Céréales : des importations annoncées en baisse
Les importations de céréales, notamment en blé, sont prévues en baisse en 2025. La baisse de la consommation et des récoltes plus importantes motivent ce retrait du marché international.
Le marché des céréales s’annonce maussade cette année. Dans une dépêche de Reuters, les analystes marquent leur pessimisme. Ainsi, ils déclarent que « les importations mondiales de blé devraient diminuer. » Les principales raisons invoquées sont, d’une part, le ralentissement de la croissance économique des principaux acheteurs. D’autre part, l’appréciation du dollar et l’augmentation de la production locale vont jouer à plein. Des causes qui impacteront les prix. Et ce dans une situation paradoxale puisque les « stocks mondiaux (sont) en passe d’atteindre leur niveau le plus bas depuis neuf ans. »
L’Australie se voit privée de son marché
Ainsi, la Chine, premier importateur céréalier mondial, prévoit de diviser par deux les arrivées de blé sur le premier semestre. De plus, l’Indonésie, deuxième importateur, et l’Égypte, occupant la troisième place, tablent sur une demande en retrait par rapport à l’année dernière. Des situations qui inquiètent les producteurs. Ainsi, l’Australie espère exporter une partie de sa production vers l’Asie. Cette année, le pays a réalisé une production record.
Une hausse de la production
Outre cette baisse de la demande, ces pays engrangent des productions en hausse. Ainsi, en Chine, la production de blé doit s’améliorer de 2,6%, selon les dernières estimations de l’USDA. Du côté de l’Indonésie, la reprise de la production de riz évite au pays de faire appel au marché international des céréales. De plus, l’Irak bénéficie d’une récolte abondante cette année. Des situations qui pourraient atténuer la demande à long terme, indique un analyste de la Commonwealth Bank à Sydney.
L’impact de l’environnement géopolitique
Ces facteurs sont accentués par l’environnement géopolitique. Entre guerres physiques et guerres commerciales, les pays traditionnellement importateurs choisissent la voie de la production locale. Outre cette progression de la production, la consommation doit suivre la tendance inverse. Le tassement de la croissance économique en Chine, en Indonésie et en Égypte va de pair avec une consommation morose.
Des prix du blé bas et des monnaies dévaluées
Néanmoins, ces baisses d’importation interviennent alors que les prix du blé atteignent un niveau bas. Selon les chiffres publiés par les organismes céréaliers dans le monde, en 2024, le blé a atteint un niveau des plus bas depuis quatre ans. De plus, les monnaies chinoises, indonésiennes et égyptiennes sont proches d’un niveau bas historique par rapport au billet vert. Des conditions économiques propices à l’achat. Cependant, les incertitudes ralentissent les envies des acheteurs.
L’Égypte a couvert ses besoins
Ainsi, les trois principaux acheteurs mondiaux retardent leurs achats. Alors, en Chine, les importateurs tablent sur une baisse de 600 000 t. Selon un analyste de Sitonia Consulting, la production chinoise de céréales a battu des records. Sa conclusion coule de source : « Les importations ne sont pas vraiment nécessaires ». En mars, le pays prévoit d’importer un million de tonnes, soit deux fois moins qu’en 2024. En Indonésie, la hausse de la production de riz de 7,1% à 32,8 Mt permet aux fabricants d’aliment de réduire leurs importations de blé. Ils préfèrent incorporer de la farine de riz produite localement plutôt que de blé. Quant à l’Égypte, l’importation de 1,2 Mt en décembre devrait couvrir les besoins jusqu’en juin.
Vers une nouvelle donne du marché céréalier
La réduction de ces importations impacte surtout les principaux exportateurs. Les deux principaux pays concernés, la Russie et l’Ukraine, doivent composer avec ces conditions de marché. Or, en Ukraine, la baisse des exportations prévues en 2024 pourra se satisfaire de ce marché. Du côté de la Russie, la production 2024 est en retrait par rapport à l’année précédente. Malgré tout, le pays table sur plus de 42 Mt à l’export. Quant à la France, elle table sur 3,4 Mt d’exportation de blé tendre vers les pays tiers. Alors, la baisse des importations des acheteurs aura un impact limité sur cette campagne. Une interrogation demeure sur la périodicité de cette nouvelle donne. Pour certains analystes, le changement actuel augure d’une modification du marché sur le long terme.