Martinique : le Grand port maritime mis à contribution
Le 16 octobre, les représentants de l’État, de la collectivité territoriale et les opérateurs privés ont signé un protocole d’accord pour lutter contre la vie chère. Le Grand port maritime participe à l’effort demandé.
Les manifestations contre la vie chère en Martinique ne sont pas finies. Le 21 octobre, des opérations « molokoï » (du nom d’une tortue locale) perturbent le réseau routier. Une situation qui dure depuis plusieurs semaines. À l’origine de ce mouvement, le RPPRAC (Rassemblement pour la Protection des Peuples et des Ressources Afro-Caribéens) qui demande des baisses de prix conséquentes sur de nombreux produits. Du côté des habitants, les craintes d’un durcissement de ce mouvement se font sentir. « Les Martiniquais font des réserves par crainte de ne plus voir des produits essentiels disponibles dans les rayons dans les prochains jours. Ils s’approvisionnent en essence aussi », nous a confié un responsable d’une entreprise locale.
Baisser les prix de 6000 produits
Or, cet appel à de nouvelles perturbations intervient alors qu’un protocole d’accord a été signé le 16 octobre. Cet accord vise à réduire les prix en Martinique au travers de trois axes. Le premier volet est de faire baisser les prix de plus de 6000 produits regroupés dans 54 familles. Le second point concerne les actions en faveur de la baisse des prix de l’ensemble des produits de l’alimentation. Enfin, le protocole prévoit d’agir pour la refondation du modèle économique.
Le RPPRAC n’a pas signé le protocole
Au total, ce protocole se décline en 28 points. Ils visent tous à permettre de réduire le prix des produits dans les supermarchés. Or, si les personnalités politiques locales, les représentants de l’État et les opérateurs privés ont signé le document, il manque le paraphe du RPPRAC. Selon le site de Martinique 1ere, l’organisation « considère que cette diminution annoncée des tarifs doit concerner 40 000 produits de consommation courante au lieu des 6 000 références retenues. »
La baisse de l’octroi de mer
Ce protocole implique des actions de nombreuses sociétés privées. En premier lieu, les importateurs grossistes sont mis à contribution tout comme les enseignes de distribution. De son côté, la Collectivité territoriale de Martinique accepte de baisser l’octroi de mer. Une proposition qui doit être acceptée lors d’un vote en séance plénière. Pour sa part, l’État appliquera une TVA à taux nul sur les produits visés par l’accord.
Le groupe CMA CGM participera par des contributions volontaires
Outre les instances publiques, les opérateurs privés sont appelés à participer à l’effort général. Ainsi, le groupe CMA CGM est mis à contribution. Il est prévu que l’armement participera au travers de contributions « volontaires et privée » au « mécanisme de compensation permettant de réduire les frais d’approche. » Des points qui doivent encore être négociés. Selon nos informations, ce système doit aussi concerner le groupe Marfret qui assure une partie des approvisionnements depuis l’Hexagone. Contacté, le groupe CMA CGM n’a pas répondu à nos questions sur les modalités de sa participation.
La péréquation des frais portuaires par le GPM
De son côté le Grand port maritime de la Martinique entre dans le jeu. Il s’engage à mettre en place « une péréquation des frais portuaires ». Pour la direction du GPM, la politique tarifaire mise en place demeure « équilibrée pour limiter l’impact des droits de port sur le coût final des produits. » Selon plusieurs sources, les droits de port représentent 10% du coût du transport. Et le GPM accepte d’aller encore plus loin. Il propose une tarification différenciée pour les produits de première nécessité. Il propose un gel ou une réduction pour les produits essentiels sur les cinq prochaines années.
Une baisse sur les produits essentiels compensée par une hausse des autres produits
Cette péréquation des produits se fera en deux temps. Le premier vise à identifier les produits entrant dans la catégorie 04 de la nomenclature douanière. Dans un second temps, il est prévu d’augmenter les droits de port des produits non alimentaires en compensation. Ainsi, un conteneur chargé de produits alimentaires de la catégorie 4 et d’autres produits se verrait appliquer une réduction uniquement sur les premiers. Pour le GPM, cette mesure signifie une perte de revenus. Pour qu’elle s’applique, cette décision doit faire l’objet d’une approbation par les différentes instances du port. Cette disposition de tarifs différencié est attendue pour le 1er janvier 2025.
Les installations portuaires affectées par le mouvement
Les évènements en Martinique ont touché le GPM de la Martinique. Dans la nuit du 9 au 10 octobre, les infrastructures portuaires ont subi des actes de vandalisme. Ainsi, un incendie a ravagé le parc automobile du port, brulant 150 véhicules du parc. De plus, les grilles du port subissent des perturbations empêchant l’entrée et la sortie de marchandises. « Conscients des conséquences économiques de ce drame, nous nous engageons à accompagner nos clients dans cette épreuve, en mettant en place des mesures adaptées pour faciliter la reprise de leurs activités dans les meilleurs délais », indique un communiqué de presse du port.