Panama : un projet de « canal sec » présenté par le gouvernement
Le 10 avril, le gouvernement panaméen a présenté devant le corps diplomatique et des représentants d’associations le projet de canal sec entre les deux océans Atlantique et Pacifique.
Les restrictions imposées par l’autorité du canal de Panama en raison de la sécheresse se résorbent peu à peu. Les pluies survenues ces dernières semaines permettent d’augmenter le nombre de passages quotidien. Cependant, avec 27 transits par jour, le canal reste encore loin derrière son rythme de croisière de 50 franchissements quotidiens.
Un projet promulgué par décret
Cette baisse du nombre de transits préoccupe le gouvernement panaméen. Pour continuer d’assurer la fonction du canal, le gouvernement présente un projet de « canal sec ». Ce projet est présenté dans un décret du mois de mars, sous le nom de Omar Torrijos Herrera. Ce projet vise à utiliser les moyens de transport locaux autres que le maritime. Ainsi, pour faire transiter d’un océan à l’autre les marchandises, le gouvernement du Panama prévoit d’utiliser le ferroviaire, l’aérien et la route. Ce canal sec multimodal doit apporter des réponses, notamment pendant les périodes de sécheresse.
Pas une concurrence au canal maritime
Selon Rodolfo Samuda, directeur des affaires logistiques du ministère de la Présidence, cette initiative ne doit pas être perçue comme une concurrence avec le Canal de Panama. « Au contraire, c’est un complément à la voie d’eau, car nous le coordonnons et le planifions avec toutes les institutions pour en faire un succès commercial pour la région. » Bien plus, continue le directeur des affaires logistiques, « le canal sec maintient la compétitivité de la voie navigable face à sa capacité maximale et aux impacts du changement climatique. Il représente une alternative moins chère que celles que peuvent offrir d’autres pays aux compagnies maritimes. »
Des investissements déjà programmés
De son côté, Guillermo Salazar, directeur de l’Institut de Planification pour le Développement du ministère de l’Économie et des Finances, déclare que de nombreux investissements sont en cours. Ainsi, des enveloppes sont prévues sur les trois aéroports internationaux de Tocumen, Panamá Pacífico et Enrique Jiménez. Il estime que ce projet perfectionne les procédures douanières. « Cela rend des services de plus en plus rapides, sûrs et fiables pour le client et le destinataire des marchandises », continue Guillermo Salazar.
Le canal sec existe déjà
Dans le contexte actuel de restrictions, ce projet de canal sec s’inscrit dans le développement du secteur logistique au Panama. Rodolfo Samuda rappelle que sur les 8,6 MEVP traités au Panama, 85% correspondent à des opérations de transit et de transbordement. Il explique que le canal sec existe déjà avec des actifs tels que le chemin de fer et les routes. La nouvelle réglementation, issue du décret de mars, étend la zone de juridiction spéciale pour inclure d’autres acteurs comme l’Aéroport International de Tocumen. De plus, une distinction est faite entre le transit et le transbordement pour les frais douaniers.
L’Autorité du Canal de Panama réfute les idées reçues
Dans le même temps, l’autorité du canal de Panama publie un document pour « tordre le cou aux idées reçues ». Cependant, l’impact de la sécheresse laisse planer des idées fausses sur le canal. La première idée reçue vise le nombre de navires en attente devant le canal. Les 50 navires qui patientent chaque jour créent un goulet d’étranglement. Pour l’Autorité du canal de Panama, les navires arrivent devant le canal avant la date de transit pour souter ou réapprovisionner le navire.
Une situation normale en 2025
Le second point soulevé concerne la fin des restrictions. L’autorité du canal souligne que les pluies attendues à partir de la fin du mois d’avril et pendant les mois suivants doivent résoudre le problème. « Si ces pluies sont suffisamment importantes, il est prévu de réduire les restrictions graduellement pour reprendre une activité normale dès 2025 », indique l’autorité du canal de Panama. Quant à l’allongement des temps d’attente, l’autorité du canal indique que 75% des navires en attente ont des réservations. Pour les autres, l’attente est en moyenne de 2,5 jours. Une attente plus faible que les 3,6 jours affichés au premier trimestre 2023 et les 3,8 jours en 2022.
La hausse du prix des enchères
De plus, l’autorité du canal réfute l’idée d’un coût plus élevé du transit depuis la sécheresse. En effet, l’autorité indique que l’année dernière, en octobre et en novembre, l’augmentation tient aux prix aux enchères. Cette hausse est liée à la congestion. Elle tient à un marché tendu. Cependant, « il s’agissait d’une situation temporaire », continue l’autorité du canal. Une hausse qui s’est résorbée. L’autorité du canal rappelle que le prix des enchères dépend de plusieurs facteurs. Enfin, face aux routes alternatives proposées par les pays voisins, comme la Colombie qui propose des liaisons interocéaniques par voie ferroviaire, l’autorité se montre confiante en son service. Et l’autorité de rappeler qu’au cours des 110 années d’activité du canal (il a ouvert le 15 août 1914), il a su faire face aux changements parfois radicaux du marché de la logistique maritime.