Sur le range nord, Haropa Port gagne des parts de marché
Les résultats du premier semestre confirment la bonne santé de Haropa Port face à ses deux principaux concurrents, Anvers et Rotterdam.
L’année 2023 est définitivement rangée aux archives. Les baisses enregistrées ne sont plus qu’un mauvais souvenir. Le premier semestre 2024 tente de gommer les pertes de l’année dernière dans les différents ports de Manche et mer du Nord. Que ce soit sur la Seine, pour Haropa Port, et à Anvers-Bruges, les six premiers mois s’achèvent sur une note positive. Rotterdam voit son trafic se tasser. Quant au port de Hambourg, il n’a pas diffusé ses résultats à l’heure où nous publions.
Haropa Port affiche la plus forte progression
Sur ce range, Haropa Port affiche la plus forte progression. Avec 41,9 Mt, l’ensemble portuaire séquanien gagne 8,7%. À prendre en compte uniquement ces trois ports, Haropa Port voit sa part de marché totale s’améliorer pour passer au-delà de 10%. En Belgique, Le port d’Anvers-Bruges s’inscrit dans la même veine. Le port flamand gagne 3% à 143,2 Mt. Quant à Rotterdam, son trafic global s’effrite de 0,3% à 220 Mt. Alors, si Haropa Port voit ses résultats s’améliorer, il faut relativiser l’événement. En effet, sur ce premier semestre, le cluster portuaire séquanien pèse 20% de la totalité du trafic de Rotterdam et 30% du port d’Anvers-Bruges.
L’écart entre Anvers et Rotterdam se resserre
Le trafic conteneurisé reprend des couleurs dans les trois ports. Dans cette catégorie, Haropa Port affiche la meilleure progression. Il gagne 16,8% à 1,46 MEVP. Quant aux deux autres ports, leur écart se resserre. En effet, La forte progression d’Anvers-Bruges, +4,1% à 6,6 MEVP, lui permet de rattraper son retard sur Rotterdam. Ce dernier a augmenté de 2,2% à 6,8 MEVP. Au premier semestre 2023, l’écart entre les deux ports s’est établi à 290 000 EVP. Il est, en 2024, de 179 000 EVP.
Les transbordements reviennent à leur niveau de 2019
Le bon score réalisé par Haropa Port se compare à deux années de baisse dans le trafic conteneur. Le port surfe sur « le redémarrage progressif de la consommation européenne », indique la direction du port. Par ailleurs, le trafic destiné à l’hinterland s’améliore de 10,7% sur cette période. Quant aux transbordements, ils atteignent 390 000 EVP, soit « le meilleur score depuis 2019 », précise Haropa Port. De son côté, l’autorité portuaire de Rotterdam souligne que la hausse tient aussi à une saison haute avancée. Effectivement, l’allongement des routes maritimes par le cap de Bonne-Espérance en raison de la crise en mer Rouge incite les chargeurs à anticiper les besoins de fin d’année. Cependant, en Asie et au Proche-Orient, la congestion portuaire ralenti les progressions de volume, continue l’autorité portuaire.
Diverses : Le retour à la conteneurisation
Quant aux diverses non conteneurisées, elles ralentissent à Rotterdam et à Anvers-Bruges. Les ports de l’Escaut perdent 5,7% de leur flux à 5 MT. Les deux principaux courants, les fers et les aciers, arrivent malgré tout à se stabiliser. Les autres trafics des diverses ont tiré ce chapitre vers le bas. À Rotterdam, la baisse tient surtout à la conteneurisation des marchandises conventionnelles. Pendant la pandémie, une partie des marchandises conteneurisées ont retrouvé le chemin des navires conventionnels. La disponibilité d’espaces dans les navires cellularisés a permis de procéder au chemin retour vers la conteneurisation. La crise actuelle n’a pas encore eu d’effets sur un retour aux navires conventionnels. Cependant, si la crise en mer Rouge devait durer et que le manque de capacité en conteneurs s’aggrave, ce phénomène d’une « déconteneurisation » de certains flux n’est pas à exclure.
