Corridors et logistique

Automobile : un marché dépressif pour 2025

En 2024, le marché de la logistique automobile subit un tassement de sa croissance. Les perspectives pour 2025 ne s’annoncent pas meilleures.

En 2024, le marché automobile enregistre une progression de 1,1% à 14,97 millions de véhicules vendus en Europe de l’Ouest et du Centre, indique la dernière étude du European Car Group. Cette hausse du marché reste limitée. Pour mémoire, en 2023, les pays d’Europe de l’Ouest ont enregistré des augmentations de leurs ventes à deux chiffres, indique l’ACEA (organisation européenne des constructeurs automobiles).

La fin des politiques d’incitation à l’achat

Ce tassement de la croissance s’explique en partie par les politiques d’incitation à l’achat. Plusieurs pays en Europe occidentale ont décidé de mettre un terme aux primes pour l’achat de voitures avec une motorisation bas-carbone (du type électrique ou hybride). En combinant l’inflation que l’Europe de l’ouest a connu en 2024 et la fin de ces aides, le marché s’est essoufflé. Ainsi, les prévisions de hausse de 5% pour 2024, publiées par de S&P Global, n’ont pas été atteintes.

En France, 2,07 Millions de véhicules vendus

Dans le détail, le marché allemand a perdu 0,3% à 3,1 millions d’unités vendus. Vient ensuite le marché britannique qui totalise 2,3 millions d’unités vendues en 2024, soit une progression de 2,9%. Enfin, la France se place sur la troisième marche du podium. Un marché qui pèse 2,07 millions de véhicules, en baisse de 3,5%.

La Russie progresse de 44%

Du côté de l’Europe centrale, les trois principaux marchés, Pologne, Tchéquie et Roumanie affichent des ventes stables en 2024. C’est en Europe de l’Est que le marché automobile connaît les plus fortes croissances. Ainsi, en Russie, le marché enregistre une progression de 44% à 1,6 millions de véhicules vendus. Un taux en forte progression mais qui place le marché russe à la limite du quinté de tête. Vient ensuite le marché turc qui voit ses ventes de voitures se contracter de 1,4% à 1,2 millions de véhicules.

78 000 véhicules stockés dans les ports européens

Ces chiffres démontrent de la tendance générale du marché automobile sur une stabilité voire une baisse. Pour les ports et les opérateurs logistiques, les stocks de voitures dans les ports risquent de durer. Ainsi, dans un article du Brussels Times du 5 février, Namrita Chow, analyste à ECG dénombre 78 000 véhicules chinois bloqués dans les ports européens. Alors, des terminaux comme Zeebrugge ou encore Bremerhaven se retrouvent congestionnés.

Une stabilité de la production mondiale

La situation n’est guère plus encourageante pour les mois à venir. Dans un communiqué de presse, S&P Global table sur une baisse des ventes de voitures en Europe. « La filière se concentre sur la gestion des stocks. » Dans ce contexte, la baisse de la production mondiale de véhicules en 2025 devrait rester stable. Or, ce palier intervient après une baisse de 1,55% en 2024 à 89 millions de voitures produites.

La production automobile en baisse en Europe

Les deux principaux marchés automobiles, la Chine et l’Europe, ont un horizon morose. En effet, en Chine, les prévisions tablent sur une hausse de 0,05% de la production à 29,9 millions. Pour rappel, en 2024, la Chine a produit 29,89 millions de véhicules. Quant à l’Europe, la production automobile a perdu 5,24% en 2024 à 17 millions. La baisse continuera en 2025 mais dans une moindre proportion, indique S&P Global. Elle devrait s’établir à 2,64%. Le retour à la croissance du marché automobile en Europe n’est pas attendu avant 2026, voire 2027.

Une progression prévue en France de 8,25%

Pour aller plus dans le détail, le marché européen est mené par l’Allemagne. Or, le pays voit sa production automobile se contracter. En 2024, la production automobile a atteint 4,2 millions d’unités, soit 1,53% de moins. Une baisse qui devrait se décliner en 2025 et 2026. Les hausses ne sont pas prévues avant 2027. Pour retrouver les niveaux de production de 2024, S&P Global renvoie à 2030. Quant à la France, qui entre à la quatrième place des pays producteurs en Europe, elle a vu ses niveaux se réduire de 10,8% en 2024 à 1,34 millions de voitures. Néanmoins, l’Hexagone devrait voir sa progression progresser en 2025 de 8,25% et de 9,4% en 2026. La production automobile française pourrait franchir la barre des 1,5 millions de voitures produites en 2026.

Des changements dans les circuits logistiques

Ces différents éléments font craindre des changements importants dans les circuits logistiques. Les stocks élevés dans les ports risquent de limiter les importations dans les prochains mois. La solution serait de déporter ces stocks portuaires vers des lieux dans l’hinterland. Cependant, cela serait une façon de reporter le souci sur d’autres espaces. Quant aux exportations, notamment depuis l’Europe, elles sont sujettes aux taxes imposées. La volonté de Donald Trump de réduire les importations aura des répercussions sur le marché européen. Quant au conflit commercial avec la Chine, il peut impacter les entrées de véhicules en Europe. Les augures ne sont pas bons.