Corridors et logistique

Niger : tensions diplomatiques et solutions logistiques

La situation entre le Niger et le Bénin s’est à nouveau tendue. D’un autre côté, le Togo tente de tirer profit de la situation. Une situation qui nécessite, de la part des opérateurs, des solutions pour maintenir l’activité.

Entre le Niger et le Bénin, c’est « Je t’aime, moi non plus ». Fin mai, le Bénin décide d’ouvrir le port de Cotonou pour l’exportation du brut nigérien. Un premier navire a chargé le 21 mai. Un apaisement de courte durée. Le 6 juin, selon plusieurs agences de presse, le Niger décide de fermer le robinet du pipe-line qui relie les deux pays. La tension diplomatique reprend le dessus.

La fermeture des frontières en juillet 2023

Et pourtant, le Niger dispose de nombreuses ressources : pétrole, uranium, mais aussi une production agricole faiblement exportatrice. La majorité des flux avec le Niger se réalisent à l’importation. Cependant, le. Niger exporte, vers ses voisins, une grande quantité de riz. Dès le mois de juillet 2023, le gouvernement a interdit l’exportation de riz et de certaines céréales. Alors, la fermeture des frontières vers les pays limitrophes au sud a perturbé les schémas logistiques.

Du Bénin vers le Burkina Faso puis le Niger

Avec la reprise des trafics par pipe-line vers le port de Cotonou, les opérateurs ont espéré un retour de l’activité. La fermeture, moins de deux semaines plus tard, a fait voler en éclats cet espoir. Cette tension diplomatique à plusieurs variables constitue un véritable casse-tête pour les logisticiens. Le fret destiné au Niger emprunte des routes alternatives. Il passe par le Nigéria, le Togo ou le Burkina Faso, explique le chef des ventes de Centrimex, Igor Juhel. Le fret depuis le Bénin entre au Burkina Faso avant de rejoindre le Niger. Une solution qui signifie des passages de frontières et donc des coûts et des délais plus longs.

Lomé tire avantage de la situation

Par ailleurs, « cette situation profite au Togo », continue Igor Juhel. Désormais, dans ce contexte politique, une partie du fret passe par les quais de Lomé plutôt que ceux de Cotonou. « Un transfert qui freine l’activité économique au Bénin ». En effet, elle repose en grande partie sur le commerce international. Et pour consolider sa position le Togo prend des mesures. Le ministre de l’Économie maritime, de la pêche et de la protection côtière, Kokou Edem Tengue, aligne les réunions avec les opérateurs pour trouver des solutions logistiques.

Le gouvernement joue la carte du port sec d’Adétikopé

Ainsi, début juin, le ministre et la communauté portuaire de Lomé ont décidé de reprendre les transferts des conteneurs depuis les terminaux de Lomé vers le port sec d’Adétikopé. Depuis le mois de mars, les boîtes destinées au Niger sont refusés dans le port sec togolais. « Pour les opérations logistiques, cette solution présente des avantages, indique Igor Juhel. Le stationnement des conteneurs dans le port sec est moins onéreux que dans les terminaux portuaires. » De plus, le gouvernement togolais accorde des jours de franchise plus élevés lors du stationnement dans le port sec que ne le font les manutentionnaires dans les terminaux portuaires.

Perte de trafics et de recettes douanières

Le Port autonome de Cotonou est traditionnellement une des principales portes maritimes du Niger avec les ports du Nigéria. Or, la fermeture de la frontière en juillet 2023 entre les deux pays a sérieusement affecté les trafics depuis Cotonou. Selon certaines sources, le port béninois a perdu 20% de son trafic en 2023 en raison des tensions diplomatiques avec le Niger. Une diminution de trafic qui se répercute aussi sur les recettes douanières. Alors, le Togo tente de reprendre une partie de ces flux. En 2023, le Port autonome de Lomé a traité 275 380 t pour le Niger. Second pays enclavé du port derrière le Burkina Faso qui entre à hauteur de 3,1 Mt. Les mesures du gouvernement togolais doivent produire leurs effets dès le second semestre.