Corridors et logistique

Mayotte : après les ravages du cyclone Chido, les secours se déploient par les airs et la mer

À la suite du passage du cyclone Chido sur Mayotte, le 14 décembre, la logistique de l’aide aux populations s’organise. Nous reprenons, ci-dessous, un article de la rédaction de Mer et Marine.

Au moins une vingtaine de personnes sont décédées, selon un décompte très provisoire, à la suite du passage du cyclone Chido sur l’archipel de Mayotte, le 14 décembre. Plusieurs bâtiments de la Marine nationale, ainsi que le Marion Dufresne font partie des moyens engagés pour venir en aide à la population.

Des vents de 220 km/h

Le préfet de Mayotte a déclenché la pré-alerte cyclonique dès le 11 décembre. Trois jours plus tard, c’est un « cyclone tropical intense », avec des vents allant jusqu’à 220 km/h, qui a ravagé l’archipel de 320 000 habitants, le plus pauvre des départements d’Outre-mer.

Un bilan humain lourd

Les premières images aériennes balayant le territoire ont montré de multiples amoncellements de tôles ondulées qui composent les habitats précaires que l’on retrouve un peu partout sur l’archipel, et notamment sur les hauteurs de Mamoudzou, chef-lieu de Mayotte. « Il faudra des jours et des jours » pour établir un bilan humain, a indiqué Bruno Retailleau, le ministre démissionnaire de l’Intérieur, à son arrivée à Mayotte, le 16 décembre, tandis qu’une réunion de crise a été présidée dans la soirée, place Beauvau, par Emmanuel Macron, qui a annoncé se rendre sur place dans les jours qui viennent. Le chef de l’État va par ailleurs décréter une journée de deuil national. Un bilan provisoire fait état de 20 morts, mais le préfet a prévenu dès le 15 décembre qu’il pourrait être bien plus lourd et atteindre plusieurs centaines de personnes décédées, voire davantage.

Des évacuations d’urgence vers La Réunion

Sur place, les infrastructures ont elles aussi beaucoup souffert. À commencer par l’hôpital, le seul de Mayotte, « très endommagé », a précisé la ministre démissionnaire de la Santé, sur France Télévisions. Geneviève Darrieussecq a annoncé que, le 16 décembre, plusieurs vols ont permis de réaliser « 25 premières évacuations sanitaires de patients en situation urgente » depuis l’hôpital et les centres de dialyse de Mayotte vers La Réunion. D’autres opérations de ce type sont prévues dans les jours qui viennent.

L’aéroport suspend les vols commerciaux

Le dégagement des axes routiers est encore en cours, les réseaux téléphoniques et Internet restent très perturbés, ainsi que les réseaux d’alimentation en eau potable et en électricité. Des équipes d’EDF et Enedis ont notamment été dépêchées dans l’île. Privé de sa tour de contrôle, l’aéroport a suspendu les vols commerciaux jusqu’au 19 décembre au moins. Seuls les avions militaires acheminant des moyens depuis La Réunion notamment sont autorisés.

Le port de Longoni sans dégâts majeurs

Par chance, le port de commerce de Longoni n’a pas subi de dégâts majeurs et il sera certainement précieux pour l’acheminement de l’aide humanitaire. D’après La 1ère, « les grues ont été abaissées par précaution, mais les infrastructures du port de Longoni sont intactes. Des conteneurs ont en revanche été déplacés et les locaux des douanes ont été inondés ».

La station de pilotage gravement touchée

La station de pilotage maritime de Mayotte a quant à elle été gravement touchée, sans faire de blessé, selon André Gaillard, président de la Fédération française des pilotes maritimes (FFPM), qui a publié d’impressionnantes images sur le réseau LinkedIn. Le matériel nautique ayant été mis à l’abri à temps, « le service de pilotage pourra donc reprendre dès demain (le 16 décembre, NLDR). Il sera crucial pour permettre l’arrivée des moyens nautiques nécessaires au secours des nombreuses victimes et à la reconstruction de l’île ». La frégate de surveillance Floréal, basée à La Réunion, devrait arriver le17 décembre, alors que d’autres moyens maritimes vont arriver depuis La Réunion.

Le trafic de la STM suspendu jusqu’à nouvel ordre

Des médias ont diffusé des images du ferry amphidrome Karihani, de la STM (Société des transports maritimes, un service du conseil général de Mayotte), échoué, avec une brèche dans la coque, à Mamoudzou où tous les petits bateaux ont visiblement été jetés à la côte. Ce navire de 50 mètres de long par 13 mètres de large avait été inauguré en 2017. D’après Mayotte Hebdo, d’autres amphidromes ont été déplacés par la violence de l’ouragan. « Le Polé est à Hamaha, le George-Nahouda est sur un îlot entre Petite-Terre et Grande-Terre. Les deux nouveaux amphidromes, Imane et Chatouilleuse, ont été retrouvés à la pointe Mahabou. Un vieil amphidrome, qui appartient désormais à la préfecture de Mayotte, est actuellement dans la mangrove de Doujani. » Le trafic de la STM est interrompu jusqu’à nouvel ordre.

La SGTM impactée

La compagnie maritime SGTM – Maria Galanta, spécialisée dans le transport de passagers entre Mayotte et les Comores, a suspendu ses rotations dès les 12 décembre, en prévision du cyclone. Elle n’a pas encore communiqué sur une éventuelle date de reprise, tandis que les barges qui circulent habituellement entre Petite-Terre et Grande-Terre sont réservées à l’acheminement des moyens de secours. La Marine nationale participe aussi à ses rotations avec le vieux chaland de transport de matériel (CTM) basé à Mayotte et qui a survécu au cyclone.

Port Réunion joue un rôle de hub

Distante de 1400 km, l’île de La Réunion joue un rôle de hub pour le pont aérien et maritime organisé par les autorités en direction de Mayotte. Un vol d’A400M, ainsi que deux vols Casa et Dash seront ainsi assurés chaque jour vers Mayotte, a indiqué dimanche soir le ministre démissionnaire des Armées, Sébastien Lecornu. En plus de la frégate de surveillance Floréal, déjà présente dans la zone, le bâtiment de soutien et d’assistance outre-mer (BSAOM) Champlain est également mobilisé. Il a chargé des conteneurs avant de quitter Port Réunion pour rallier Mayotte. Le navire océanographique et ravitailleur Marion Dufresne, engagé depuis le 18 novembre dans sa dernière rotation annuelle de ravitaillement des Terres australes et antarctiques françaises (TAAF), va quant à lui être mis à disposition « dans les prochains jours », avec « un hélicoptère utile aux missions de reconnaissance et de secours », ont fait savoir les autorités.

CMA CGM dépêche un porte-conteneurs sur zone

Un porte-conteneurs de la compagnie CMA CGM doit par ailleurs être mobilisé pour livrer des bouteilles d’eau et des denrées alimentaires. Enfin, le déploiement depuis la métropole d’un porte-hélicoptères amphibie (PHA) a été évoquée. Tout dépendra de l’ampleur des dégâts et des besoins de secours à la population dans la durée. Un tel bâtiment, avec ses capacités aéronautiques, amphibies, logistiques et médicales, mais aussi la possibilité de loger plus de 400 personnes à bord en plus de l’équipage (par exemple les équipes de secours), serait très précieux. Mais il lui faudrait près de trois semaines pour rallier Mayotte depuis Toulon.