Vincent Clerc, CEO de Maersk : « Les taux de fret élevés actuels sont temporaires »
Dans un entretien publié sur le site de Mærsk, le CEO de l’armement, Vincent Clerc, revient sur la situation née du conflit en mer Rouge. Il détaille les actions de l’armement. Il explique les taux de fret actuels.
Lors d’une rencontre avec les clients du 1er juillet, Vincent Clerc, CEO de Mærsk, revient sur les défis logistiques liés aux attaques de navires en mer Rouge et dans le golfe d’Aden. L’armement danois adopte les mêmes mesures que ses concurrents. Il a ordonné à ses navires de contourner la zone à risques du détroit de Bab el Mandeb. Les navires relient l’Asie et l’Europe en empruntant la route par le cap de Bonne-Espérance.
La capacité à apporter du tonnage supplémentaire a été limitée
Au cours de cet entretien, Vincent Clerc, a reconnu que la situation est difficile pour tous les acteurs de la chaîne logistique, depuis les transporteurs jusqu’aux chargeurs. « Ces perturbations, et l’impact qu’elles ont sur vos activités, ne sont pas quelque chose que je prends à la légère, ni aucun collègue de Maersk. Nous savons que c’est difficile. Nous savons que cela vous met sous pression. » Le déroutement des navires par le sud de l’Afrique modifie les besoins. « Cela nécessite deux à trois navires supplémentaires par service », ajoute-t-il. Cependant, si en novembre 2023, lorsque les premières attaques des Houthis ont eu lieu, de nombreux navires étaient à l’ancre, « notre capacité à apporter du tonnage supplémentaire a été limitée. »
Toutes les demandes ne pourront pas être satisfaites
De plus, dans le même temps, la demande en conteneurs est restée forte. Maersk a tenté de répondre rapidement. « Tous les navires capables de naviguer et tous les navires qui n’étaient pas bien utilisés dans d’autres parties du monde ont été redéployés pour tenter de combler les trous. Cela a permis d’atténuer une partie du problème, mais c’est loin d’être le cas pour l’ensemble du secteur, y compris pour Maersk. » Alors, il alerte sur la situation pour les prochaines semaines. Il avertit les clients de la possible réduction de capacité. « Nous aurons des positions manquantes ou des navires de taille très différente de celle que nous aurions normalement sur certains services. Cela impliquera une altération à répondre à toute la demande. »
Mærsk a assumé les coûts supplémentaires
Il rappelle que pendant les fêtes du Nouvel an chinois, la situation s’est améliorée en raison d’une baisse de la demande. « Cependant, depuis avril et mai, les défis s’intensifient. » Parallèlement à ces défis sur la capacité, Maersk est confronté à la hausse des coûts d’exploitation. « Avec l’allongement des trajets et la réduction des capacités, le prix par conteneur a augmenté de manière significative. » Et, il indique que le groupe danois a assumé ces coûts. Il souligne que ce choix est motivé « en sachant que nombre d’entre eux resteront en vigueur au-delà de la situation en mer Rouge ». Pour conserver l’offre, il a affrété des navires. Or, ils se réalisent sur plusieurs années avec des taux élevés. « C’est l’une des raisons pour lesquelles les taux de fret sont temporairement plus élevés. »
Des taux de fret élevés temporairement
Néanmoins, nul ne peut prédire la fin des attaques des Houthis contre les navires. Dans ce jeu de géopolitique, les armateurs subissent. « Plus cette situation durera, plus nos coûts dureront. » Et pour aller plus loin, il ne se prononce pas sur la part des coûts que Mærsk endossera. Cependant, il se veut rassurant. « Les taux de fret élevés que nous observons actuellement sont de nature temporaire. » Il reste persuadé que ces taux reviendront à des niveaux « normaux » avec la fin de la crise en mer Rouge.
Un retour en mer Rouge conditionné par des garanties de sécurité
Si Vincent Clerc aborde l’après-crise de la mer Rouge, il prévient qu’un retour à la normale prendra du temps. En premier lieu, il n’acceptera que les navires reprennent la route en mer Rouge que « lorsque la sécurité des marins, des navires et de la cargaison seront garantis. » Cependant, d’autres navires devront d’abord passer par le cap de Bonne-Espérance. « Il y aura une période pendant laquelle les navires empruntant ces différentes routes arriveront dans les ports à des heures similaires. » Alors, mathématiquement, le risque d’une congestion dans certains ports n’est pas à exclure.
Une crise qui ravive l’inflation
Et il a rappelé sa demande auprès des gouvernements de voir la présence navale se renforcer. « Cela n’a pas abouti ». Il en appelle à tous les acteurs de la chaîne logistique de de faire de même auprès de leurs gouvernements. « Dans des régions comme en Europe, les gouvernements doivent comprendre qu’il est possible que cela ravive l’inflation. » Parce que pour le CEO de l’armement danois, malgré toutes les actions prises, « cela ne signifie pas que nous pouvons vous mettre à l’abri des problèmes, mais je peux vous dire que vous êtes entre les meilleures mains possibles ».