Roulier : la congestion touche surtout Anvers-Bruges
Du côté du trafic roulier, seul Haropa Port gagne des points. En effet, le port a vu son trafic automobile gagner 18% à 155 237 véhicules traités dans ses terminaux portuaires. Les ports de Seine ne subissent pas, comme à Anvers-Bruges, de congestion. Les ports de l’Escaut souffrent d’un double effet sur ces flux. D’une part, les terminaux demeurent encore plein en raison des stratégies des constructeurs automobiles. Ils utilisent les terminaux comme des aires de stockage de longue durée. D’autre part, la demande du marché se tasse ces derniers mois en raison de l’inflation en Europe. Les ménages reportent leurs achats.
Rotterdam victime du marché britannique
De plus, à Anvers-Bruges, le port assure une fonction de plate-forme d’export pour des véhicules neufs et d’occasion. L’engorgement des terminaux ralenti les capacités d’exportation et affecte principalement les expéditions de véhicules usés. Quant à Rotterdam, la diminution du trafic roulier (-4,1% à 12,8 Mt) tient à son orientation vers le marché britannique. Ce dernier demeure faible cette année et commande peu sur le marché européen.
Vracs secs : Haropa Port profite de la bonne campagne céréalière
Du côté des vracs secs, la situation profite principalement à Haropa Port. Il voit ce courant augmenter de 14,2% à 7,1 Mt. Un courant tiré par les céréales qui réalisent 4,9 Mt sur le semestre, soit une hausse de 38%. Ces gains permettent de compenser les baisses des trafics de granulats qui perdent 48,6%. De plus, les importations de ciment et de clinker accusent un repli de 3,5% à 183 616 t.
La progression des minerais de fer pour la sidérurgie allemande
À Anvers-Bruges, le semestre s’achève avec une hausse de 0,4% à 7,6 Mt. Le port bénéficie de la progression des trafics d’engrais. Après les sanctions contre les produits russes, les schémas logistiques de ces produits s’est réorganisé. Aussi, les produits liés au BTP, comme les matériaux de construction et les minerais non ferreux progressent. Des hausses qui ont compensé la baisse des flux de charbon, de céréales, de sables et de ferrailles. À Rotterdam, les vracs secs progressent de 2,1% à 35,5 Mt. Ils profitent d’une demande en minerai de fer et en ferraille de l’industrie sidérurgique allemande. Pour sa part, les trafics de charbon perdent de leur teneur, victimes de la transition énergétique. Du côté des céréales, les volumes diminuent en raison d’une baisse de la demande en soja.
Une progression de la demande en produits chimiques
Enfin, les vracs liquides se portent bien à Anvers-Bruges. Le port gagne 0,7% à 46,1 Mt. Les flux d’essence et de fioul augmentent. D’autre part, les matières premières pour la chimie s’inscrivent dans la même veine grâce à une progression de la demande. Le naphta et les produits chimiques divers progressent sur le semestre. À Rotterdam, les vracs liquides se vident. Ils perdent 3,1% à 101,6 Mt. Cette diminution tient principalement aux travaux de maintenance de raffinerie sur le premier trimestre. Ils ont entraîné une baisse de demande de pétrole brut.
Le GNL baisse à Anvers et progresse à Rotterdam et Haropa Port
Quant au GNL, s’il affiche une baisse à Anvers-Bruges, il reste positif à Rotterdam. Avec 6 Mt traitées, le port néerlandais réalise un trafic identique à 2023. De son côté, Haropa Port affiche un repli de ses trafics de 1% à 19,5 Mt. Les principaux courants comme le pétrole brut, les produits raffinés et les produits chimiques reculent. Seul point positif, le trafic de GNL qui gagne 45,1% à 750 000 t. Des flux réalisés depuis le mois de septembre 2023 avec l’installation du FSRU Cape Ann.