Acier : Eurofer alerte des conséquences des tarifs douaniers américains
Eurofer, organisation européenne des sidérurgistes, alerte les autorités européennes des conséquences des tarifs douaniers américains pour leur industrie.
L’industrie sidérurgiste européenne est au bord de la crise de nerf. L’application des mesures douanières américaines sur l’acier et l’aluminium pèse lourdement, indique Eurofer. En effet, dans sa politique de relocalisation des industries, Donald Trump a ordonné des droits de douane de 50% sur ces produits.
Un plan d’action en six points
Cette mesure produit des effets dévastateurs pour l’industrie sidérurgique européenne. Le marché mondial vit actuellement une surcapacité de production. Sans la mise en œuvre du plan d’action européen, c’est toute une filière qui est menacée. Ce plan se déploie autour de six axes :
- Un approvisionnement énergétique abordable ;
- La prévention des fuites de carbone ;
- Le développement et la protection des capacités européennes ;
- La promotion de l’industrie circulaire ;
- La réduction des risques liés à la décarbonation ;
- La protection des emplois industriels de qualité.
Des exportations à hauteur de 2,5 Mt
L’imposition des droits de douane américains pourrait sérieusement remettre en cause cette filière. Dans son bilan annuel, Eurofer rappelle que les exportations européennes de produits sidérurgiques (hormis les produits en acier inoxydable) vers les États-Unis pèsent 2,5 Mt en 2024. Un chiffre en progression de 29,6%. Cependant, lors du premier mandat de Donald Trump une mesure similaire, mise en place en 2018, a eu des effets importants. Les exportations européennes ont perdu 24,3% à 2,3 Mt en un an.
Une progression des exportations d’acier
Pour mémoire sur les cinq dernières années, la part des États-Unis dans les exportations européennes d’acier n’a eu de cesse de progresser. En effet, si en volume le marché américain se contracte, en proportion il garde une place de choix en raison de la diminution des exportations globales. Ainsi, en 2024 les États-Unis représentent 15% des exportations européennes avec 2,5 Mt. Pour rappel, en 2018, elles pèsent 13,5% avec un volume de 3,07 Mt exportées.
Alimenter une surcapacité de la production d’acier
La réduction des exportations européennes vers les États-Unis, dans la même proportion qu’en 2018, aurait pour effet d’alimenter une surcapacité du marché de l’acier. En effet, le marché européen exporte une partie de sa production mais importe aussi. En 2024, les importations d’acier représentent 26,3 Mt. Un volume en hausse de 6,4%. Des produits qui proviennent en majorité de Turquie, d’Inde et de Corée du Sud. Les importations chinoises d’acier en Europe demeurent plus faibles. En effet, avec 1,8 Mt de produits importés, la Chine pèse 7% des entrées de ces produits.
L’Europe inondée par l’acier bon marché
Alors, avec des exportations d’acier stables et une hausse des importations, le marché de l’acier européen connaît un contexte tendu. Selon Eurofer, « la pénétration du marché européen par l’acier hors UE atteint aujourd’hui 30%. Par ailleurs, la demande se contracte aujourd’hui. Nous sommes inondés par de l’acier bon marché », souligne Eurofer. Dans ces conditions, Eurofer demande à l’Europe la mise en œuvre de son plan d’action pour l’acier et les métaux. « Des négociations entre l’UE et les États-Unis est essentielle pour préserver les exportations européennes d’acier. »
Une bouée de sauvetage essentielle
Ainsi, ces mesures permettront de sauvegarder l’industrie continentale. Il s’agit « d’une bouée de sauvetage dont nous avons besoin maintenant », plaide Eurofer. Actuellement, la mesure de sauvegarde de cette filière coure jusqu’en 2026. « Si nous attendons, une grande partie de notre industrie sera submergée et irrécupérable », indique le directeur général d’Eurofer, Axel Eggert. « Avec un droit de douane général de 50 %, même les produits sidérurgiques européens les plus compétitifs et de la plus haute qualité seront exclus. Une solution négociée entre l’UE et les États-Unis est primordiale pour préserver nos exportations à ce moment critique pour le secteur européen. »