique de l’Ouest. Actuellement, le terminal est géré par le groupe AGL, anciennement Bolloré. Le futur terminal à conteneurs de Cotonou doit encore faire l’objet d’un appel d’offres. Même si AGL mène la course en bonne position, l’autorité portuaire de Cotonou regarde avec attention les différentes offres.

Une concurrence dirigée vers les pays enclavés

Néanmoins, la concurrence entre ports, dans la sous-région d’Afrique de l’Ouest, s’appréhende différemment qu’en Europe. En effet, les trafics du pays se réalisent en grande majorité par les ports du pays. Peu de marchandises d’un pays est détourné vers un voisin. « La concurrence est plus prégnante pour les pays enclavés. Cependant, les opérateurs choisissent les corridors naturels entre ces pays et la porte maritime », précise Kristof van den Branden.

Cotonou : un port pour le trafic local

Cependant, la reprise des ports du groupe Bolloré dans la région par MSC interroge. Les professionnels attendent du nouvel ensemble (AGL) de connaître le rôle que chaque port joue. Pour sa part, le Port autonome de Cotonou précise que sa stratégie n’a jamais été de se positionner comme un hub de transbordement. « Bien plus, des ports comme Lekki pour le groupe CMA CGM, Lomé pour MSC, Abidjan et Tema pour Mærsk s’imposent comme des hubs. Notre ambition est de nous imposer comme un port pour le trafic local et les pays enclavés. » Cependant, continue Kristof van den Branden, l’accord avec Bénin Terminal, opérateur de l’actuel terminal à conteneurs, est clair sur les conditions et les garanties de sa place dans la sous-région.

Le parking Zongo pour décongestionner le port

Par ailleurs, pour compléter son offre logistique, le Port autonome de Cotonou développe une activité logistique. Alors, pour un développement harmonieux de cette filière, le port travaille en deux phases. La première vise à « débarrasser » les camions en attente du terminal. « De nombreux chauffeurs routiers attendent pendant plusieurs jours pour charger leur camion. Cela créé un engorgement sur le terminal. » Face à ce constat, l’autorité portuaire a décidé de créer un parking à Zongo. Plus qu’un simple parking, il s’agira d’un « truck center » dédié aux chauffeurs routiers. Il s’étend sur 14 hectares pour recevoir 850 camions.

L’obligation de la prise de rendez-vous

De plus, ce parking deviendra un passage obligé pour les transporteurs routiers. L’objectif du port est de faire de cet espace un lieu d’attente. Pour accéder aux terminaux, les chauffeurs devront prendre rendez-vous. Une obligation qui se fera par l’intermédiaire du système d’informatique portuaire du port. Enfin, l’entrée et le stationnement dans ce parking Zongo seront accessibles avec le paiement d’un péage.

L’Africa Logistic Zone

La seconde phase de ce développement logistique concerne la création d’une zone dédiée. Elle est prévue en fond de bassin, à l’ouest des quais. Elle s’étendra sur 55 hectares et se dénommera Africa Logistic Zone. « Nous voulons attirer sur cet espace des entreprises qui apportent de la valeur ajoutée aux marchandises. Il peut s’agir de sociétés logistiques mais aussi de centres de distribution d’industriels », explique le directeur marketing du port. Une zone qui sera gérée par une co-entreprise entre le port et une société privée.

Tout bien pesé, ces travaux doivent porter le Port autonome de Cotonou vers un nouvel avenir tourné vers son pays et ses voisins. Si la stratégie du port n’est pas de devenir un hub de transbordement, elle permet au port de jouer son véritable rôle : un lieu de transit entre terre et mer.

 


Les douze projets du plan de modernisation du Port autonome de Cotonou

Le plan de modernisation du Port autonome de Cotonou prévoit 12 projets. Nous listons ces projets sans ordre de priorité ni de réalisation.

  • La construction du terminal 5 ;
  • L’extension du bassin portuaire et la rénovation des quais Nord ;
  • L’accès centralisé et le parking Zongo ;
  • La construction de la zone logistique portuaire ;
  • La construction du deuxième poste pour les hydrocarbures ;
  • Le réaménagement de la zone de services nautiques ;
  • La plate-forme logistique du Grand Nokoué ;
  • La construction du nouveau port de pêche artisanale ;
  • La construction du centre des affaires maritimes ;
  • Le relogement des vendeuses du boulevard de la marina ;
  • La construction d’un hangar d’accueil à Zongo ;
  • La rénovation de la clôture du port.