Corridors et logistique

Automobile : un premier trimestre qui augure d’une fin d’année difficile

Le marché automobile français et européen affiche une baisse du nombre d’immatriculations. Un contexte économique que les armements ont compensé par les volumes en sortie d’Asie. Quant à l’avenir, il reste encore largement incertain tant sur les volumes que la situation géopolitique.

Le premier trimestre démarre sur une note pessimiste pour le marché de la logistique automobile. En France, En mars, le nombre d’immatriculations de voitures neuves en France a perdu 15% à 153 842 immatriculations, indique AAA Data. Au total, sur le premier trimestre, le nombre de véhicules neufs vendus en France se tasse par rapport à l’année dernière.

Baisse des immatriculations en Europe

Une tendance qui se confirme en Europe. Les chiffres de l’Association européenne des constructeurs automobiles (ACEA) indiquent une baisse de 7,8% des immatriculations de voitures neuves sur le trimestre à 410 085 unités. Toutes les catégories de voiture affichent une baisse à l’exception de des véhicules hybrides. En effet, avec 184 267 voitures immatriculées sur le trimestre, cette catégorie progresse de 47%. L’attrait des voitures électriques n’est plus. La fin des primes à l’achat a eu raison de la tendance. Sur le premier trimestre, cette catégorie affiche une diminution de 6,6% à 74 519. Les Français se tournent davantage vers les hybrides et les voitures à essence. Ces dernières pèsent 97 951 voitures sur le trimestre, soit 34,1% de moins.

Les véhicules électriques pèsent 15,2% du marché

Le marché français reflète l’état du marché européen. Effectivement, selon l’ACEA, les immatriculations de véhicules neufs en Europe perdent 1,9% sur le premier trimestre. Le mois de mars reste malgré tout un meilleur cru en Europe qu’en France. Il s’achève sur une baisse de 0,2%. Pour l’association, le contexte économique joue un rôle déterminant. Autre élément, le marché des véhicules électriques pèse « que 15,2% au premier trimestre. Une position éloignée de ce que le marché attendait », indique l’ACEA. Quant aux voitures hybrides non rechargeables, elles affichent les plus fortes progressions. L’ACEA souligne la bonne performance du marché français.

Des pertes minimisées par l’Asie

Dans ce contexte économique, les opérateurs logistiques subissent ce retournement de marché, au premier rang desquels les armements. Cependant, les compagnies maritimes opèrent sur un spectre plus large que le seul marché européen. Alors, profitant d’un marché asiatique plus dynamique, ils minimisent les pertes. Ainsi, sur le premier trimestre, Hoegh Autoliners parvient à enregistrer une croissance de ses volumes. L’armement norvégien a transporté 3,5 Mm3 sur les trois premiers mois, soit une progression de 6,06% comparativement à la même période de 2024.

Une hausse de 4% du nombre de véhicules transportés

Le contexte économique global n’est pas aussi morose que le décrivent les associations de constructeurs automobiles. Selon le rapport trimestriel de Hoegh Autoliners, le nombre de véhicules transportés a progressé de 4% sur le premier trimestre à 21,5 M. Les consommateurs anticipent leurs achats avant l’application des nouveaux tarifs douaniers imposés par la Maison blanche. Cependant, « la demande, tout en continuant à se redresser sur certains marchés, est restée vulnérable. Les droits de douane sur les importations aux États-Unis présentent un risque à la fois pour les acteurs du marché américain et pour les implications sur les marchés du monde entier. »

Une période turbulente pour les armateurs

Ce sentiment est partagé par Wallenius Wilhelmsen Logistics. Sur le premier trimestre, le groupe réalise un chiffre d’affaires de 970 M$, en progression de 5% par rapport à l’année dernière. Néanmoins, comparativement au dernier trimestre de 2024, le début de l’année montre un tassement. Effectivement, il s’affiche en baisse de 3%. Ces données financières sont en décalage par rapport au sentiment général du marché. Dans son rapport trimestriel, l’armement suédo-norvégien qualifie la période de turbulente. « Le risque géopolitique s’est accru en 2025 avec la pression exercée par l’administration américaine pour augmenter les droits de douane sur les véhicules importés. » Déjà, le 3 avril 2025, l’administration américaine a porté à 25 % les droits de douane sur tous les véhicules et pièces automobiles importés. De plus, l’annonce d’une future taxe portuaire de 150$ par capacité de navire roulier va alourdir le marché. Une taxe attendue pour le 14 octobre.

L’effet conjoncturel sur le marché

Dans ce contexte, le volume transporté par Wallenius Wilhelmsen perd 2 % par rapport au trimestre précédent à 12,6 Mm3. Une diminution que l’armement attribue à l’effet conjoncturel. Ainsi, les constructeurs augmentent les volumes en décembre, ce qui entraîne une baisse des demandes de réservation en janvier. En outre, les congés en Chine en février et les futurs droits de douanes américains impactent le volume. Par ailleurs, les équilibres commerciaux s’inversent. Les véhicules en sortie d’Asie progressent quand ceux depuis les marchés européens et américains se contractent. « Cela entraîne une augmentation du nombre de voyages sur lest », continue Hoegh Autoliners.

Le chiffre d’affaires de la logistique automobile de NYK en hausse

En Asie, la situation est perçue d’un autre point de vue. Le groupe NYK affiche une progression du chiffre d’affaires de son activité logistique automobile. Il gagne 41,4% à 532,3 MdYen (3,25 Md€). Il convient de rappeler que l’année fiscale du groupe s’achève le 31 mars. Ainsi, le dernier trimestre de cet exercice correspond au premier trimestre calendaire. Alors, comparativement au premier trimestre 2024, les revenus augmentent. Néanmoins, par rapport au dernier trimestre calendaire de 2024, ils enregistrent une baisse.

Perspectives : l’impact des droits de douanes sur la logistique automobile

Les prochains mois n’apparaissent pas sous un grand optimisme. Pour le groupe NYK, la demande devrait se maintenir. Néanmoins, l’arrivée de nouvelles capacités dans les mois à venir aura un impact. La demande de capacité devrait se détendre. Pour sa part, Wallenius Wilhelmsen Logistics alerte sur les effets des droits de douanes américains. Cependant, la baisse des volumes aux États-Unis pourrait se compenser par une hausse dans des régions comme l’Asie et notamment la Chine. « L’effet net à moyen et long terme reste incertain, mais à court terme, pour le deuxième trimestre, les volumes en provenance d’Asie compensent les volumes perdus en Europe et aux États-Unis. » Enfin, Hoegh Autoliners est plus mesuré. Les intentions de l’administration de Donald Trump impacteront le marché, assure le groupe norvégien. Quant à l’utilisation de la flotte, elle restera au même niveau. Le détour par le cap de Bonne-Espérance demeure. « Nous ne pensons pas reprendre la route par le canal de Suez dans un futur proche. »