Corridors et logistique

Maïs : L’Espagne, un marché pour les États-Unis et le Brésil

En Espagne, tant l’Amérique du Nord que l’Amérique du Sud tente de prendre des parts de marché dans le premier pays importateur de l’Union européenne.

La mauvaise récolte de maïs en Ukraine permet aux pays d’Amérique du Nord et du Sud de s’imposer sur le marché ibérique, indique Argus Media dans son dernier article. L’Espagne remporte la première place au titre des pays importateur de maïs en Europe. Selon les données de l’USDA (US Department of Agriculture), le pays englobe 40% des importations européennes de maïs.

Les États-Unis ont exporté cinq fois plus de maïs en 23/24

Or, le pays s’alimente généralement sur le marché français, roumain et ukrainien. Ces trois pays enregistrent une baisse conséquente de leur récolte lors des dernières campagnes céréalières. Pour compenser l’Espagne se tourne vers de nouvelles origines. Ainsi, sur la dernière campagne, les États-Unis ont exporté 590 900 t de maïs vers ce pays. « Un chiffre multiplié par cinq comparativement aux exportations moyennes de ces cinq dernières années », note Argus Media. L’explication de ce changement d’origine tient principalement aux prix proposés outre Atlantique que pour des raisons logistiques.

Des prix compétitifs

L’attrait des céréales nord-américaines tient aussi aux prix CAF (coût, assurances et fret) offert par les négociants américains. Ils restent plus compétitifs que leurs homologues brésiliens, continue Argus Media. De plus, l’augmentation de la demande intérieure brésilienne réduit le potentiel exportable.

Le potentiel exportable ukrainien en baisse

De plus, la récolte ukrainienne s’annonce basse. Selon les prévisions d’Argus, l’Ukraine devrait produire 22,8 Mt de maïs cette année, soit 10 Mt de moins que la moyenne des cinq dernières années. En outre, les stocks ukrainiens de fin de campagne sont à des niveaux bas. Deux paramètres qui amènent Argus à réduire le potentiel exportable de maïs ukrainien à 18 Mt sur cette campagne, soit le chiffre le plus bas des sept dernières années.

Le Brésil doit exporter 36 Mt sur la campagne

Dans ces conditions, tant le Brésil que les États-Unis voient en l’Espagne un marché à conquérir. Les exportations brésiliennes vers l’Espagne pourraient progresser dans les prochains mois. Ces dernières semaines, les négociants brésiliens ont favorisé les acheteurs nationaux. Ces derniers ont augmenté leur demande pour produire de l’éthanol. Ils ont proposé des prix plus élevés que ceux du marché espagnol. « Cependant, la demande depuis le marché méditerranéen de l’Espagne se maintien, note Argus. Alors, les exportations de maïs brésilien sont susceptibles d’augmenter au cours des prochains mois. Les objectifs fixés par l’administration brésilienne prévoient un volume de 36 Mt sur la campagne 24/25. Cela oblige le pays à exporter 4,5 Mt par mois entre septembre et janvier.

Compenser le maïs par du blé fourrager

Ce retournement du marché espagnol tient aussi à la baisse conséquente de la production céréalière en France. Les récoltes de blé et de maïs sont tombées à des niveaux bas. La récolte de maïs en France ne devrait pas dépasser les volumes réalisés en 2020. Quant à la Roumanie, autre pays d’achat traditionnel de l’Espagne, sa production est aussi en panne. Elle ne devrait pas dépasser son niveau de 2012, déjà faible. Cependant, si l’Espagne regarde outre-Atlantique pour ses approvisionnements en maïs, elle ne manque pas de jeter un œil sur le blé de qualité fourragère en Ukraine. Les acheteurs ibères proposent des prix 15$/t plus chers que ces concurrents pour alimenter son marché. Entre Ukraine, Brésil et États-Unis, l’Espagne fait le marché. Néanmoins, cela peut tourner à son désavantage si la Chine décide d’entrer sur ce marché et de proposer des prix encore plus élevés. La bataille des céréales démarre.