Corridors et logistique

Cacao : le port de Rouen accueille le Ghana Cocoa Board

Le port de Rouan a accueilli, le 28 août, le Cocoa Board of Ghana. Une première pour le port normand qui souhaite développer cette filière d’import.

Chaque année, le Ghana Cocoa Board se réunit dans un port européen pour négocier les prix de transport pour les produits exportés. La tenue de cette réunion, Cocoa Freight Negotiation, entre le Ghana Cocoa Board (GCB) et les armements se tient pour la première fois dans un port français. Le choix de Rouen s’impose. Le port normand s’inscrit comme premier port cacao de France. Cette réunion entre l’organisme d’État du Ghana et les compagnies maritimes détermine la part de chaque armement dans les exportations ghanéennes de cacao.

Le Ghana : deuxième producteur mondial de cacao

Pour mémoire, le Ghana est le deuxième producteur mondial de cacao derrière la Côte d’Ivoire. Selon l’ICCO (International Cocoa Organization), il a produit 449 000 t en 2023/2024. Une production en baisse par rapport à la campagne précédente. En effet, en 2022/2023, le Ghana a produit 650 000 t de cacao. En un an, le pays a perdu 31% de sa production. L’explication vient en partie des conditions climatiques mais aussi, selon certains experts, de la qualité des arbres producteurs. L’importance de cette réunion tient, ainsi, au poids du Ghana dans cette filière. Malgré la baisse de sa production, le pays représente 10,3% de la production mondiale. Avec la Côte d’Ivoire, ils pèsent ensemble 42,3% de l’offre de cacao dans le monde. Alors, l’organisation par Sénalia, Haropa Port et l’Union portuaire rouennaise (UPR) de cette réunion prend toute sa dimension.

Rouen : premier port cacao français

La venue des Ghanéens à Rouen a permis aux responsables du Ghana Cocoa Board de se rendre compte de la disponibilité des installations du port. Le développement d’installations portuaires par Sénalia, dédiées au cacao, fait du port de Rouen, la première place française pour cette filière. « Le port de Rouen est stratégique pour cette filière. Il se situe à proximité des usines de transformation de cacao », explique Benoît Rocher, président du directoire de Haropa Port.

Le rééquilibrage des flux entre import et export

Et Philippe Lestrade, directeur général de Sénalia, d’ajouter que les installations développées pour la filière sur le site rouennais répondent à la demande logistique. Ainsi, lors de la campagne 2023/2024, le groupe a traité 104 000 t de cacao, soit 18,1% de moins. Pour ses deux clients, Barry Callebaut et Cargill, Sénalia a adapté son organisation avec le stockage de nouvelles origines, l’allongement de la campagne de réception et la ségrégation les lots de marchandises saines. De plus, le manutentionnaire français souligne l’importance de ce flux. « Le cacao est un produit à l’import. Or, la logistique de l’agro-industrie à Rouen est orientée vers l’export. En développant les entrées de cacao, nous rééquilibrons quelque peu les trafics de Rouen. »

Augmenter les exportations vers Rouen

Disposer de ces atouts est important. « Nous estimons que 60% des exportations de cacao se font en direction de l’Europe depuis les ports de Tema et Takoradi. Le solde est dirigé vers l’Amérique, à environ 30% et l’Asie, pour 10%. Nous avons besoin, à destination d’équipements de qualité pour recevoir nos produits. Nous avons pu constater de la qualité des installations rouennaises », nous a confié Wisdom Kofi Dogbey, directeur général du Ghana Cocoa Board. Or, l’organisme ghanéen exporte environ 15 000 t de cacao vers Rouen avec un objectif d’augmentation dans les prochaines années.

Une politique de renouvellement de la production

En effet, la direction générale du Ghana Cocoa Board et le gouvernement s’impliquent dans cette filière. La baisse de production est en partie liée à la qualité des arbres. « Le gouvernement souhaite planter de nouveaux arbres dans les 18 prochains mois », indique la direction du GCB. Un projet qui signifie une hausse de la production d’ici à trois ans. « À cette échéance, nous pensons avoir une production d’environ 1 Mt. Nos exportations progresseront dans la même proportion. Alors, nous souhaitons réfléchir avec nos partenaires européens, et notamment Sénalia, aux aspects logistiques pour la France. »

Un partenariat pour augmenter les capacités rouennaises

Une déclaration à augmenter les capacités de réception de Sénalia. Pour cela, l’organisme ghanéen n’envisage pas un investissement direct. Il propose un partenariat public/privé pour disposer d’installations plus conséquentes. « Il faudra accroître les capacités de stockage à Rouen », indique le directeur général du Ghana Cocoa Board. Déjà, les premiers chiffres de la récolte 2025 révèlent une légère progression de la production ghanéenne de cacao. Alors, dès cette année, les volumes exportés vers Rouen devraient s’améliorer. Il reste que la chaîne logistique doit aussi intégrer l’acheteur final dont la production dépend de la consommation. À vos tablettes !